Invasion

mocr4zysmile

Mon texte de participation au Défi n°42 du forum d'écriture "Jetez l'Encre". Couverture by http://eintoern.deviantart.com/

Seul le bruit sourd et régulier des pales de la ventilation troublait le silence pesant qui régnait autour de nous. Même la plus jeune de notre petit groupe avait apprit à pleurer en silence, car la peur, malgré son horreur, ne pouvait être pire que ce qui nous attendait à l'extérieur. Nos ventres eux-même avaient cessé de crier leur famine en d'inutiles et dangereux gargouillis, car nous ne sentions plus la faim, comme nous ne sentions plus nos muscles, recroquevillés que nous étions depuis ce fameux jour, dans l'espoir futile de survivre un peu plus longtemps.  Les soldats en armure blanche avaient débarqués peu après que les sirènes de la guerre avaient commencé leur chant strident. Mon père m'avait poussé dans le conduit d'aération avec mon petit frère, m'ordonnant violemment de ramper le plus loin possible, le plus vite possible, le plus silencieusement possible... Nous avions obéis, et nous étions terrés l'un contre l'autre dans l'alcôve la plus petite et la plus sombre que nous avions pu trouver.   Quelques minutes, une éternité plus tard, les enfants de nos voisins nous avaient rejoins. Nous étions plus d'une douzaine à jouer dans les parties communes à l'époque où le soleil n'était pas caché par la flotte sombre et grouillante des envahisseurs. Seuls trois avaient pu se joindre à nous dans les ténèbres sales et humides de notre espoir, je priais depuis pour que d'autres en réchappent...  



 Seul le bruit sourd et régulier des pales de la ventilation troublait le silence pesant qui régnait autour de nous. Jusqu'à ce que les voix se mettent à résonner dans les conduits. Elles n'étaient ni voix d'homme ni voix de femme, mais plus comme un murmure, une illusion, comme si la Mort elle-même avait entendu notre détresse, et souhaitait nous confier son enfant la terreur avant de nous inviter chez elle. Je pressait mes mains sur la bouche de mon petit frère, pendant que ma voisine faisait de même sur ses deux sœurs. Je devinais dans la pénombre qu'elle-même se mordait les lèvres pour ne pas succomber, ne pas nous trahir, ne pas laisser ses tripes hurler leur angoisse. Je faisais pareil et la sueur commençait déjà à couler désagréablement le long de ma nuque, cherchant à m'arracher le frisson ultime qui me ferait craquer.   Les voix portées par l'écho des conduits enflaient, se rapprochaient, comme un nuage de sons toxiques s'insinuant en nous, dans nos têtes et dans nos peurs, pour les faire grandir, battre nos cœurs plus vite, plus fort, nous engloutir sous leur menace et tenter de nous faire crier, enfin. Les sanglots aigus et légers de la plus jeune résonnèrent étrangement dans notre petit bout de conduit, et sa sœur la serra fortement contre elle dans l'espoir fou qu'elle puisse reprendre le contrôle de ces soubresauts de terreur. L'écho était un traître et nous ne pourrions fuir si l'un de nous était découvert...   



 Le silence revint peu à peu, seul le bruit sourd des pales de la ventilation troublait le silence pesant qui régnait autour de nous. Dans un état de semi-conscience, j'eu l'horrible impression que les rotations de la ventilation proche se mettaient à ralentir. Si elle devait s'arrêter totalement, l'air ne serait plus renouvelé dans les conduits, et nous pourrions en mourir sans même nous en apercevoir... 

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