Ipséité...( 1' )

Jean Marc Frelier


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Passée du ventre à la nuit

le vide avait mangé ses yeux

parce qu'elle ne voyait pas

je devenais les siens

parle-moi des couleurs

de toutes leurs nuances

je voudrais à travers toi

les ressentir

invente-moi des gris

qui soient bleus verts rouges

des poussières scintillantes

dessus l'éventail invisible

du jour émergé

je veux savoir la cendre sombre

de tes éblouissements

devant les ciels qui miroitent

fais-moi du chant bariolé des fleurs

tout un crescendo noir

est-il vrai que les arbres sont peints

que les oiseaux s'habillent

que le blanc n'existe pas autrement que neige

Harphang colombe et perdrix

quelque part peut-être

ours ou cheval

si la craie l'est aussi

si l'écume s'en dérange

le lis l'insecte la baleine opaline

raconte-moi l'irisation limpide

comme les transparences

des pastels qui saturent

surtout ne m'épargne pas les frissons de l'hiver

ni la boue remuée

ni les carmins oxydés

du sang si vainement répandu...


jean-marc frelier 09/01/2019 (ev)

“ dynamiques du vide “

copyright exclusif

Dédicace : M. Paul Celan

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