Inégale

eaurelie

C'est le premier été depuis longtemps où j'ai réellement le temps. Le temps de penser, le temps de savourer, le temps de me souvenir. L'été est, pour le moment, associé à une seule personne. J'espère que çà va changer dans les mois à venir pour que l'année prochaine, une nouvelle tête d'affiche se mette en place. Je suis décidée. Plus qu'avant. Bien plus qu'avant. Parce qu'on passe des entretiens, qu'on choisit nos vies, nos années prochaines à passer. Où, comment? Mais, malgré ce challenge qui me tord le ventre et me chatouille les côtes en même temps, j'ai le temps. Le temps de prendre soin de moi, le temps de sortir, le temps de respirer, le temps de regarder. Le temps de rire, de laver à grandes eaux. De souffrir de la chaleur aussi. Mais j'ai le temps. Les premiers temps de chômage sont comme une immense bouffée d'air frais. Il s'agit là de leur trouver un avantage. Loin de moi l'idée de rester dans cet état larvaire très longtemps. J'ai envie de challenges. D'une nouvelle ville, d'un nouveau rythme. D'un nouveau statut.

Alors, oui, aujourd'hui, étouffée de chaleur, submergée d'odeurs connues, je me suis souvenue de lui. Je me suis imaginée les volumes de son histoire que je ne connais pas. J'ai parfois un peu perdu le drapeau blanc. çà râpait dur sous la dent, çà grinçait pas mal. Mais c'est fou ce que l'on peut s'imaginer quand on a du temps. J'ai relu des textes ici. Parfois très durs et pourtant très vrais. Mais des fois, je me demande si on pourrait se revoir. Si on pourrait repasser la frontière ensemble. Si on pourrait prendre un apéro rapide sur le balcon de la chambre 29 de l'Arola. Je ne sais pas.

On a grandi depuis. Il a fait sa vie de son côté. J'ai fait la mienne, du mien. J'ai passé plus d'un an dans ce pays où on s'est retrouvé pour la première fois (inconsciiiiience quand tu me tiens). De l'eau a coulé sous les ponts. Vraiment beaucoup. Et aujourd'hui que l'enfer est derrière moi, que je sais plutôt qui je suis et ce que je veux faire de ma vie, je me demande positivement si on se reverra un jour. Le monde est grand, c'est sûr. Mais il existe certaines hasards qui n'en sont pas.

J'attends de voir si un de ceux là croisera notre route en même temps.

En attendant, j'ai envie d'aller au Sud avec mes parents. çà fait trop longtemps que je n'ai pas profité de cette maison.

  • Non. Non, la réponse est non. On ne pourra jamais se revoir. Ni se reparler. Ni rien. Non. Tous les axes ont rompu. Trop de vie a été vécue. Trop de certitudes se sont forgées. Trop de constructions se sont faites. On est plus orientés dans le même sens. Mais la base, la vraie, celle qui nous a lié aussi fort l'un à l'autre, reste. Et semble conduire nos vies. Et c'est le plus important. Le vital.

    · Il y a presque 9 ans ·
    Imga0154p

    eaurelie

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