Incompréhension

vengenz

Andy était un garçon sans problème. De façon général, il avait toujours été bon à l'école. C'était un peu la seul condition de ses parents pour qu'il puisse faire ce qu'il voulait. Et c'était le cas oui. Premier de sa classe, le garçon faisait plein de sports divers et variés, il faisait du basket, du foot, du tennis et même du karaté. Quelque peu hyperactif, il n'avait pas le moindre problème avec les autres élèves de sa classe. Il était même ce que l'on pouvait qualifier d'enfant populaire. Il n'avait pas beaucoup d'ennemis et les seuls qu'il avait étaient bien gentils. Il avait beaucoup d'amis et du haut de ses seize années, il sortait souvent la journée avec eux. Pas le soir, en règle général, puisqu'il pouvait toujours compter sur ses parents pour l'empêcher de sortir. Oh bien sûr, il ne leurs en voulait pas, parce qu'il ne s'agissait pas d'une envie de le punir d'une quelconque façon. Le simple comportement de deux parents aimants leurs enfants, de façon peut être un peu trop excessifs, parfois.

Deux semaines s'étaient écoulées depuis qu'il avait perdu un ami. Un accident de scooter banal, ôtant la vie à un adolescent de seize années. Quelque chose qui sembla grandement perturber l'enfant. Quoi de plus normal après tout. La mort n'étaient pas vraiment dans l'esprit des jeunes, ils pensaient surtout être invincibles. Une chose que Andy pensait aussi et la mort de son ami le ramena sur terre de la façon la plus violente qui soit. Bien que cela ne soit pas si flagrant que ça, on sentait que quelque chose s'était brisée chez lui. Bien qu'il fasse tout pour le cacher et pour faire croire autour de lui que tout allait bien. Il ne voulait pas inquiéter ses proches, il ne voulait pas non plus avoir à être contraint d'aller chez le psychologue pour une raison x ou y. Il ne voulait pas avoir à parler, avoir à donner son ressenti sur ce qu'il s'était passé. Et pour être parfaitement honnête, disons surtout qu'Andy avait voulu oublier. Un peu. Il refusait de penser à son ami disparu, il refusait de croire que c'était arrivé, dans sa tête, il allait le retrouver à la rentrer.

Peut être que c'est là qu'il a commencé à avoir des idées de plus en plus étranges. Voilà que ses jeux vidéos se mettaient à prendre une plus grande ampleur, voilà qu'il se mettait à s'identifier dans les films qu'il adorait. Il s'imaginait à la place de ce tueur à gage, de ce Hitman. Il se voyait dans le rôle de Monsieur Brooks, vivre une double vie, homme d'affaire et tueur à gage. Oui, il se voyait bien capable de tuer des gens. Même s'il n'était pas vraiment encore capable de faire la part des choses entre le bien et le mal. Du jour au lendemain, le gamin qu'il était avait disparu, il s'était mis à être un peu en retrait, il avait changé. Il n'allait plus en sport. Oui, pendant les vacances d'été, il y en avait moins mais il n'y allait plus du tout. Il mentait à ses parents, il disait que oui, il disait qu'il s'y rendait mais il ne faisait que errer dans les rues, ici et là, sans but, sans raison.

Il rencontra de jeunes délinquants, avec qui il se lia d'amitié. Des adolescents qu'il n'aurait très certainement jamais fréquenté avant. Il était incapable de dire pourquoi, en plus de ça. Voilà qu'il les trouvait intéressant. Il se mit à les fréquenter, à disparaître la journée, à se détacher du cocon familiale. Il se mettait à répondre à la maison, il n'était plus le même, il avait changé.

C'est le passage de la grand mère, à la maison, qui mit la puce à l'oreille de ses parents. Voilà qu'Andy lui faisait peur, lui qui avait toujours été son préféré, auprès de qui elle se plaisait à passer du temps. Mais voilà qu'elle ne traînait plus avec lui, pire que ça, elle le fuyait. C'était assez bizarre, pour des parents qui n'étaient pas habitués à ça. Surtout que le jour où ils lui posèrent la question, sa réponse fut drôlement étrange :

«  Je ne sais pas ce qui lui est arrivé depuis la dernière fois que je suis venue. Mais il est différent. Il me fait peur. Vous avez vu son regard. C'est le regard de quelqu'un de dérangé. Il n'est plus mon Andy ».

Une réponse vraiment bizarre, venant d'une femme pleine de principes, qui ne s'arrêtait jamais au physique d'un individu pour faire sa connaissance. Non, vraiment pas le comportement qu'elle avait d'ordinaire. Mais que pouvait-on y faire, si ce n'était l'écouter. Elle partit d'ailleurs. Elle ne put rester davantage dans un foyer où elle ne se sentait pas en sécurité.

Andy, lui ne se rendait de compte, on ne lui disait rien à lui, on n'osait pas le blesser, alors on refusait de lui faire part de ce genre de chose. Bien sûr qu'il avait changé, bien sûr que ses parents s'en étaient rendus compte. De là à en faire toute une histoire, il ne fallait pas non plus exagérer. Le jeune garçon avait seize ans, il était, en plus de ça, en pleine adolescence et il était normal qu'il soit du genre à être légèrement instable et contre l'autorité, c'était comme ça pour tous les adolescents, de toute manière. Il ne faisait que suive les autres adolescents et le fait qu'il puisse, en plus, avoir de mauvaises fréquentations, ne permettait pas vraiment de plaider sa cause. Mais que dire de plus, à part que d'une certaine façon, il n'était encore qu'un enfant ?

Cette soirée avait plutôt bien commencé pour les enfants de la famille Follet. Après tout, puisque leurs parents étaient sortis, ils se retrouvaient tout seuls, entre eux et ils n'avaient pas la moindre raison d'avoir à respecter les règles de la famille. Pour les jumeaux, déjà, c'était assez clair, ils allaient jouer à la console toute la soirée. Et pour ce qu'il en était de l'aîné, il allait enfin pouvoir choisir le programme de la télévision. La soirée se passait tranquillement, ils avaient même le droit de commander des pizzas pour le repas. Si ça, ce n'était pas la belle vie ! En tout cas, pour des jeunes garçons, c'était clair que si.

Et tout se passait dans le calme, pas un bruit, si ce n'était le son de la télévision, ou les rires des jumeaux. Et quand, enfin, les parents décidèrent de rentrer, il était minuit passé et la maison tenait encore debout ! Une plaisanterie de la part des adultes, quand on laissait des enfants tout seul, ça se passait toujours mal soi-disant. Mais ce n'était pas le cas avec ces trois là. De vrais petits anges. Ils décidèrent même de recommencer le weekend prochain. Ils permettraient à Andy de ramener des amis, s'il le souhaitait. Un large sourire se dessinait, bien sûr, sur les lèvres de l'adolescent quand ils se mettirent à dire ça. Le pied quoi ! Il avait déjà les noms en tête, et il avait même, déjà envie d'appeler ses amis. Mais il se retint, il ne fallait pas aller tro pvite après tout.

Il était donc maintenant l'heure pour toute la famille d'aller se coucher. Les jumeaux y allèrent quand même en râlant, ils n'en avaient quand même pas eu assez, c'était toujours comme ça avec les enfants, de toute façon. Mais ils finirent quand même par aller se coucher, heureusement d'ailleurs, une crise n'était pas vraiment nécessaire ici. Au bout d'une heure, il n'y avait déjà plus de bruit dans la maison. Tout le monde semblait déjà dormir.

Tout le monde ? Non, Andy semblait pris d'une insomnie. Le temps passait, encore et encore et voilà qu'il allumait son Mp3 pour écouter un peu de musique. Il n'était pas fatigué, il n'avait pas envie de dormir maintenant alors il était là, à tourner en rond. Il finit même par se lever, par descendre dans le salon avec dans l'idée de se remettre devant la télévision. Il n'avait rien d'autre à faire et si ça se trouvait, le sommeil ne viendrait pas cette nuit. Ca arrivait oui, de temps en temps, qu'il soit pris d'insomnie et qu'il ne trouve pas le sommeil, cette nuit ne ferait pas de trop grande différence, de toute évidence. Il était trois heures du matin et puisque le sommeil ne semblait toujours pas pointer le bout de son nez, les choses ne risquaient pas d'aller en s'arrangeant. Tant pis, demain, il serait un peu fatigué mais que pouvait-il bien faire d'autre. Il détestait prendre des médicaments pour dormir, il trouvait ça horrible donc du coup.. Il comptait attendre de voir si le sommeil allait finir par se faufiler, ne serait-ce qu'un peu, mais on ne pouvait clairement rien promettre bien sûr. Ce n'était pas comme ça que cela marchait, quand on ne trouvait pas le sommeil.

Ce qu'il se passa ensuite.. Tout est sombre, à l'heure actuelle. Personne ne sait ce qui a bien pu le pousser à faire ça, ce qui lui est passé par l'esprit. D'ailleurs, lorsqu'on lui demande, il répond qu'il n'a pas fait exprès, qu'il ne voulait pas, ce genre de chose. Des réponses étranges, déplacées et incompréhensibles aussi. Des choses drôlement bizarres. Il dit qu'il ne voulait pas, que c'est comme si quelque chose venait de s'emparer de lui et qu'il n'a pas été en mesure de contrôler quoi que se soit. C'est à n'y rien comprendre oui, mais ce n'est pas non plus comme si on pouvait y faire quelque chose. C'est arrivé. Alors maintenant, il est clairement trop tard pour en dire quelque chose ou même pour se dire que tout ça est incompréhensible.

Alors qu'il ne trouvait pas le sommeil, Andy s'est baladé dans la maison, s'est arrêté devant le râtelier pour y prendre le fusil à pompe. Un Winchester, si on désire entrer dans le détail, d'ailleurs. Il s'est alors dirigé vers la chambre de ses parents... Puis celle de ses frères... Personne ne sait ce qui lui a prit. Mais une chose est sûr , quelque chose est arrivée en tout cas. Et quoi que l'on puisse en dire, cela a définitivement changé la vie de la famille Follet.

Puisque ce jour là, de sang froid, il a tué toute sa famille.

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