Incompréhensions

Et tu ne comprends pas pourquoi on ne cesse de faire la fête ? Pourquoi on plonge dans nos bières à s'en noyer l'estime de soi ? Pourquoi on caresse la lie de la musique à s'en faire péter les glandes lacrymales ? Nos lèvres violettes à la douceur des grappes d'un Pécharmant ? 

Alors comme ça, tu ne comprends pas ? Tu n'entends pas les rires qui se jouent aux fonds de nos gorges ? Les amours éphémères qui se baignent dans la prunelle de nos yeux. Tu ne vois pas les caresses de nos mains qui se posent sur l'espoir de nos mots ? Alors comme ça, tu ne nous comprends pas ? Et tu ne nous entends pas, les oreilles pleines de tes peurs ? 

Pourtant, on le sent nous, ton front perlant à la sueur de ton intolérance. Tes paumes moites d'un avenir que tu nous as assombri. Le dos courbé sous le poids de ton emploi que tu ne peux pas quitter. Que tu ne veux pas laisser. La mort au bout de la langue et le doigt posé sur la gâchette du "Taisez-vous" !

Et on le ressent nous, toute l'amertume de tes années passées à attendre. Dans l'ombre des conventions que viennent tes récompenses. Le monde que tu t'étais imaginé. Pour toi, pour eux et même pour nous. On le touche nous, ton corps tremblant dans les couloirs du métro de tes ambitions. Le doigt sur la couture de tes aversions. On est capable de faire semblant. De ne pas voir. De ne pas t'en vouloir. Mais pour combien de temps ?

Et tu ne comprends pas pourquoi on ne veut plus de ton monde ?