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Tarsa
Donc on y est c'est bon, je l'ai largué
Enfin, je lui ai dit qu'il valait mieux que je sois célibataire, puisqu'il ne voulait pas me dire si oui ou non il disait aux autres filles qu'il fréquentait qu'il était en relation libre avec moi. Il ne souhaite même pas répondre, il est contre l'idée de devoir me "rendre des comptes", je reprends ces mots. Une façon d'envisager le couple bien étrange, on ne se doit rien. Mais donc on ne prend pas en compte les affects de l'autre. Cela compte pour moi d'être reconnue, de ne pas être une personne cachée, une femme au même titre que les autres, à ces yeux. Qu'est-ce que cela cache ? Il a peur que cela rebute certains de ces autres amours ? Alors dans ce cas c'est qu'il n'est pas sincère avec moi, je pensais que nous étions dans une relation amoureuse, une relation qui primait sur les autres, que ce qu'il avait avec moi était en quelque sorte unique.
Mais il est incapable de romantisme.
Il ne sait pas s'amuser. Le travail prime toujours, le temps de distraction est compté. Venir me voir deux semaines, juste moi… ça n'était pas envisageable. Il fallait rentabiliser le temps de présence sur place. Et donc, revoir trois amis, dormir chez eux, déjeuner avec eux au restaurant… Et revoir deux de ses ex. Faire des activités avec elles, s'offrir un bon restaurant. Et moi, je rentre le soir du travail et j'ai droit à un Charles fatigué, irrité et sur la défensive, qui s'enterre, silencieux, derrière son ordinateur pour travailler et lire des mangas érotiques. Je dois initier, toujours, des activités pour nous deux. Je dois créer nos souvenirs, trouver des chose à partager, et malgré cet effort, je suis susceptible de me faire reprocher mon manque d'égard. Astrid, je suis venu (après avoir vu Julia ton ex l'après-midi et avoir dormi la veille chez Vincent) jusqu'à ton travail (à 18h, tu n'as pas pu visiter la librairie où je travaille, alors même que tu es venu jusqu'à NYC. Cela me fait penser que tu n'es jamais venu à Arles non plus, c'est toujours moi qui venait jusqu'à Antibes) pour te faire plaisir (je ne t'ai pas forcé, je t'ai proposé de venir car c'était notre dernier soir ensemble et qu'il aurait été chouette de faire quelque chose ensemble avant ton départ) et tu sembles m'en vouloir - alors que je suis fatigué et que j'ai dû bosser dans un café pour attendre que tu aies fini ton travail (tu n'avais pas les clefs car je n'ai pas de double, il te suffisait de passer les prendre à mon travail et rentrer directement à l'appart si cela te coûtait tant de m'attendre). Oui Charles je suis saoulée, car alors que je travaillais à la librairie, j'ai proposé plusieurs sorties possibles : aller manger des pâtisseries a la Neue Galerie près de mon travail sur le chemin du retour, aller écouter du jazz dans un bar… et tu y vas à reculons, tu dis daigner me suivre au petit salon de la Neue Galerie seulement pour me faire plaisir, car toi, un bon repas à l'appart te suffirait amplement, et que tu as du travail encore à faire ce soir… et je dois être de bon humeur en voyant combien je suis délaissée et seule dans cette relation ? Mais tu es là pour un temps court, et tu dors dans mon lit ce soir. Marre que tu te comporte comme un enfant et que je doive toujours être enjouée pour deux, et tendre pour apaiser les situations tendues, que tu laisserais volontiers se tendre encore plus. Alors que tu te laisses bien porter par tes émotions. Être ronchon le dernier soir ? Renfermé sur soi-même alors que tu ne m'as pas vu depuis deux jours ? Alors que tu dors chez moi ? Que je suis ta copine ? Que tu as vu ton ex a peine deux heures avant, et que bien sûr, tu ne m'en as pas parlé une seconde ? C'est moi qui ai du deviner toute seule et te poser la question pour que tu répondes, évasif, comme si j'étais une sorte de femme hystérique et possessive.
La Neue Galerie ce soir, ça n'est pas possible, il fallait une réservation. Je ne m'en suis pas rendue compte, je travaillais. Charles bien sur ne pouvait pas s'en rendre compte, il me laisse gérer et se contente de geindre car il a froid et voudrait travailler. Mais quel connard.
Il me paternalise, pense que tout ce que je dis est un reproche. Avec lui je ne sais pas dialoguer, je ne suis pas moi-même. Je ne suis pas l'Astrid intelligente et paisible, drôle et spontanée. Je suis l'Astrid muette et dans l'attente, l'attente que Charles ai fini de travailler, fini de voir ses ex, ses amis, et fini d'être en colère. Je ne supporte plus quand il m'entoure la nuque de ses gros bras lourds et défait ma coiffure. Je ne supporte plus quand il se vante (même si, affirme-t-il, c'est du deuxième degré) d'être un élève de l'ENS et d'avoir une thèse et me dit « on ira tous entre thésards je ne sais où et toi tu ne pourras pas venir ». Non pas que cela me vexe, mais je trouve ça très irritant qu'il pense que cela pourrait avoir de l'importance pour moi. Et cet exemple n'est pas un cas isolé, il passe son temps à me figer, et préméditer mes réactions, pensant fort bien me connaitre. « Tu aimes quand ton petit papa se vide les couilles en toi ? » Plus trop, honnêtement. Tu as abusé de ta carte-papa. Ça m'excite plus, ça me dégoute. Tu me dégoute, souvent.
Et certaines fois j'ai des émotions violentes, surtout dans la distance, et alors je t'aime et je voudrais que tu me serres dans tes bras. Mais je sais que ce câlin est entouré de silence, et que derrière ce silence, il y a du confort, quelque chose de rassurant, mais aussi de l'incompatibilité. On a rien à se dire. Certaines fois j'ai l'impression d'être là pour le sexe, et c'est tout. Je veux autre chose, je veux un ami, une personne avec qui parler intensément, de tout et de rien pendant des heures, sans se lasser, sans être reprise en permanence et contre dites, dénigrée. Sans ce silence et ce dos courbé sur un écran d'ordinateur et qui me nie. Marre de tes protéines en excès, marre que tu sois si loin de moi.
Marre de ne pas savoir ce qu'on est.
Marre de chialer. Et de ne pas comprendre.
Marre de toi.
A bout de souffle, je veux me casser. J'ai peur d'être seule, de te confier nos souvenirs, de te déformer et de réécrire ce qu'on a vécu à l'aune de mon épuisement. Je suis tiraillée, car je t'aime encore.
Ça secoue des vieux comme moi, et j'adore ce style spontané, s'attacher à un être qui n'en a rien à foutre, qui n'a pas connu ça.
· Il y a presque 2 ans ·l paraît qu'on apprend de ses erreurs et de ses échecs, un piège à cons pour nous enfoncer encore plus!!!
Christophe Hulé