J'ai un copain
aude-castell
J'ai un copain
Et c'est mon chien.
La truffe humide, le poil chaud,
Et blanc et noir comme un blaireau.
Par tous les temps,
On va courant,
Le nez en l'air, la truffe au vent
Au long des sentes et des champs.
Et je lézarde
Et il musarde.
Assis dans l'herbe, dos à dos,
On épie le vol des oiseaux.
De collines en ravines,
On va courir les sauvagines,
En jouant à passe-partout
Sous la frondaison des houx.
Un chevreuil, un lièvre passent.
C'est un jeu de suivre les traces,
En rendant visite aux terriers
Que la veille on avait dénichés
Et de ballades en promenades,
Mon bel ami, mon camarade,
De l'hiver sans craindre la morsure,
La forêt est notre aventure.
Sous la haute futaie
La pluie peut toujours nous tremper,
Depuis des années, au fil des sentiers
On tisse les liens de l'amitié.
Dehors, neigent des fleurs de merisier,
Devant l'âtre de la cheminée
Crépite le feu de nos journées,
Dont seuls nous partageons les secrets.
Une oreille pliée, l'autre toujours dressée,
Museau de levrier sur manteau de berger,
Il est doux et tendre comme un enfant
Et bon comme du pain blanc.
Quand sa longue tête sur mes genoux,
Mes mains en son pelage si doux,
Je lis comme des mots d'Amour
Dans ses yeux aux reflets de velours.
"Allons ! Viens Maîtresse...
Il est trop tôt pour la paresse...
C'est l'heure où entre chien et loup,
On peut jouer à loup-garou !
Ecoute! Ecoute! Mon humaine...
Enfile vite un bout de laine...
Et viens t'asseoir dans le sous-bois,
J'entends le brocard qui aboie..."
A Tweed - Octobre 1995
Poème écrit pour TWEED Black du Cèdre de l'Atlas, Berger d'Ecosse ou Colley, né le 20 juillet 1982, mort le 20 août 1995, empoisonné par la cruauté et la bêtise humaine. 13 ans de complicité et de tendresse. Un coeur rempli d'amour tout entouré de poils.