Indic sans pudeur
Jean Claude Blanc
Indic, sans pudeur
Tu glandes dans la rue, coolos le matin
Y'a un péquin moyen, qui te poursuit partout
Tu t'es pas aperçu, que c'est un faux témoin
Fouille merde, son métier, indic pour fous jaloux
Filature en tout genre, marqué sur son échoppe
Détective privé, en douce te filoche
Fait pas la différence, argent propre, argent sale
Société collabo, dénonçant l'anormal
Ne ressemble à personne, mais la tronche de tout le monde
Se noyant dans la masse, sans masque, ni préjugés
Consciencieuse cette taupe, tapie dans son terrier
Elle pue la trahison, mais sa tête est féconde
Informateur discret, pour nénette cocufiée
Et même en sens inverse, ça le dérange pas
Il se fait de la gratte, sur les couples avariées
Rapace à l'œil vif, pour plonger sur ses proies
Quand on était gamins, lorgner, on aimait bien
Par le trou de la serrure, de la salle de bains
Fiévreux adolescents, on décryptait les gestes
De la grande sœur à poil, qui se lavait les fesses
D'autres sortes d'espions, se sont pointés depuis
Toujours le grand frisson, à l'affût dans la nuit
Fouiller dans les poubelles, c'est pas très glorieux
Mais ne peuvent s'en passer, tellement sont curieux
Les plus calés apprennent le rôle de l'intrus
Flicage des entreprises, un grade au-dessus
Munis de leurs bagages, magnéto, longue vue
C'est un boulot à risques, le risque du ridicule
Regrette Sherlock Holmes, ce lord raffiné
La loupe au coin de l'oeil, courtois, flegmatique
Les nouveaux détecteurs, sont souvent débraillés
Le par-dessus froissé, de Colombo, les tics
Le plaisir est gâché, plus de mystère jamais
L'english, lui, cogitait, le sens de l'éthique
Aujourd'hui, les voyeurs, ne pensent qu'avec leur bitte
Assistants de justice, en fait, rapportes paquets
Eternelle question, celle des droits de l'Homme
Pas beaucoup de pouvoir, sur la démocratie
A grands coups de décrets, pourtant on nous sermonne
Passent à travers les mailles, les malignes souris
Victime ou usager, ne faut plus se gêner
Quand on sonne, il répond, le détective privé
Faut lui filer des chèques avant de commencer
Même si c'est un échec, toujours ça de gagné
Moi, j'en étais resté, aux histoires de cocus
Du type propre sur lui, trompé par sa morue
Théâtre, vaudeville, qui amuse les benêts
Car la réalité est bien plus gratinée
De simple indicateur jusqu'à agent secret
Il n'y avait qu'un pas, à l'aise, l'a franchi
Ambition et succès, on connait les méfaits
De l'ombre des maris, passé chasseur de primes
Une espèce de James Bond, soudainement parait
Maniant l'électronique, un as de l'ordi
Indiscrétion d'usage, à l'écoute des on-dit
C'est tout un sacerdoce, confesser perroquets
Certains, les plus zélés, mais sages comme des images
Lucides philosophes, se transforment en vengeurs
Et c'est bien malgré eux, deviennent tueurs à gages
Préfère railleurs à gags, mon arme de déconneur
D'autres quittent le métier, pour écrire leurs mémoires
Car à leur tour, bernés, tombent dans le désespoir
Quand aller au bureau, ça rappelle la maison
Mieux vaut changer de job, entrer en religion
Même les plus fêlés, ont dépassé les bornes
Cachés dans le grenier, le placard à balais
Se sont faits dégommés, par l'autre bête à cornes
Ils trainent à la sécu, en invalidité
L'artiste pas indic, seulement dénonciateur
Des mœurs de la cité, société anonyme
Les manies, les roueries, inspirent les auteurs
Les confient prestement à leur journal intime
Demain, faisant vos courses, vous allez repenser
A mon histoire d'indic, cette fois pour de vrai
Vous posant la question, du lard ou du cochon
Dans cette foule dévoyée, où c'est qu'il est l'espion
Notre langue française, riche en qualificatifs
Que l'embarras du choix, pour désigner l'artiste
Aujourd'hui c'est l'indic, qui est dans mon viseur
C'est à chacun sa peine, de subir mes humeurs
Y'a des métiers ingrats, même à coucher dehors
Délecte mes lecteurs, en enquêtant les morts JC Blanc mai 2014