Insomnie

cdbprod

Discours intérieur.

Encore une insomnie, encore quelques gouttes de ma nuit qui passent à la trappe, s'échappent. Mon cerveau erre au gré de mes pensées. S'il acceptait de m'oublier juste le temps d'un soir, s'il daignait me laisser en paix pour une douzaine d'heures, si seulement il osait, ah les beaux rêves dont je me souviendrais.
Mais mon esprit facétieux et torturé n'est pas de ceux-là. Il aime à se rappeler à ma mémoire. Il aime se faire entendre au milieu de la pénombre quotidienne, malin et sournois avec un ce petit sourire qui le caractérise dans ces heures matutinales.

Tiens, puisque tu es réveillé tu voudrais pas réfléchir avec moi ? Je ne dors pas et je voudrais que de concert, nous nous projetions dans le tissage de nos vies potentielles. Allez accepte, tu ne dors plus de toute façon. Je le sais, j'ai eu le temps de t'observer depuis que je suis réveillé. Et puis seul je m'ennuie et dans quelques heures tu seras reparti. Ton travail t'accapare, la moitié de la journée au moins et quand tu rentres, tu dis que tu es fatigué que tu voudrais ne plus penser... Tu es injuste, moi et les soucis, on s'inquiète. On voit bien que tu veux nous abandonner. La crise de la quarantaine disent les magazines spécialisés.... Je vais t'y mettre moi en quarantaine tu vas voir. Fini les potes, fini les sorties, le cinéma. Tous les soirs nous les passeront ensembles. Je veux bien te laisser tes journées, trop consciencieux que tu es, tu les passes à bosser. Je ne suis pas jaloux tu ne peux t'amuser.

Écoute esprit, tu m'ennuies. Tu m' obliges. Va faire un tour, prendre l'air. Emmène avec toi les galères. Tu ne fais que te plaindre et attends de moi tout ton salut. Tu bouges dans le lit et m'empêche de dormir. On dirait un enfant qui pleure pour essayer de ne pas sombrer. Mais la vérité est là : tu es fatigué. Arrête de gesticuler. Détends toi ça va bien se passer. Et quel est ce chantage odieux que tu me fais ? Tu veux me prendre en otage ? Tu files un mauvais coton. Continue comme cela et j'appelle la masturbation. Et si tu ne te montres pas plus sage, au pire demain j'inviterai la médication.

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