Insomnie

Tic Tac. L'heure tourne. Tic Tac. Le temps tourne en rond. Cloitrée entre quatre murs, abasourdis par l'obscurité entre rêve et réalité, étouffée par l'air pesant entre deux inspirations vides. J'attends. Pourquoi me coucher si je n'ai aucune raison de me lever ? Je suis exactement à l'endroit où je suis censée être. Le vide. Les yeux ouverts, je fixe l'inexistant. Je me laisse lentement glisser sans jamais tomber dans les bras de Morphée. Je ne veux pas rêver, je veux évaluer la réalité. D'ici je deviens omnisciente et je la vois. Elle. Elle me suit partout dans l'ombre. D'ici je la distingue très nettement : l'épée de Damoclès qui loge au-dessus de ma tête. Je la vois glisser, m'érafler, me blesser. Je me vois tomber, me relever, l'éviter. Je cours sans me retourner. Mais le sol que foulent mes pieds est composé d'une marée d'œufs. J'en casse beaucoup trop sans y prêter attention. Je sais que j'en paierais le prix avant même la fin du parcours.

C'est moi qui respire aussi fort ? Je ne pourrais pas passer ma vie dans ce lit. Il faut que je trouve ma place dans la société avant que mes insomnies aient raison de mon esprit. J'en ai assez de me battre tous les jours. Je n'ai pas déclenché la guerre, je n'y participerais pas.

Demain je me lèverais, je jetterais tout ce qui n'a plus sa place dans ma vie. Demain, Je me lèverais du bon pied pour enfin marcher droit. Je n'ai rien à prouver à personne, je dois vivre pour moi. Demain matin, je ferais mon sac, demain après-midi je serais partie. Je sais où je vais aller. Là où tout a commencé. Je sais que mes grands-parents m'attendent. Je sais qu'ils m'aiment. Je partirais avec mon petit frère, la personne qui compte le plus à mes yeux. Ne venez pas me chercher, n'essayez pas de me contacter. Je dois me retrouver et seul Dieu sait si je reviendrais.

Une dernière nuit. Une dernière nuit d'insomnie avant de récupérer ma vie.