Isotropies...( 377 )

Jean Marc Frelier


Etude...(91)

Majorana (19)



Sisyphe...



Qui sait si l'on emporte rien

auquel cas je prends tout

des mots qui voient des heures lumineuses

des hauts du jour pas trop glissants

toutes les nuits de crescendo les vagues à roulettes

les arbres à songes les roches velues

plus les cafés légers ourlés d'écume

quelques velours de fleurs flapies

parce que j'aimais fort mes deux grands-mères

des oeilletons aux voilures ocres

l'estran sans brume la soie des houles

un peu du temps inexprimable

le crissement des portes sèches

la chance qui flotte entre les gouttes

tous les talus impertinents

les moires fourrures de la rivière

les moissons graves des plots mûris

le concerto si élégant des poissons-lyres

une poignée de mimes amoncelés

sur les plagiats secoués du sable

des tabourets qui dorment en équilibre

des damiers roses de peaux friponnes

la place est suffisamment grande pour ajouter

les encolures et les crinières les florilèges en veux-tu

les petits mondes inexplorés de l'encoignure

de ses doigts faims ses deux bras plumes

sans lesquels je m'ennuie pire qu'un hibou

Mais oui garçon ! t'es qu'un Sisyphe au run ouvert

une flamme tordue par les départs

un pion énième une poussière ronde yapa photo

note un peu blanche poussée trop fort

sur le clavier de son sourire

d'ailleurs même si ça a déjà été fait les animaux

par paires faut surtout pas les oublier

et ça fait bien du monde !

qui sait si l'on emporte rien d'indispensable de discordant

des terres d'enfance sous le giron bercé de sa maman

comme les amis de toute bonté qui s'crèveraient les yeux

pour que tu les voies de nouveau

par-là depuis l'espace

Arlésienne cramponne la rampe qui conduit à surgir neuf

du tohu-bohu des nuages

vacille presque toujours le feu gagne

et si tu décroches la lune t'auras jamais

qu'un gros caillou encombrant

sur les bras pas facile à caser dans son jardin

je vous ai parlé de ses mains ? non ?

ppffouhh...elles sont mignonnes comme des chatons

nés entre hier et aujourd'hui sans les poils évidemment

passe ici ta bouche graver mon masque

qui miaule sur le toi de ses rives

j'ai nagé un instant dans ses os

sans avoir nulle-part pied aucun problème en soi sous la surface

aussi je respire mais moins longtemps

si l'on emporte rien t'inquiète

pour la forme un rapide inventaire

mène aussi tout droit

au grand rêve éveillé

j'ai l'idée que les transhumances nous jouent des tours

ce ne sont jamais les mêmes qui reviennent

mais des doublures à la rémige indécelable

l'émaux l'émail emboutissent les graines ultimes

des fragments d'air saisis-moi oeil qui tourne

nappe au vent perle glabre

je n'ai pas pris ce chemin pour brouiller

la métrique de tes allures

son dense est entré en moi phréatique aérien

me crois-tu assez fou pour l'en laisser sortir

Ah...où t'as vu qu'elle ondule la zèbre ombre

des entre-deux de pleins vides viens qui veut viens qui va

les rendez-vous s'extirpent des sillons à refaire

toi tu crois pouvoir suturer un sillage invisible

découpé sur les plaies rebattues du hasard bon courage

si l'on emporte rien alors blâmons ensemble

les coeurs bien trop étroits...


jean-marc frelier 07/09/2018 (ev)

“ dynamiques du vide “

copyright exclusif

Dédicace : M. Israël Eliraz

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