Jack l'éventreur et Landru

yl5

Débat

 

 Il s'agit de la transcription d'un débat entre 

Jack l'éventreur (YL5)  et Landru (ZARBI),

sans employer les lettres J et O   

Thème ; la condition féminine, contexte historique à respecter.


 

 

 

Dix femmes brûlées avec une allumette

C'est une plaisanterie, bien entendu. Rien de ce qui m'est imputé n'est vrai. Cependant, puisque quantité de quémandeurs (et pas des plus insignifiants) semblent m'estimer spécialiste es caractère féminin, il ne serait pas décent d'éluder leurs demandes insistantes.

Les femmes, puisque tel est le thème qui paraît tant inquiéter la maréchaussée et le palais, présentent (il serait vain de le nier) une parfaite figure de victimes. Elles vaquent sans entrain à des tâches sans intérêt, l'esprit (même si ce terme est peu adapté) rêveur, et s'imaginent que la félicité du septième ciel peut leur être dispensée par le premier venu. Plus elles affichent leur respectabilité, cachant leurs désirs secrets, plus elles me paraissent haïssables.
Qu'imaginent-elles ? Que leurs minauderies ridicules seraient de nature à faire perdre la tête (mille excuses, maître Deibler, la plaisanterie est un peu facile) à un mâle bénéficiant de l'ensemble de ses facultés ?
Quelle plaisanterie ! La femme est un être veule et crédule, un agneau qui n'attend que l'abattage et l'équarrissage.
Paix à leurs âmes (bien qu'elles s'en avèrent tristement démunies, si ma pensée est exacte).

Henri-Désiré Landru, château de Versailles

 

 

Cinq femmes saignées par une fine lame

 

Depuis cette guerre digne de mes meilleurs cauchemars, qui a vu tant de viriles vies virées sans virus vers les vers de Verdun, les femmes veulent s'émanciper sans se cacher.
Maintenant, en Bentley elles écrasent les cavaliers, seules elles crèvent le septième ciel avec leur manche à balai, elles fument du gris même dans la rue, sans parler de leurs cheveux et de leurs tenues, bref elles veulent devenir des vrais mâles.
Mais la grande partie de ce genre ne peut accéder à ce statut supérieur.
Ce privilège restant réservé aux filles de l'élite, aux parents dénués de lignée masculine.
En échange, ces créatures s'engageant au célibat et à la licence.
Même si le sexe élu peut réaliser l'ensemble des tâches, les premiers âges l'avaient vu se spécialiser dans les luttes, laissant à l'autre les plaisirs de la hutte et de la cueillette en attendant de cuire les fruits de la chasse de leurs maîtres.

L'éventreur.

 

De la suffragette à la cuisinière

 

La petite quantité de bellicistes qui s'affichèrent dans Hyde Park il y a plus de dix ans maintenant, n'est qu'un arbrisseau qui n'a pas à cacher la futaie. Que quelques illuminées réclament que leur avis puisse être entendu par l'État et par le truchement des urnes, cela m'est assez sympathique.
Mais la réalité est bien plus affligeante : pendant que ces suffragettes n'hésitent pas à se battre, risquant l'enfermement en crachant au visage des gendarmes et au su de la presse aux aguets, madame Smith (en France madame Martin) sert le thé à quelques amies et à cinq heures, bavardant à perte de vue sur le canapé et sur les mérites
mis en balance du tweed et de la flanelle.
La race humaine aspire quand même à de plus hauts débats, il faut me rassurer !
Insérer un entrefilet payant dans un magazine et dans l'espérance de recruter un chevalier servant, ne mérite que le mépris, et appelle un châtiment adéquat.
Que celles qui vécurent en rêvant d'un amant retenu par des appas fanés et des petits plats sans inventivité périssent par la cuisinière, il n'y a là qu'équité.

Henri-Désiré Landru, admirateur d'Emeline Pankhurst

 

 

 

Quand il y a de l'Eugène, il y a de l'Alexis.

 

Avant de revendiquer la légalité de l'égalité, à entendre les plus vindicatives, il faudrait que la gent féminine atteste d'antécédents crédibles.
Elle a bien sûr régenté, parmi les requins, le temps que quelques dauphins mûrissent, mais n'a rien cherché avant la mère Curie.
En Finlande et en Angleterre, elles peuvent depuis peu remplir les urnes, même si le bulletin n'est pas signé par un médecin légiste.
Mais le grand médecin français Alexis Carrel, aux idées admirées des Etats-Unis à l'Allemagne, et récemment médaillé par les descendants de l'inventeur de la dynamite, vient de décrire les critères permettant de régénérer la race.
Appliqué avec rigueur, la fin du siècle verrait les humaines disparaître !
Là, il faut être pragmatique et essayer de déceler chez elles ce qui légitime leur existence avant de prendre une telle sentence.

GYLE2TE

 

De la rue Saint-Vincent à Neuilly

 

Il est un peu exagéré de faire grief à la gent féminine de ne pas inventer le fil à trancher le beurre. Il serait facile à un adversaire de brandir la Pucelle (que l'Angleterre brûla, Mister the Ripper), qui sut se substituer aux guerriers absents et ainsi sauva la fesse, euh, sauver la face de la France.
Sachant qu'une telle figure flamba sur le bûcher, c'est traiter avec bigrement d'égards les gerces de maintenant que de les calciner de même manière.
Mais de là à les éradiquer de la surface de la terre, il y a un pas qu'il ne m'arrivera pas de sauter. La "Fleur de Pavé" d'Aristide Bruant, par exemple, me tire facilement quelques larmes : la destinée des filles de la rue ne me laisse pas indifférent, et suriner ces pauvres êtres sans défense (et aussi, il faut bien le dire, sans un centime vaillant) me semble inutile, lâche et facile.
Mais débarrasser les banlieues rupines de leurs replètes et adipeuses habitantes, cela ne saurait nuire à l'avenir de la race humaine, et Alexis Carrel ne réfuterait pas cette manière de penser, ce me semble.

Henri-Désiré Landru

 

Du bûcher à l'échafaud

 

Avant d'engager l'enquête établissant le devenir des terriennes, il faut rappeler que les Anglais ne désiraient pas allumer cette si bandante miss d'Arc, sa cible aurait dû être La Flèche au lieu d'essayer de chasser mes ancêtres de la Picardie.
Il est vrai que le guerrier français semble brave, quand une exaltée le mène.
Car en sus de cette pucelle citée, Dame Hachette à Beauvais, sainte Blandine à Paris, la Liberté sur les barricades, restent plus fêtées que des généraux.
Naguère, ici, les reines fautives finissaient décapitées à la hache, excepté les Françaises de naissance qui préféraient l'épée.
Mais que de regrets à vivre dans les limbes, pendant qu'à Paris, après la prise de la Bastille, les têtes fardées fraîchement tranchées étaient baladées, dans la plus grande liesse, fichées à l'extrémité de piques.
Et ceci n'était qu'amuse-gueule car l'Etat neuf, lui-même, allait rapidement mettre en scène des spectacles de rue, en espérant l'arrivée du pain. Après un verdict hâtif, les perruques et les nuques dégagées, les détenues en charrette gagnaient les places publiques. Là, les lames mécaniques décapetaient de la reine à la marquise, attestant expérimentalement que leur sang n'était pas bleu.
Par ailleurs, sieur Landru, l'éventreur ne surine pas, ce n'est pas un apache d'Aubervilliers, sachez que mes agissements mystérieux ne sauraient en aucun cas être admis par l'humanité actuelle, car elle ne peut en appréhender la finalité, mais….
Préférer les filles faciles en s'inquiétant de leur avenir, aux inutiles veuves tendant leurs anciens reliefs devenus appas lâches, est un trait bien français, lui qui embrasse la putain et embrase la puritaine.

Grand saigneur

 


 

Un éventreur peut en cacher un autre

 

Quelle curieuse manière de tenter d'exprimer un alibi à ses agissements que de suggérer un grand dessein que l'humanité serait inapte à saisir !
Même si l'univers est peuplé en grande partie d'abrutis et d'indifférents imbéciles, il est vaniteux de prétendre détenir la clé de quelque vérité mystique et cachée aux yeux du vulgum pecus.
Et d'autre part, même si c'est en pure perte, il est vraiment déplacé de chercher à me faire perdre calme et patience en retraçant des scènes sanglantes d'échafaud, supputant visiblement que le futur tête-à-tête avec la Veuve serait de nature à m'effrayer.
Enfin, il est bien naïf d'espérer se débarrasser d'un argumentaire dérangeant en le qualifiant de "trait bien français". Nul n'est dupe : cette tactique, qui cherche à déplacer le débat et m'entraîner dans le piège du chauvinisme, traduit simplement que derrière l'emphase des phrases à la limite du délire se cache malhabilement le vide d'une pensée à la dérive, l'inquiétude d'un cerveau qui se sent perdre pied et agite frénétiquement les bras et les autres membres en espérant reprendre la main.
C'est avec regret qu'il me faut bien déchanter quant à la qualité et à la pertinence de ce qui se révèle n'être, de la part d'un éventreur prétendument inspiré, ni une synthèse ni même l'ébauche de l'esquisse d'une analyse.

C'est de manière évidemment plus terre à terre (plus française, me sera-t-il peut-être craché au visage par un britannique amer ?), plus attachée à ce que la vie m'a appris, sans revenir au Déluge ni à mille sept cent quatre-vingt neuf, qu'il me revient de fustiger l'attitude de ceux à qui est imputable le maintien de la femme dans un statut subalterne peu gratifiant, même si elles ne se révèlent pas adversaires de cet état de fait.
Car s'il me fut permis (et ce me fut indispensable afin de dénicher les maigres finances nécessaires à l'entretien de ma famille) d'en abuser quelques-unes, c'est sans aucun ressentiment à l'égard de leur espèce : elles étaient simplement des victimes désignées, et ce statut, qu'elles assument naturellement, n'est pas cependant de leur seule faute.

Landru, pas si vilain barbu que prétendu par quelque farfelu

 

 

Femme : machine bridée ?

 

Sieur Landru perdrait-il si rapidement la tête en enfilant le casque du censeur ?
De grâce ! Un peu de patience, gardez au frais ce sang irriguant le futur cadavre, qui s'est fait pincer, lui !
Revenant au débat du début, il faut admettre d'une part, qu'il est des femmes utiles, sans lesquelles la vie serait plus pénible, et que d'autre part la Nature lui a prêté la faculté de générer ses semblables.
Quand le bas-ventre maternel se déchire, naturellement et mieux, à la César, le premier signe du milieu humain extérieur détecté par le bébé est la main de la sage-femme. Puis les infirmières et les nurses se succèdent le temps du sevrage et des langes.
La place des femmes dans les maternités et cliniques peut être acquise, bien sûr parmi les religieuses.
Depuis la nuit des temps, un intérieur bien tenu nécessitait, à chaque pièce une femme spécialisée ; mais les indéniables avancées de la fée électricité permettent dès à présent, de remplacer le balayage par un vacuum cleaner, appareil bruyant mais efficace, en particulier vis à vis des cendres.
D'autres inventeurs déclarent que demain chaque appartement sera muni de machines, supprimant les tâches des lavandières et des blanchisseuses.
L'énergie musculaire est évincée dans les pays avancés par le travail des turbines et la puissance des gigantesques grues métalliques ; le réseau d'eau de ville se généralise, c'est un fait, le futur, grâce au viril génie civil n'aura plus la nécessité d'abriter autant de femmes devenues inactives.
Résultat de la dernière guerre : le décès de tant de maris, allié au silence des revenus diminués, a causé un raz-de-marée de veuves bavardes, qui risque sans mesures énergiques de planter la graine d'une immense campagne militaire planétaire.


L'éventreur libre.


Intermède

Da Vinci Kid

L'heure est arrivée de passer à table ; l'indigeste geste de l'éventreur, va enfin être servie.
Les faits :
En 1888, sur le pavé mal famé de White Chapel, cinq femmes dépravées furent assassinées puis éviscérées.
Eliminer ces chattes de chéneaux, embrumées par le gin et le vice, lui fut aisé ; il préféra en pur britannique, les étrangler car cela restait la manière la plus rapide de parvenir à leurs fins.
La Mary Ann inaugura la série, mais dérangé en pleine pratique, la tentative rata.
Avec Annie Chapman les prélèvements se passèrent parfaitement bien.
Hélas ! Ses entrailles minées l'entraînèrent à réitérer sa macabre quête avec Elizabeth et Catherine, avec des issues similaires.
Tandis que la rumeur antisémite enflait dans la rue vive ; les limiers égarés par une multitude de lettres aussi abracadabrantes que menaçantes, erraient de cul-de-sac en cul-de-sac, sans discerner de pistes crédibles.
Le diable le retenta, et en fin d'année, apercevant Mary Kelly peu âgée et saine, il n'hésita pas, elle serait l'élue.
Il mit rapidement les abats intéressants dans une malle réfrigérée et se précipita à pleine vapeur en ferry puis en PLM vers la cité des canuts.
Là, y exerçait un habile chirurgien ; fils d'une petite main, spécialisée dans la remise à neuf d'hymen humain, et d'un père tailleur d'habits d'Auch. Avide d'aventures scientifiques, ce praticien dans la gêne sut, suivant les manuels du visiteur, mis à l'index par la faculté de Gand, lui greffer l'utérus emprunté.
Au réveil, elle s'insémina au prix d'un ultime plaisir masculin avant qu'un dernier acte ne lui rase ses mâles saillies.
Remise sur pied, elle laissa ses carnets à un étudiant en lettre, un certain A. Carrel qui avait servi de traducteur durant cette première, restée tue.
L'éventreuse traversa l'Allemagne par Nancy, puis crécha prise, cachée à Braunau en Autriche.
Dans l'attente de la naissance, elle laissa grandir ses cheveux, s'épila, s'implanta de faux seins en margarine, enfila avec bien du mal (à cause de la glace sur le buste !) une guêpière, et mit bas bien avant terme.
Le bébé, en se présentant le bras raide et tendu généra une césarienne par l'intérieur.
C'est parricide que naquit herr A., traumatisant un stagiaire rêveur et indécis : Herman Freudhip.
Endurant d'immenses maux finaux, la mère décéda dix heures plus tard.
La défunte fut enterrée le premier mai 1889 sans plaques dans le cimetière privé de l'établissement.
L'enfant, placé dans une famille du crû, était petit, brun avec une mèche rebelle…

Avant le décès du criminel, le vétérinaire recueillit ces aveux sur un calepin miraculeusement revenu à la surface, suite à un déménagement d'archives inédites de l'ex URSS.

M. X

 

Il faut en revenir aux agneaux

 

Quel dithyrambique étalage clamant les mérites d'un avancement de la technique tu as servi là, éventreur ! Mais le débat ne m'en paraît nullement éclairé. Que défends-tu, et qu'attaques-tu, en fait ? Que les tâches ménagères en viennent à disparaître, peu me chaut ! Et l'avènement de cuisinières électriques, en particulier, ne serait pas de nature à m'enflammer ni à m'embraser.
Quel que puisse être l'avenir, le présent (c'est quand même là l'essentiel) est riche en difficultés à démêler. Ceci peut paraître terre à terre de ma part, mais il faut bien manger, et subvenir aux exigences de sa petite famille : car il ne faut pas s'y méprendre, la cellule familiale est un fardeau, mais aussi un bien capital. Il n'y a rien à redire au fait que la femme enfante, c'est ce qu'elle sait le mieux faire, d'ailleurs. Que d'autres femmes puissent être utiles dans la mise en scène de la mise bas est une autre affaire, mais inutile de se battre là-dessus.

En revanche, sans brandir le spectre d'une autre grande guerre, mannequin empaillé destiné à engendrer la peur et agité de manière irréfléchie, il suffit de dire que la femme n'est pas utile par essence, mais par le simple hasard d'éventualités qui interfèrent ; bien sûr, il faut les faire peser dans la balance, ces péripéties, mais sans s'égarer, sans délaisser le principal :
que celles qui, telles des agneaux, n'imaginent même pas qu'il existe un autre chemin que celui qui mène au lieu d'abattage, et se vautrent dans la futilité et la superficialité (et pas la peine de chercher à démêler si c'est là leur nature, si c'est à l'inverse par la seule incidence de ce qui leur advient dans la vie), que celles-là disparaissent simplement et rapidement, ne peut qu'amener l'humanité à plus de liberté, d'égalité et de fraternité. Quant aux autres, celles qui se battent, celles qui luttent, celles qui tentent de survivre avec lucidité et sans mièvrerie, eh bien, que celles-ci décèlent aide et appui auprès du reste de l'humanité !

Henri-Désiré, le bien baptisé.

 

 

GENERIQUE DE FIN

Ces aveux étaient faux, car l'éventreur restera perpétuellement mystérieux, représentant dans les temps futurs, l'avatar d'un fantasme féminin dit du sacrifice accepté purifiant une vie de vice.
Une fille perdue, dix de regagnées, ce simple adage est un vrai casse-tête si en même temps celui qui veut supprimer le mal, veut aussi diminuer la quantité de femmes.
Finalement, il n'y pas eu de greffe mais essai de matrice artificielle, et l'éventreur n'était qu'un simple chevillard de savants curieux.
Les essais furent décevants quant à la naissance extra-utérine et s'arrêtèrent quand le chercheur apprit par la presse l'ascendance de ses prélèvements.
Malgré l'arrêt prématuré des expériences, il fut établi dans l'atelier clandestin deux résultats :
Premièrement : les différentes machines seraient capables de singer les parties de la femelle,
Deuxièmement ces parties sauraient être greffées sur l'autre sexe.
Et le plaisir là-dedans ?
Même si les mecs peuvent ébranler l'extase ensemble, et seuls la plupart du temps, il faut mettre à leur crédit que leurs chairs attrayantes aux lisses peaux, en damnent plus d'un, et en elles emmêlés, ils planent, même nus, âgés, ruisselant au-dessus d'un autre temps.
Mais ces exercices ne représentent au mieux que dix minutes par vingt-quatre heures, quand cela traîne durant les cinq minimaux tête à nuque.
En revenant à la demande initiale, quant à leur place et aux différentes analyses, l'aspect utilitariste me sensibilise à l'instar d'H.D.L.
Que faire d‘elles si les tâches ménagères disparaissent, remplacées par des machines dirigées, telles des laquais en tapant dans les mains.
Imaginez des femmes qui passent leur temps à applaudir spectatrice dans chaque pièce aux actes qu'elles réalisaient avant sans rappel.
L'aspect pratique, entre parenthèse, serait en simulant une lessive et ainsi paraissant un mari bienveillant de gifler sa dame tranquillement.
La place de la femme se fragilise devant l'inventivité masculine.
Dans l'avenir, mis à part l'évadant côté paradisiaque du plaisir tiré des évidements des filles d'Eve, l'excédent deviendrait une réserve de tissus et autres parties vivantes destinée à réparer les maladies des mâles, c'est la femme médicament qui naît.

THIS IS THE END

 

L'adieu aux larmes.

 

Demain, dès l'aube, à l'heure que la campagne respecte habituellement afin de se mettre à blanchir, il me faudra partir.
L'absence de preuves de ma culpabilité n'a pas assez pesé dans la balance durant les débats, puis la grâce présidentielle m'a été refusée.
Ce sera un départ sans haine et sans regrets. Les femmes qui crurent m'aimer ayant disparu, nulle ne me pleurera, et c'est très bien ainsi.
Partant, il est clair que ce qui va être exprimé maintenant ne peut être taxé de servir à ma défense, mais est simplement ma vérité.
Il est inutile de s'attacher au destin, tragique certes, mais individuel des quelques Anna, Thérèse, Andrée et Célestine, que leur itinéraire a amenées à se faire incendier et calciner derechef. Ce qui me taraude, à l'heure de quitter cette terre, c'est le destin général de ces femmes auxquelles est garanti un avenir fait de dimanches frais repassés, avec quelques fleurs, quelques branches, égayant la salle à manger, et l'ensemble d'une vie qui se résume en milliers de pas insignifiants, prises (ainsi qu'entre marteau et enclume) entre une table et un buffet. Quelqu'un en fera peut-être une ballade, mais qui réparera l'âme des amantes tristes ?
Ce ne sera plus, car c'est sa dernière nuit, celui qui demande par ces lignes à être regardé seulement ainsi qu'un indigne serviteur de l'humanité qui subit, peine et gémit, dans l'indifférence des grands de cette terre.
Adieu

Henri-Désiré Landru, vingt-quatre février mil neuf cent vingt-deux

 

 

 

 

 

 

  • Je n'en doute pas...c'était juste très agréable d'être surprise, ça fait du bien aussi, de sortir des rôles que le temps donne à un clepsydre d'audimat… ;0)

    · Il y a environ 6 ans ·
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    flodeau

  • C'est la première fois que je vous écrire ainsi, à lueur de femme et de Landru….mais en quinconce de l'an dru, ce qui la flamme?;0)

    · Il y a environ 6 ans ·
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    flodeau

    • C'est un exercice réalisé il y a une quinzaine d'années sur un site de joutes littéraires avec contrainte. Au fond de mes archives j'ai aussi de longs textes.

      · Il y a environ 6 ans ·
      30ansagathe orig

      yl5

  • Ca fait froid dans le dos à en perdre son humour ! :o))

    · Il y a environ 6 ans ·
    Photo rv livre

    Hervé Lénervé

    • C'est un simple exercice, avec la contrainte de se glisser dans des peaux éloignées dans le temps et dans les positions.

      · Il y a environ 6 ans ·
      30ansagathe orig

      yl5

    • Certes ! Certes ! :o))

      · Il y a environ 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

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