Inspiration pastorale

bemol

La page est vide, lisse et claire :

ni bleu, ni noir, aucune ombre de perle.

Le désir est brut comme l'argile,

aucune ligne ne se dessine dans l'air…

Les pensées, les mots et la main hésitent,

le nez frémis son antre bleu et confus,

la terre est patiente, la forêt touffue…

L'impatience, l'envie, le cœur s'agitent…

Il faut le choix d'une lettre,

non une consonne,

mais une voyelle…

La voyelle est plus fluide,

plus simple…

un souffle

sans trop de lèvres ni de langue,

une lettre qui annonce les couleurs,

le ton à venir...

a e i o u a e i o u a e i o u

est une bonne gymnastique

pour la bouche et l'oreille…

a e i o u a e i o u a e i o u

est aussi de bon conseil,

une jolie inspiration aquatique…

Ça coule tranquillement dans les veines,

ça se love doucement autour de l'ADN…

Un filet de voyelle…

un filet sans Y…

i grec a trop de caractère,

c'est une semi-voyelle qui cache un mot,

une lettre qu'on pourrait épeler,

et qui ne supporte aucun accent,

ni grave,

ni aigu,

ni circonflexe,

ni tréma… (sauf sur ses bulles)         

Il faut juste une simple voyelle,

avec un H et son soleil s'il le faut…

sa cathédrale, son esprit, son eau

vibrante d'une tonalité nouvelle.

Mais les sons manquent parfois d'air,

de portée, d'inspiration… reste alors l'H

Sa lumière tranche ce qui se cache

et éclaire la forêt, blanche comme l'hiver…

Et entre le plafond et le plancher,

avec tous les coins,

je vais abattre

puis couper,

ébrancher,

enœuter,

rainer

et choisir le bois de grume…

Le meilleur merrain pour Bacchus,

du bois de coupe pour baraquer,

les branches sèches pour le foyer,

et tout ce qui reste pour l'humus…

Je gardera le houppier et son horizon

pour ses rencontres, ses souvenirs,

et il me dira les muses, les satyres,

les dragons, le phœnix… et l'imagination.

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