Jacaranda ou le puits de la femme qui avait faim d'amour
Eka Abassi
Jacaranda ou le puits de la femme qui avait faim d'amour Une femme avait tellement faim d'amour qu'un jour elle se jeta dans un puits. Le vent eu pitié d'elle et souffla si fort que tombèrent dans le rond noir et sans fond avec la femme qui se jetait un peu de ce qui avait fait sa vie: une feuille de sandragon planté devant sa maison, un plume abandonnée du nid désert des oiseaux qui étaient partis et un petit morceau d'écorce de jacaranda, l'arbre gardien qui veillait sur le puits. L'eau noire du puits accueilli la femme, l'enveloppa, la berça et la porta doucement tout au fond. Une fois sur ses deux pieds au fond du puits la femme ouvrit les yeux. Elle les avait fermé dans sa chute par peur des démons qu'elle avait fui et qui elle en était certaine la poursuivaient. Le fond du puits était si sombre qu'elle aurait pu couper au couteau l'ombre dans laquelle elle était tombée. Tout autour d'elle n'était que ténèbres. En haut elle ne pouvait voir la lune qui pourtant l'avait caressée de sa lumière quand elle s'était jetée. En bas elle ne pouvait voir la terre qui embrasait ses pieds. Elle ne pouvait non plus ni voir ni toucher, même en tendant les mains les parois en pierre du puits. La femme était seule dans son ombre. Elle avança à tâtons, hésitante, trébuchante. Elle avança longtemps, longtemps, longtemps. Elle s'étonnait de ne pas ressentir la peur qui toute sa vie de femme affamée d'amour lui avait fait craindre les démons. L'ombre à mesure qu'elle avançait sans peur s'écartait jusqu'au point où elle pu distinguer au loin une lumière. Une lumière si minuscule qu'elle ralenti le pas craignant, retenant son souffle de peur d'anéantir le seul espoir qu'elle avait désormais de sortir de la nuit. La lumière vacillait. La femme pu bientôt distinguer une bougie tremblante dans l'encadrement d'une fenêtre. Elle s'approcha, s'approcha encore et frappa à la porte. Un vieil homme était assis à sa table devant une page blanche peuplé des ombres qu'y jetaient la flamme vacillante de la bougie. La femme n'osa troubler le vieil homme et s'assit à ses côtés, regardant elle aussi danser les ombres sur la page blanche. Ils restèrent assis ainsi longtemps, longtemps, longtemps dans le silence de la nuit. Le vieil homme poussa un soupir, se leva, s'éloigna et revint avec du pain et un pichet d'eau. tu dois avoir faim et soif femme. Mange et bois l'eau du puits La femme avait faim d'amour, mais elle n'osa avouer à l'homme ce qui l'avait conduit jusqu'ici. Elle rompit le pain et mouilla ses lèvres d'un peu d'eau. Où sommes nous ? Demanda t-elle au vieil homme Femme je ne le sais pas moi même. J'avais faim d'amour et je me suis jeté dans le puits. J'ai marché, marché, marché jusqu'à trouver ici cette bougie sur cette table où je me suis assis devant cette page blanche. Soudain un bruit brisa le silence qui les avait enveloppé jusqu'ici. La femme sursauta et pour la première fois éprouva de la peur. Des roues immenses semblaient broyer les pierre du chemin sur leur passage. C'est le gardien du jour qui passe chercher les âmes égarées dit le vieil homme. Seulement il réclame pour te conduire un présent et vois je n'ai rien. Alors je regarde les ombres danser sur la page blanche dans l'espoir de trouver un sortilège et me libérer de la nuit. La femme regarda la page blanche mais ne vit rien. Elle pris la main de l'homme et se pencha avec lui: regardons ensemble peut-être trouverons nous ce que nous cherchons. Après un moment le vieil homme se releva: Je vois une feuille morte, une plume, et un petit morceau d'écorce de bois. Le vieil homme n'avait pas regardé la page blanche. Il avait contemplé la femme qui avait rompu sa solitude et lui avait pris la main. Il retira la feuille morte qui était prise dans ses cheveux, la plume d'oiseau accroché à son sein et le petit morceau d'écorce de jacaranda pendu à la ceinture de sa robe. La femme regarda à son tour le vieil homme. Il lui pris les mains et y posa délicatement comme un présent ce que le vent avait fait tombé dans le puits avec elle. La femme contempla dans ses mains tremblantes ce qui lui restait de la vie qu'elle avait voulu fuir. Elle poussa un cri tant elle fut submergée par le feu de l'amour qui d'un coup emplit tout son être. Effondrée en larmes et transie de peur et de froid, l'homme l'a pris dans ses bras. Il dit: - allons femme nous sommes prêts pour le jour.
Il y a quelque chose de solennel , comme un vieux film je sais pas, en tout cas j'aime la poésie de ce texte !
· Il y a presque 14 ans ·j00
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· Il y a presque 14 ans ·pointedenis