Infranchissable distance

alison_pi

L'insolite est détruit par l'accoutumance des regards traduisant leurs incertitudes persistantes. Le désir de demeurer cet être singulier s'accompagne d'une honte, celle de manifester une singularité.
La distance intérieure, hautement insolite et symbolique s'enrichie  tout au long de l'ontogenèse des individus.
Cette distance s'élargit dans la solitude et le silence, selon le reflet de l'expression du moment.
A cela s'ajoute la perception du temps, celle qui  définit le métabolisme physique et le processus mentale, celle qui se conceptualise sous l'influence d'autrui.
C'est alors que la perception se conditionne par rapport au conformisme dominant.  


Les jours se précipitent, le temps s'accélère.
On s'accoutume à l'intégrité désespérante que l'on ne peut vivre heureux indéfiniment.
On se résigne à ce qui ne peut être évité, ou dévié.
Ainsi l'incertitude naît.
Une zone de solitude demeure entre soi et les autres.  
Tantôt la distance est si faible que l'on ne peut se connaître. Alors on devient brève en un instant. On se reconnaît dans les autres, on se ment et se manque à soi-même.
Tantôt la distance est si incommensurable que l'on ne peut se retrouver dans tant d'incertitudes. Alors on devient absent à soi-même.
Pourtant, dans un cas comme dans l'autre on ne choisit pas son rôle. On articule le plus souvent un contenu singulier dans un registre comique et chaotique.
Sans arrêt,  se répète une pièce absurde dans laquelle les scènes s'enchaînent dans l'évidence des causes à effets.
Devant ces farces et cette tragédie, une latence intérieure retentit.
On se laisse emmurer, emprisonner par des préjugés. 

Le conformisme resplendit aux éclats des hallucinations collectives, entre l'éclaire et le tonnerre un précoce désenchantement terni l'éclat de notre finitude pour finalement démasquer le destin qui émane devant soi.

"Grandir entre les intervalles du sommeil,  sombrer et se raccrocher comme on peut aux heures de veilles." Kafka, la peur de l'absurde. 

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