INSENSIBILITE DU QUOTIDIEN ?

makara

un oeil qui tique

Je suis un œil, comme disait Vertov. Un œil qui tique. Un œil toqué.

Tic/Toc

Iris bleuâtre qui attire la lumière mais ne la projette jamais.

Pupille trop peu dilatée,

Prunelle sensible constamment agressée.

Le quotidien a rendu mon œil apathique, se perdant constamment  dans  l'immensité décolorée.

Il n'est qu'un globe vitreux, neurasthénique.

Enlève donc la poussière et les cendres qui obscurcissent ma vue.

Balaye, si tu peux cette grisaille de mon regard.

D'où vient cette anesthésie optique ?

Insensibilité quotidienne ? Non, c'est trop simple.

Allez laissez-moi voir, rien qu'un instant.  J'ai trop longtemps délaissé le présent. Il me faut de la lumière.

Je veux retrouver l'ivresse des couleurs, la chaleur enivrante de la vie et les vertiges solaires.

Mais je ne vois pas mieux. Je ne vois pas plus, même à travers le prisme de l'appareil photo.

Subitement cyclope, je m'évertue à retrouver l'essence de l'instantané.

Clip/clop.

C'est trop tard. L'image a perdu  de son charme, toute sa beauté fond, se désagrège dans la nuit et le bruit.

Et moi qui pensais que la machine m'aiderait à retrouver la vue. J'avais tort. Il n'en est rien.

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