Je crois qu'en fait on s'était mal compris.

Julie Barant

Théâtre

Deux couples. Ils ne se détachent pas pendant les premiers essais.

Mays et Lott. Ceux qui devraient s'abandonner.

Wilm et Lack. Ceux qui ont été abandonnés.

 

La voix :

Il y a ceux qui ont déjà été abandonnés, tout a déjà été joué pour eux.

Et il y a ceux qui doivent s'abandonner ou en crever. Tout est encore en train de se jouer.

Ils racontent leurs histoires passées ou en cours. Ils les vivent sur leur bout de scène.

Tout ça ce ne sont que des tentatives de paroles, des essais d'explications.

Aucun mot ne suffit jamais.

 

La femme à qui appartient la voix apparaît.

 

Loyale :

Ceci est un spectacle.

Ceci est un cirque.

Devant vos yeux ébahis le spectacle de l'abandon.

Devant vos sourires conquis les acrobates du sentiment, les clowns de l'humanité, les dresseurs de parents.

Ceci n'est pas la réalité.

Ceci a été la réalité.

Ceci sera jusqu'à ce qu'on trouve une autre réalité.

Ici je ne suis pas un personnage à part entière, je ne suis que le guide. Pour toute question aux artistes, veuillez attendre la fin du spectacle aux portes du chapiteau. Nous vous demanderons le plus grand silence tant que les fauves seront hors de leur cage.

Mesdames et messieurs, le spectacle commence.

 

L'équilibriste.

 

Wilm: (comme sur un fil. Tout ce qu'elle dit semble risquer de la faire tomber. Elle traverse la scène en essayant de tenir sur ses pieds.)

C'est étrange comme parfois je pense à cette personne et que m'apparait comme évidence que jamais je n'arriverais à la toucher.

à la toucher honnêtement

Parce qu'en fait

Je ne mérite pas de la toucher.

Cette personne.

Ne peut pas être atteinte par moi.

 

Les fauves.

Mays:

C'est une page blanche.

Cette vie.

Je te dis que c'est une page blanche.

Tu n'écoutes pas.

En fait tu n'entends pas parce que je ne parle pas assez fort.

Je fais exprès, je n'ai pas vraiment envie que tu m'entendes débiter ça.

Te dire comme ça, tout de go, que tout recommence à zéro.

Je n'ai pas vraiment envie que tu l'entendes.

Ça.

Je n'ai pas vraiment envie de te laisser le choix.

Je n'ai pas vraiment envie que tu y ais pensé avant moi tu vois.

 

Alors j'assène ça en chuchotant.

Je t'affirme tes quatre vérités avec la force vocale d'une fourmi muette.

 

C'est une page blanche.

Ton visage, à cet instant, c'est une page blanche.

J'y écris ce que je pense.

Et je te le froisserais et je te le jetterais s'il ne me plait plus.

Ton visage.

J'enfoncerais mes doigts dans tes joues et je t'en offrirais un nouveau.

Tu ne m'entends pas.

Non cette fois ci tu n'écoutes pas.

 

 

C'est une page blanche.

Ce que je te propose.

C'est une page blanche et tu fais comme si de rien était.

Tu as vidé mon esprit comme une page blanche.

Et là tu lèves tes yeux si clairs sur moi, tu souris de toutes tes dents et tu me demandes simplement si ça va, comme si tu ne venais pas de m'effacer juste en levant les yeux comme ça.

C'est une page blanche.

Cette vie.

La mienne.

À cet instant.

Là.

 

Lott:

Ces gamins qui hurlent, il faudrait les museler.

Tu les as entendus?

De nos jours on ne respecte plus rien dans les immeubles, surtout pas les voisins.

Tu fais une drôle de tête.

Qu'est ce que j'ai dit?

Mais c'est quoi ce regard?

Tu m'en veux?

De toute façon, ces gamins qui hurlent, c'est insupportable.

 

Mays:

C'est une page blanche.

Cette vie.

C'est une...

 

Lott:

Je crois qu'en fait on s'était mal compris.

C'est pas très grave tu sais.

Ça arrive à tout le monde, mais là, maintenant, je te le dis.

Je crois qu'en fait on s'était mal compris.

Tu as cru même pour un instant que l'éternité était devant nous et en fait moi tout ce que je te propose c'est un bout de chemin.

C'est peut-être mon dernier bout de chemin que je propose, je dis pas, mais là tout de suite, c'est tout ce que j'ai en banque.

Et ça n'enlève rien à ce qu'on vit là hein, c'est juste qu'on s'était mal compris.

Ça n'enlève rien au fait que si tu pars là tout de suite, je te tue, je ne le supporterais pas je te préviens.

Là tout de suite, si tu ne m'aimes pas pendant les prochaines heures,

si ton attention se détourne de moi un instant,

je te jure que ça m'arrachera les tripes et que je pourrais même en crever.

Mais on s'était mal compris.

Je ne peux pas te promettre l'éternité.

Je ne l'ai pas.

 

Les clowns.

Déclenche une boite à rires automatiques.

 

Lack:

Ça me trouble un peu cette histoire d'ongles bleus.

Tu fais ce que tu veux tu vois

Tu as toujours été un peu excentrique et je dois l'avouer, je t'y encourage, j'aime bien ça, mais là

Tu as les ongles bleus.

Je ne sais pas trop quelle influence

cela va avoir sur nous deux plus tard.

Je veux dire

Tu ne m'as rien demandé

Soudain tu es là et tu as

les ongles peints en bleu.

Ce n'est pas seulement original

C'est bleu.

Tu te rends compte de l'impact que ça peut avoir sur moi et notre image

est ce que les gens ne se demandent pas si j'ai bien donné mon accord pour cette couleur, si je ne participe pas malgré moi à l'une de tes expériences artistiques étranges?

Non vraiment.

Ce bleu.

Je ne veux pas porter atteinte à ta liberté

Mais ce bleu me parait une provocation inutile, vraiment.

Mais tu fais ce que tu veux.

C'est ton choix.

Mais ton choix est bleu.

Intermède 1 :

Loyale :

A ce moment du spectacle, l'auteur, par mon intermédiaire, aimerait préciser que toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existées est totalement fortuite et…

Vous n'allez pas croire ça ?

Non hein.

Jamais personne ne va croire que ce genre de situation nait spontanément de l'esprit malade d'un auteur inconnu.

Alors on reprend.

Pardon.

Pardon si ça fait mal.

L'auteur arrache juste un pansement.

Ça va passer. Ça ira mieux bientôt. C'est ce qu'ils disent généralement.

Tout va s'arranger. Ça va aller. Tu vas y arriver. Tu vas t'en sortir. Ne t'inquiète pas.

Tout va s'arranger.

 

Mr Loyal :

Wilm :

Peut-être qu'elle allait juste faire ses courses, peut-être qu'elle allait faire la fête.

 

Elles se croisent, comme des centaines de personnes se croisent ce jour là.

 

"Excusez-moi." Qu'elle dit. "Excusez-moi, mais je crois que vous êtes ma mère." Qu'elle dit.

 

Elles se croisent et elle a bien eu le temps de voir, de comparer. Taille, poids, couleur des cheveux, couleur des yeux, cette façon de bouger la main le long de son corps quand elle marche, elle a eu le temps de tout noter, mais l'autre en face, elle n'a rien vu, elle n'a rien respiré.

Alors qu'elle s'attendait à reconnaitre son parfum à 100 mètres, l'autre n'y aura même pas pensé.

 

"Excusez moi." Qu'elle dit.

 

Elles se croisent, ça y est, et même à 5 cm, elle n'a rien vu. Alors il faut se retourner. Il faut prendre la décision en une seconde, parce que la seconde d'après, elle sera passée, et puis elle aura peut-être plus le courage, alors elle se retourne et elle appelle.

 

"Excusez-moi" Qu'elle dit. "Excusez-moi, mais je crois que vous êtes ma mère." Qu'elle dit.

 

"Reconnais moi bordel, t'es partie il y a des années mais reconnais moi merde, reconnais ta fille s'il te plait." Qu'elle pense peut-être. Ce qu'elle pensait à ce moment là, elle ne le dit pas. Alors moi je le dis. Peut-être.

 

Un moment. Des yeux qui s'ouvrent, la main le long du corps s'arrête, la bouche s'ouvre à son tour.

 

"C'est toi?" Bah oui c'est elle. Elles ont l'air heureuses de se retrouver, peut-être un peu gênées?

 

Il n'empêche qu'elle aurait pu ne pas le dire. Attendre qu'en face, elle réagisse à son tour. Attendre pour voir. La suivre, pourquoi pas. Vérifier si elle était vraiment heureuse avec sa nouvelle vie. Si ça valait le coup, de l'avoir laissée sans mère tout ce temps, si au moins pour elle-même, elle avait fait le bon choix. Tiens la prochaine fois qu'elle partira, elle tentera ça.

 

Lack :

 

Et après, il s'est passé quoi ?

 

Wilm :

 

Après il y a eu l'histoire des œufs au plat.

 

Lack :

 

Elles ne sont pas passées directement de ça aux œufs au plat.

On ne passe pas directement de ce genre de choses à une banale histoire d'œufs au plat.

Tu ne vas pas me faire croire qu'elles se sont vues là et qu'il y a eu l'histoire des œufs au plat. Je te trouve un peu légère sur cette histoire tu sais.

 

Wilm :

 

Tu aimerais l'histoire des œufs au plat ?

 

Lack :

 

Je n'attends que ça depuis tout à l'heure.

 

 

 

La contorsionniste.

 

Lott :

 

Je vais te regarder pendant un moment.

Je vais te regarder comme si je ne t'avais jamais vue.

Et puis je vais te regarder comme maintenant, avec tout ce qui m'entraine vers toi, tout cet élan et tout le reste.

Et puis je vais te regarder comme si c'était la dernière fois que je te voyais. Je vais te regarder comme si le train qui passe à cet instant derrière toi te passait dessus en fait, qu'il te passait dessus et te broyait les os, là, devant moi comme si je te perdais de façon définitive, là, sous mes yeux.

 

Comme ça je saurais ce que cela fait de te perdre.

 

Je serais prêt je crois.

 

Mays :

 

Parfois il joue à « la vie sans toi ».

Ça lui prend comme ça, d'un coup, il fait comme si je n'existais plus

 

JUSTE POUR VOIR

 

Juste pour voir comment ça fait de vivre sans moi.

 

Il éteint les lumières alors que je suis encore dans la pièce.

Il répond aux questions des autres mais semble ne pas m'entendre.

Il ne réagit pas quand je le touche. Pas un frisson.

 

Je ne suis plus qu'un courant d'air.

Je suis moins qu'un courant d'air.

Je ne suis même plus un putain de courant d'air.

Je ne suis qu'un long écoulement de douleur et d'ignorance à travers lequel il passe sans s'apercevoir de rien.

 

Un jour je l'ai frappé.

Frappé jusqu'à ce qu'il me parle de nouveau.

Il a d'abord essayé de changer de place, de pièce, même de lit.

Alors j'ai frappé plus fort.

Encore plus fort.

Et il me l'a dit.

 

Il m'a dit : « ça fait mal. »

 

Là j'étais satisfaite, alors je suis partie.

 

Lott :

 

Je veux juste me prouver que je suis bien vivant.

 

Je ne voudrais pas que toi tu ais du mal.

 

Je crois que je ne me rends pas bien compte de l'impact de tout ça en fait.

 

 

L'équilibriste 2 :

 

Wilm :

 

Dis-moi, amour.

 

Dis-moi amour si tu m'entends.

 

Dis-moi si tu m'entends d'où je suis.

 

Dis-moi.

 

Est ce que tu entends le bruit assourdissant que fait le vent dans la fissure au creux de mon ventre ?

Est ce que le bruit de l'eau qui coule te réveille toi aussi en pleine nuit ?

Dis-moi amour.

 

Est ce que le bruit de ton abandon te dérange au moins dans les instants de vide, quand tu n'as rien d'autre à penser.

Dis-moi amour.

 

Est ce que je pourrais te faire aussi mal que toi.

 

Dis-moi.

 

Intermède 2 :

 

Loyale : (Elle entre avec un énorme grimoire, on comprend que c'est un dictionnaire.)

 

Abandon : action d'abandonner.

 

Hum. Oui. Précisons.

 

Fait de délaisser, de négliger ou de se séparer volontairement d'une personne ou d'un bien.

 

C'est aussi un film avec Katie Holmes, mais je pense que personne ne l'a vu ici. Si ? Quelqu'un ? Bref.

C'est un album de Deep Purple aussi. C'est un peu plus classe déjà.

 

Aux échecs, c'est le fait de renoncer volontairement à une partie, principalement parce que l'on est en train de perdre.

 

Est ce que c'est la même chose pour les gens ? Est ce qu'on les abandonne parce qu'en fait on a peur de les perdre ?

Est ce qu'il est plus facile d'abandonner que de perdre ? Est ce qu'il ne vaut mieux pas abandonner avant de tout perdre, justement ?

 

Citations :

 

« A cet instant où mon cœur est brisé par un abandon si cruel et une trahison si basse. »

Musset. Oui, c'est ça je crois. C'est la bonne phrase je crois.

« Le plus complet abandon règne dans l'amour. » Aragon. Oui mais non. On s'éloigne du thème là.

 

« Les larmes sont un don. Souvent des pleurs, après l'erreur ou l'abandon, raniment nos forces brisées. » Hugo.  Oui. On est plus dans le sujet là.

 

« A trop se donner on s'abandonne. » Jacques Ferron. Bah voilà, ça se précise déjà.

 

« Vive qui m'abandonne ! Il me rend à moi même. » De Montherlant. Voilà. C'est ça qu'on cherche. Ce vers quoi on tend.

 

Synonymes :

 

(De plus en plus fort, jusqu'à crier.)

 

Abdication. Apostasie. Arrêt. Capitulation. Concession. Défaite. Défection. Démission. Désertion. Désistement. Don. Enterrement. Epanchement. Fléchissement. Forfait. Incurie. Inoccupation. Isolement. Laisser-aller. Plaquage. Reculade. Reddition. Rejet. Renoncement. Renonciation. Résignation. Retrait. Suspension.

 

Je ne crie pas, j'essaie juste de…

 

Non pardon, je criais.

 

 

Clown blanc :

 

Lack :

 

Au fait, je voulais te dire :

 

C'est bon, je m'en suis sorti.

J'ai évacué les problèmes, j'ai trouvé des solutions, j'ai sacrifié des trucs et découvert des machins.

 

En fait, je voulais te dire :

 

Tout ça je l'ai fait tout seul.

Ou en tout cas sans toi.

J'avais l'habitude tu me diras.

Mais bon.

 

En fait je voulais vraiment te dire :

 

N'élève pas la voix. Ne critique aucun de mes choix. Je ne te laisse pas l'autorisation de pousser le moindre soupir contre ce que je fais et dit, car tu n'as délibérément participé à rien d'important.

 

Au fait, ce que je ne te dirais pas :

 

Que j'aurais aimé que ça se passe autrement.

Je ne te dirais pas que j'avais besoin de toi.

Je ne te dirais pas que ça me retourne les tripes de penser que parmi ceux qui m'ont soutenu, il était évident que tu ne seras pas là.

Je ne le dirais pas.

Je ne te le dirais pas.

 

 

Les éléphants :

 

Wilm :

 

L'histoire des œufs au plat.

 

Lack :

 

Aaaaaah ! fait la foule en délire.

 

Wilm :

 

Ça fait longtemps qu'elles se sont retrouvées maintenant.

Elle a des enfants aussi maintenant.

Elles dinent en famille, leurs maris respectifs aux bouts de la table, les enfants d'un côté et elles deux de l'autre.

 

C'est pas bon.

 

Pardon ?

 

C'est pas bon.

 

 

Ça ne venait pas des enfants.

C'est le mari de la mère.

Ça ne venait pas des enfants alors on écoute ce qu'il dit

 

Je veux des œufs au plat.

 

Pardon ?

 

Va me faire des œufs au plat.

 

La mère se lève et la fille s'arrête.

 

Laisse je vais le faire.

 

Elle fait les œufs au plat dans une de ces poêles spéciales, celles qui ont déjà la forme que les œufs devraient avoir, bien ronds.

 

Et passe-moi le sel.

 

Dans ta gueule.

 

Pardon ?

 

Dans ta gueule. Les œufs, les plats, la poêle et le reste.

Dans ta gueule le jaune brûlant et le blanc pas assez cuit.

Les yeux de la mère, qui regarde sa fille.

Qui regarde sa fille qui prend ses enfants, son mari, et qui part après lui avoir mis ses œufs dans sa gueule à l'autre.

Qui regarde sa fille dire tout haut ce qu'elle ne dira jamais tout bas.

 

On dirait que l'histoire entre ces deux là, c'est ça.

 

Lack :

 

Ça fait mal des œufs au plat ?

 

Wilm :

 

On dit ça.

 

Danse des voiles :

 

Mays :

 

Ce que ça implique

De dire

Je préfèrerais que tu me tues.

Pas que ça irait plus vite.

Si tu me quittes je ne mourrais pas.

Et il paraît en plus que je serais plus forte.

Comme un système lymphatique sait mieux se protéger après la grippe.

Si tu me quittes peut-être que je n'attraperais plus jamais la varicelle.

 

Mais je préfèrerais que tu me tues.

 

Parce que je pense que tu serais moins cruel si tu faisais ça.

Je pense que ça serait plus simple

Et puis je préfèrerais.

Si tu me quittes, je préfère ne rien sentir tu vois.

 

Alors oui la vie avec toi est un enfer.

Alors oui tout ce qui arrivera après sera meilleur.

Alors oui ce serait mieux pour toi ainsi que pour moi.

 

Mais oui, je préfèrerais que tu me tues plutôt que te dire ces mots là.

Oui c'est ça.

Je préfèrerais tu vois.

 

La cartomancienne

 

Wilm :

 

La Vérité ?

 

La vérité c'est que j'ai les mains froides sans avoir froid moi-même.

La vérité c'est que j'ai la voix bien plus grave que ça.

La vérité c'est que quand mes yeux sont rouges, c'est là qu'on en voit mieux la couleur.

La vérité je l'ai gravée dans mes mains à coups de dents, plus profondément et plus définitivement que n'importe quelle aiguille pourrait le faire.

La vérité c'est que tu ne veux pas la connaitre.

En vérité je suis bien trop lourde à porter.

 

 

 

 

 

L'illusioniste

 

Lott :

 

C'est l'idée que je me fais de toi.

 

Oui c'est ça.

 

En fait j'arriverais tout à fait à me détacher de toi, si seulement je t'avais face à moi tout le temps.

Je me lasserais, je m'ennuierais, j'abîmerais ton visage, tes attitudes, ton sourire jusqu'à ce qu'il me devienne trop commun pour que je puisse le désirer.

 

Ce qui me retiens et me ramène vers toi, c'est l'idée que je me fais de toi.

 

C'est ton absence en fait qui sauve ce qui reste de nous deux.

 

Plus tu es absente, et plus ton image dans ma tête est belle, plus les souvenirs sont joyeux, plus les batailles deviennent des broutilles.

 

C'est l'idée que je me fais de toi que j'aime.

 

C'est l'idée que je me fais de toi qui reste le lien entre nous deux.

 

C'est comme si je disais que plus je peux t'avoir et moins je te veux.

 

C'est l'idée que je me fais de toi que je veux.

 

 

Un lapin un chapeau

 

Mays :

 

« Je ne t'en veux pas »

 

J'ai écrit ça des dizaines de fois, des centaines de fois sur des papiers, des brouillons, des murs, au sol à la craie.

 

« Je ne t'en veux pas. »

 

Je l'ai écrit autant pour que tu le saches que pour me persuader moi-même.

Me persuader que non, je n'ai pas envie de t'arracher les yeux.

Me persuader que non, je n'ai pas besoin de mettre toutes tes affaires dans un sac avant de tout jeter au feu.

Ça a fonctionné un peu je crois.

 

Je ne t'en veux pas.

 

Je ne t'en veux plus.

 

Jusqu'à la prochaine fois.

 

 

 

Le cercle de feu

 

Lott :

 

Tu sais ce que c'est de vivre avec un trou dans le ventre ?

 

Je ne te parle pas d'un vrai trou, entendons nous bien, mais la sensation du trou dans le ventre ?

Certains appellent ça le manque, mais comme généralement on sait de quoi on manque, je trouve ça trop vague.

Je dis « trou dans le ventre » parce que je trouve que « manque » c'est trop vague. Pas assez précis pur ce que je ressens 24h/24, le trou, le vide, ce béant au creux de mon ventre, tu sais juste là, le plexus solaire qu'ils disent, sauf que c'est plus grand, et ça continue derrière aussi.

 

C'est un peu honteux je trouve.

 

J'ai l'impression que ça se voit, j'aimerais le cacher mais en fait personne ne le voit alors ce serait ridicule de faire toute ma vie en fonction de ça. Non ?

 

Je crois que ce trou dans le ventre, je crois que ce manque, il a la forme d'une personne. J'ai cru que c'était en forme de toi un moment. Mais depuis quelques temps je me suis aperçu des fuites. C'est un peu comme quand tu te forces pour rentrer une pièce de puzzle dans la mauvaise case. Il y a du jour.

 

Oui c'est ça j'ai trouvé.

 

Notre relation est mal posée, il y a du jour.

 

Et je ne suis sûr de rien mais peut-être que cette personne là, elle comblerait les trous.

 

Je ne cherche pas à faire du mal tu sais, je cherche juste à être plein, calfeutré.

 

Sans jour.

 

 

 

Sans filet

 

Wilm :

 

Et là il se détache.

 

C'est un premier mouvement imperceptible, une micro seconde, un tremblement. Ce n'est qu'un début. Mais à chaque fois il implique la fin. Progressivement ce corps qui s'est empressé contre toi va se faire moins pressant. Cette main qui agrippait la tienne comme si c'était un besoin naturel va défaire ses doigts progressivement. Et ce n'est pas dû au sommeil totalement. Il y a cet instant où ce « juste pour cette nuit » décide que la nuit est bientôt finie. Et c'est à chaque fois déchirant.

 

Il n'est pas question d'attachement, il n'est pas question d'amour, il n'est pas question d'abandon final, juste de détachement.

 

Juste il se détache.

 

Juste ce bout de peau a décidé qu'il ne toucherait plus la mienne, soudain il n'est plus correct de s'enfouir dans mes cheveux, d'un seul coup il n'est plus apaisant que nos chaleurs se confondent.

 

Juste il se détache.

 

Et quelque chose, à chaque fois, un petit peu, se déchire.

 

Là, au fond de mon ventre.

Là, où sont enracinées toutes ces angoisses et toutes ces envies.

Là où il y a ce putain d'écho qui revient toujours, et attise.

Là où personne n'a encore été finalement.

Là où je préfèrerais sentir du plein et du soulagement.

 

À chaque fois, à cet instant, là se déchire et se vide un peu plus mon ventre à chaque amant.

 

 

 

 

 

Intermède 3 :

 

Loyale :

 

Bienvenue  Mesdames et messieurs sur le plateau de « Confessions Publiques », votre émission voyeuriste préférée !

 

Jusqu'ici nous avons suivi le point de vue de certains protagonistes, mais qu'en est il de l'autre côté de l'histoire ? Que se passerait-il si nous interrogions ceux que l'on ne voit pas ?  Les anciens amants, les maitresses perdues, les parents, les amis ?

 

Aurions nous droit à de grands discours de repentir ? Ou à d'émouvantes scènes de pardon ?

Des explications musclées ?

Des cris, des pleurs, des grincements de dents ?

 

Ou est ce qu'on s'en fout ?

 

Est-ce que le pardon et l'oubli en fait c'est impossible ?

 

Est-ce qu'il ne vaut mieux pas en rester là, et passer à autre chose ?

 

Le statut quo, la solution à la paix dans le monde ?

 

Mesdames et messieurs finalement aujourd'hui on ne s'intéressera pas aux autres. Restons sur notre simple point de vue. Restons étriqués et bornés s'il le faut. Prenons la douleur et la tristesse comme une part entière et bienvenue. On la pose dans sa boite, là, sur l'étagère. Ça va prendre la poussière, mais on s'en fout. Nous on est déjà loin.

 

Ou ailleurs en tous cas.

 

Mesdames et messieurs, éteignez vos téléviseurs.

 

Venez on va jouer aux cartes à la place.

 

 

 

 

Le grand numéro

 

Mays :

 

 

Maintenant qu'on l'a eu cette dernière baise, je pense qu'on peut y aller.

C'était peut-être ce qui nous retenait encore. Le dernier fil vivant. Même si on ne faisait plus rien depuis longtemps. Tant qu'on avait encore envie, on était encore vivants.

 

Et là on a craqué.

 

Ce n'était même pas bon, c'était dans l'urgence, dans l'urgence de cette envie là, ce n'était même pas vaguement agréable. On avait juste besoin.

 

Et maintenant que c'est passé, c'est fini.

 

On a plus rien qui nous retient, on peut s'arrêter là je pense.

 

Lott ne bouge pas.

 

J'ai envie d'être méchante.

 

J'ai envie de te dire en face tout ce que je pense tout bas, tout ce que tu ne veux pas entendre, tout ce que je sais vrai et douloureux.

Tout ce à quoi tu ne pourras pas répondre.

Tu n'auras aucun argument face à ça, tu ne pourras que t'énerver, puis être triste, puis avoir envie de me frapper.

Peut-être même que tu le feras. Peut-être même que j'espère que tu le feras.

 

Je crois que j'ai envie d'être méchante parce que je voudrais que quelqu'un au moins ait aussi mal que moi.

 

Lott ne dit rien, regarde fixe en face.

 

Alors comment ça va se passer maintenant ? Je vais te le dire. C'est tout simple vraiment, il y a deux solutions :

 

Soit tu vas vers cette fille, et elle répond à tes sentiments. C'est beau et ça faisait tellement longtemps que tu attendais ça. Mais au bout de trois mois, vous réalisez soudain pourquoi ça ne c'était pas fait à l'époque : ça ne marche pas. Et tu termines là, vaguement honteux.

 

Soit tu vas vers cette fille qui n'a pas attendu que tu te décides, genre une fille avec de la dignité tu sais, je sais avec moi tu n'étais pas habitué au concept. Et du coup elle te jette.

 

Dans les deux cas, tu reviens vers moi, brisé, perdu, réalisant que ce qu'on avait c'était beau et simple et que tu n'aurais pas dû passer à côté.

Mais c'est là que je t'arrête.

 

Tu t'imagines que j'avais attendu.

 

Après tout c'est ce que j'avais fait jusque maintenant.

 

Oui mais là ce sera trop tard. Parce que je ne serai pas là pour te ramasser mon chéri.

 

Je ne suis pas un second choix. Je suis le premier choix. Je mérite d'être le premier choix de quelqu'un. Je ne suis pas là juste pour panser les plaies de tous les blessés de cette guerre sentimentale. Je suis un putain de premier choix et crois moi, celui qui va s'en apercevoir sera le plus choyé et le plus aimé depuis la création de ce putain de concept qu'est le couple.

 

Alors tu as fait ton choix.

Mais je t'interdis de le regretter, je t'interdis de t'imaginer que cette minute tu pourras l'effacer plus tard.

Ce qu'il se passe ce soir c'est définitif.

C'est ton choix.

Et je ne serai pas le second.

 

Lott ne répond toujours pas, ne bouge pas.

 

Encore cette page blanche.

 

Tu me regardes encore comme s'il n'existait plus rien, comme si je pouvais recommencer tout depuis le début.

 

Tu m'as trop épuisée tu comprends ? Je ne peux plus écrire. Je n'arrive plus à lire. Je suis fatiguée de me mettre en colère, de pleurer et de recommencer. S'il te plait. Va-t'en. S'il te plait.

 

S'il te plait.

 

Prend la porte et va-t'en.

 

S'il te plait.

 

S'il te plait.

 

S'il te plait.

 

Lott sort.

 

 

 

 

La billetterie.

 

Wilm :

 

Qu'est ce qui t'arrive ?

 

Lack :

 

Je me suis encore ramassé.

 

Je pensais que cette fois ci ça pouvait marcher.

Je pensais que c'était plus simple cette fois ci.

Je pensais que.

Je pensais.

 

Je me suis trompé.

Je me suis encore trompé.

C'est fatiguant.

Oui c'est ça, c'est fatiguant. Je suis épuisé.

 

Je fais des efforts, j'essaie, je te promets que j'essaie, de m'attacher, de faire les choses dans l'ordre, de me laisser aller, mais ça ne marche pas. Rien ne marche. Jamais. À chaque fois je pense que ça va aller et puis je me ramasse.

 

Je suis fatigué tu sais. Je devrais peut-être arrêter.

 

Wilm :

 

Tu essayes peut-être trop fort.

 

Lack :

 

Je vais arrêter de chercher. Je vais aussi arrêter d'attendre. Je vais arrêter.

 

Je ne peux pas continuer à me ramasser à ce point, je veux dire, je ne pense pas que je vais tenir le choc tu sais.

À chaque fois c'est comme une ride de plus, comme un bleu de plus. Il ne restera bientôt plus grand chose de moi qui n'ait pas été usé tu sais.

 

Est ce que je peux me reposer un peu tu crois ?

Est ce que c'est grave si on dit que je reste seul un peu ?

On ne m'en voudra pas trop si je décide de ne pas aller dans le même sens que tout le monde ?

 

Wilm :

 

On ne t'en voudra pas, mais je ne suis pas sûre que tu tiennes longtemps.

Mais repose-toi un peu.

 

On finira bien par trouver une solution non ?

 

On finira bien par trouver quelqu'un qui veut bien rester, nous aussi.

 

On finira bien.

 

Intermède 4

 

Loyale :

 

Quel sérieux… Vous le sentez ?

 

Le dénouement. Le changement. Le point de bascule.

 

Il y a toujours ça dans les films et les livres. Un instant où l'on ne revient pas en arrière, où tout a changé.

J'aime bien ces moments là.

 

Ici, devant vous, en direct dans notre cirque humain, il s'est passé beaucoup trop de choses. On aurait presque envie de vous laisser en plein suspens, un peu comme entre deux saisons d'une série folle.  Après tout ça, ils ne vont pas en rester là, non ?

 

Ce serait sadique un peu, de vous laisser comme ça.

 

CHOUCHOUS, BEIGNETS, POPCORNS !

 

Vous prendriez bien un peu de sucre et de graisse pour tenir le choc non ?

 

Mais ne vous faites pas d'illusions. Notre spectacle se terminera, et vous aurez une conclusion. L'auteur y travaille. Mais l'histoire continuera après ça. Une fois les gradins évacués, une fois le chapiteau tombé, le maquillage effacé et les costumes rangés, l'histoire continue d'avancer.

 

Mais ça ne fera plus partie du spectacle.

 

 

 

Le vendeur de barba papa.

 

Lack :

 

Je ne suis pas sûr de ce qui arrive.

 

Je veux dire, ça n'était pas arrivé avant.

 

Je ne sais pas trop comment réagir.

 

Je crois que je suis avec quelqu'un.

Quelqu'un qui m'a trouvé ou j'ai trouvé quelqu'un je sais plus trop comment on dit.

 

J'ai voulu être pragmatique au début, ne rien exagérer, ne pas me lancer dans de grands projets, dans des conjectures folles.

Le pragmatisme, voilà ce qui m'a sauvé sentimentalement parlant ces derniers temps. Jamais je ne m'emballe. J'analyse les faits, de façon froide et détachée, et puis je tire mes conclusions, je fais un jeu de mot et met mes lunettes de soleil, tel un véritable expert de la télé.

 

Ouh yeah.

 

Je ne me mettais plus en colère.

Je ne m'impliquais plus.

Ça allait mieux.

Rien ne durait, et c'était ce qui me sauvait.

Et puis ce matin j'étais incapable d'analyser.

C'était fini.

 

J'étais en face de cette personne et toutes mes capacités de méfiance, de prudence, de recul, tout était anéanti.

 

Et ça ne faisait pas mal.

 

Et c'était simple.

 

Et je ne comprends pas ce qui arrive.

 

Je ne comprends pas, mais je n'ai pas peur.

 

Je ne comprends pas ce qui arrive, mais ça va.

 

 

 

Les saluts

 

Mays :

 

C'est bien qu'on ait pu se rencontrer de nouveau. Ça faisait longtemps.

 

On va pas dire qu'on se manquait, ce serait malvenu, et puis un peu hypocrite, mais c'est bien.

 

Je suis contente de savoir ce que tu deviens. Que tu vas bien, que tu as rencontré d'autres personnes, que tu as avancé, tout comme moi un peu.

 

Moi ? Après toi j'ai été mal, j'ai été triste, j'ai été en colère, et puis j'ai eu peur, j'ai eu mal encore, j'ai eu honte, je t'ai pardonné, j'ai fait des bêtises, je me suis pardonnée.

 

Quand j'y repense ça a été ridicule. J'ai été avec des hommes plus jeunes parce qu'ils me rappelaient le toi du début, celui qui m'aimait fort, de façon angoissée et angoissante. J'ai été avec des hommes plus vieux, il parait qu'il faut que j'aille voir du côté de mon père pour ces histoires là, ou des dramaturges grecs. J'ai été avec des hommes dont je ne me souviens plus du nom et parfois à peine du visage, juste d'une odeur, l'alcool, la sueur et la cigarette froide. J'ai crié partout que je renonçais, que c'était pas pour moi, que j'abandonnais, que je ne voulais que m'amuser, et que je laissais cette vieille serpillère qui me servait de cœur au rebut, loin, tant pis pour eux, ils savent pas ce qu'ils perdent. J'ai menti bien sûr. Tu me connais. Je tombe en pâmoison bien trop facilement. J'ai encore été blessée, une fois, deux, plus, je ne sais plus. J'ai renoncé et recommencé encore des centaines de fois j'ai l'impression. 

 

Et puis ça s'est calmé. Doucement.

 

Comme une bouteille jetée à la mer qui finit enfin par s'échouer. Je savais plus trop ce que je faisais là, ni pourquoi j'avais été si en colère et si agitée, mais maintenant tout allait mieux. Je me suis posée un temps, sage, seule, et puis je suis repartie normalement. 

 

Et ce qu'il s'est passé ensuite, c'est à moi, toi tu n'as plus besoin de savoir.

 

Lott:

 

Je suis content que tu sois venue. Je ne savais pas si c'était déjà le bon moment. Je suis rassuré.

 

C'est pas que j'avais envie de te voir en fait, juste l'occasion me semblait bonne. Et je me demandais un peu comment tu allais.

 

Au final tu avais raison. L'autre c'était trop tard. Et au final tu avais tord, on aurait jamais été mieux si on était restés tous les deux. 

 

Moi ? J'ai été mal, j'ai été triste, j'ai été en colère, j'ai eu honte et peur, j'ai eu mal encore, Je nous ai pardonné, enfin à toi surtout au début, et puis moi aussi à la fin.

 

Je suis tombé amoureux plein de fois, trop de fois, au final ce n'était jamais juste. Je les ai comparées tellement souvent, elles ne résistaient jamais autant que toi, je me demandais comment tu avais fait pour tenir toutes ces années. Et puis le jour où j'ai compris pourquoi et comment tu avais tenu, j'ai voulu te rappeler. C'était bête et égoïste. Aller vers quelqu'un qui m'avait accepté si fort et sans concession, tout en sachant que ça ne recommencerai jamais. Alors je suis resté là, à me demander qui appeler. Je suis resté là à me demander qui appeler pendant des mois, des années. Et puis le jour où j'ai su, ce n'était pas toi, et c'était très bien comme ça. 

 

Oui c'est ça. C'est très bien comme ça.

 

Je ne promets toujours pas l'éternité, je ne l'ai pas, mais je me concentre sur ce bout de chemin sous mes pieds, là, et ça va très bien comme ça. Je suis en rééducation je crois. Et je suis ma propre infirmière pour une fois. 

 

J'aime bien ça. Et voilà. Le reste de ce qu'il se passe, les tourments actuels, les joies, les bêtises, au final je vais te l'épargner, tu n'as pas besoin de savoir tout ça.

 

Mays :

 

J'ai envie de rire. Maintenant que tout est passé, je trouve tout ça très drôle.

 

Lott :

 

Tu... Tu trouves ça drôle ?

 

Elle commence à rire, il se met à rire aussi. Lorsque le fou rire s'arrête, ils se regardent en souriant, et s'en vont.

 

 

 

 

Les coulisses

 

Wilm :

 

Un jour j'ai disparu.

 

 

Les gens n'ont pas bien compris comment et pourquoi ça c'était passé, mais j'ai disparu.

 

J'imagine qu'il y a eu des pleurs, des colères, peut-être même du désespoir.

 

En fait je n'imagine pas, je sais exactement par où ils sont passés.

 

Et puis soudain, ils ont dû s'apercevoir que ça allait mieux, et qu'ils pouvaient continuer malgré tout sans moi.

 

Oui c'est ça que j'imagine.

Que j'ai été la seule à ne pas savoir continuer.

Alors j'ai perpétué la tradition, et j'ai disparu.

Je ne vais pas mal, je ne vais pas bien.

Juste. Je suis disparue.

 

Et personne ne l'a vu venir, et personne n'a pu l'empêcher. Ils feront les comptes plus tard, se souviendront des signes précurseurs, retrouveront des écrits peut-être. Et accepterons que j'aie disparu.

 

Regardez-moi.

 

Ce n'est pas si grave.

 

Ça arrive.

 

La preuve, juste là devant vous, et dès que tout ça sera fini.

 

Là je disparais, et tout à l'heure, j'aurais disparu.

 

 

Dernier intermède :

 

Loyale apparait, souriante, un fouet de dompteur à la main. Elle ouvre grand les bras.

 

Mesdames et messieurs, ici s'arrête votre participation à cette histoire. Les pages sont tournées. Et nous avançons aujourd'hui, vers d'autres murs, et d'autres falaises.

 

Elle fait claquer son fouet 4 fois. A chaque fois, apparait l'un des personnages. Elle le fait claquer une cinquième fois, ils saluent tous. Une sixième fois, les lumières s'éteignent.

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