J'ai écrit à défaut de crier.

elisabethpl

J'ai beaucoup souris.

J'ai été très polie.

J'ai dit plein de "bonjour", de "s'il-vous-plaît", et de "merci".

Mais c'était moche.
C'était vide, c'était neutre, c'était dégueulasse.

J'ai souris, vraiment, à contre coeur.
J'ai souris parce que personne ne l'aurait fait à ma place.
Parce que c'était sans vie.
Et pourquoi eux, ils ne mettent pas un peu de vie?

Pourquoi ils font pas en sorte que tout aille mieux? 
Je ne leur demande pas de faire semblant, ni de cacher la vérité, mais seulement de fabriquer des moments de bonheur.

Non. Ce n'était pas ma place, ce n'était pas ma chambre, ce n'était pas mon problème.

Pourtant c'est moi qui ai pleuré.

Alors, j'ai essayé de sourire, de toutes mes forces, de toute mon âme,

Pour donner le courage, et l'espoir qu'ils ne voient plus.

Alors, tout bas, j'ai insulté leur manière de faire.

Alors, tout haut, j'ai demandé ce qui n'allait pas dans ce monde.
Puis, en repartant dans le froid, j'ai pensé à la fille qui me montrait, sous médicaments, ses avant bras.

C'était moche, c'était sale, c'était triste.
Et je me dis que je suis folle.

Et je me dis que c'est vraiment de la connerie tout ça.

Depuis, j'ai mal au ventre.

Depuis, j'ai mal au coeur.
Voilà, j'ai écrit ça, à défaut de crier.

Et maintenant quoi?

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