J'ai chanté...
Maxime Arlot
J’ai chanté les prés et les bois,
Les brouillards nacrés de l’automne,
Les grands peupliers qui frissonnent
Et la ramure qui ondoie.
J’ai chanté la mer assoupie
Au brasillement de la lune,
La brise caressant les dunes
Et les espaces infinis.
J’ai chanté les vals et les monts
Que le soleil couchant allume,
Les derniers rayons qui consument
Les nuées au septentrion.
J’ai chanté l’océan des blés
Et ses blondes ondulations,
Dans l’air poussiéreux des moissons
Et la torpeur des jours d’été.
J’ai chanté les petits matins
Et la fumée sur les toits bleus,
L’herbe humide des champs brumeux,
Les clarines dans le lointain.
J’ai chanté la sérénité
Des nuits d’ébène où tout repose,
Quand les ombres partout déposent
Leurs voiles d’encre veloutée.
Mais quand je monterai aux cieux,
Oubliant ces douces images,
J’emporterai pour tout bagage
Une mèche de tes cheveux.
Car nulle splendeur ne pourvoit
A l’exaltation de mon cœur :
Seul me rassasie le bonheur
De respirer un peu de toi !