Jamais

Jamais est l'écho dans mon crâne qui me souffle l'horreur de toutes ces secondes creuses qui ne me serviront pas. C'est un sort d'une rare cruauté, une malédiction d'airain qui étend ses larges ailes sur l'univers des possibles, voilant de gaze noire le contour morcelé de mon horizon. Jamais oxyde mes espoirs et ronge irrémédiablement les pilliers de ma raison. Me séduit au coin d'une rue sous le masque d'un toujours fragile et opalin, pour loger dans ma chair, parasite obscur, et pousser mes propres envolées brûlantes à me consumer de l'intérieur. Jamais est trompeur. Il mord mes nerfs, scelle ma gorge et me paralyse. Son parfum métallique anesthésie mes jours. Jamais enveloppe mes yeux d'un manteau de nuit, pour me rendre aveugle à tout sauf au météore flamboyant de ce qui ne m'appartient pas. Tu invoques jamais et me voilà à genoux. Jamais porte ton nom, jamais ressemble à ton sourire, jamais s'ébat sur ton épiderme en repoussant le mien comme un aimant.