Indéterminé(e).
odeanox
S'il fallait me définir.
En réalité, j'ai un peu de mal.
Mon corps est fille. Il est cisgenre, comme on dit : je suis néE ainsi, ça me convient très bien. J'ai cette chance absolue de n'être pas en conflit avec lui, de l'accepter en joie et volonté. Je ne dirais pas que je l'adore, je râle dessus comme tout un chacun, mais au moins je l'aime.
Mes vêtements, féminins aussi. Simplement parce qu'ainsi, je suis bien. Virevolter en jupe, faire de la danse classique, les cheveux les plus longs au boulot, bref des trucs de fille. Même si des fois, je lorgne et j'envie un peu l'androgyne, la butch. Sachant que non, mon identité, c'est celle-là : la fille aux cheveux longs qui porte du rose et passe des heures à se faire le vernis, cliché.
C'est à l'intérieur que c'est plus compliqué.
Déjà, je ne sais pas qui j'aime, et ma tête me répète mais pourquoi devrais-je choisir. Les gens me cataloguent bi. Je réponds que non, que je suis plutôt rien. Tout dépend du moment, de l'inspiration, et surtout de la personne qui déclenche le clash coeur. J'ai flashé tant sur de gros machos que sur les nanas les plus féminines qui soient. En réalité, tout ça dépasse jusqu'à l'identité sexuelle, de genre : c'est juste ellui, ce qu'ille est, ce qu'ille dégage, ce qui fait qu'ille est en vie. Bon, d'accord, dans la majorité des cas, la personne, même masculin cis hétéro, avait en elle un truc de fille, là aussi. Mais des fois, même pas.
Et dans ma tête, mazette. C'est vraiment le bordel. Je ne me sens ni fille, ni garçon. Je n'arrive pas à savoir. Je ne sais pas : c'est quoi, être une fille ou un garçon ? Est-ce que ça existe vraiment ? Là aussi, tout dépend : l'instant, la journée, la seconde parfois. Je varie parfois tellement.
Reste que j'ai pleuré de joie quand, sur Facebook, illes ont enfin permis qu'on choisisse autre chose que le binaire, qu'on puisse s'inscrire dans un ni femme ni homme jouissif et libérateur. J'ai mis "aucun", et même ça, ça ne suffisait pas. A-t-on vraiment besoin de ça, subir une définition ?
Je suis juste bien, tellement bien comme ça. IndéfiniE, ni femme ni homme, jusqu'au nom choisi.
J'espère qu'un jour on n'aura plus de carte d'identité. Avec un prénom parfois à la con, une date de naissance qui ne veut rien dire, sauf qu'on va de plus en plus vers mourir, un lieu qu'on a quitté depuis longtemps, et surtout, surtout, un sexe qui ne regarde personne et qui se révèle parfois un carcan. Des trucs qu'on n'a pas choisis.
L'humanité est compliquée. Ne peut-on accepter qu'elle le reste, qu'elle le soit, et qu'on se foute complètement du reste, des catégories ?
Libérons-nous.
Brûlons nos cartes d'identité.
Devenons ce que nous voulons être, pas ce que les autres ont décidé pour nous.