Je est un Autre
salem
L'homme regarde son semblable. Il le scrute, l'examine. Ses yeux sont perçants, comme si la puissance qui émergeait de sa rétine pouvait pénétrer les pores de l'autre et en examiner l'intérieur, tenter de comprendre tout ce qui peut être possible. L'homme, à défaut d'être un animal communiquant, est un animal curieux. Car il est vrai que la curiosité prime sur la communication. La curiosité naturelle, ou la curiosité voyeuriste. Tenter de comprendre. Tenter de connaître. Ou tenter de savoir. De tout savoir. Tout savoir sur l'autre jusqu'à ce que ce dernier n'ait plus aucun secret à livrer. Plus aucun secret à dissimuler. Plus une seule once d'intimité ou de jardin privé. L'étranger mis à nu. Rendu vulnérable. Tout connaître. Et faciliter la communication. La volonté de compréhension qui prime sur la communication. L'homme veut connaître l'autre avant de communiquer avec. Il faut, pour lui, renverser les barrières de la difficulté et de l'incompréhension. Dresser une lourde colonne autour de laquelle on pourrait tourner, tourner pour se scruter, tourner pour se chercher, et continuer à tourner sans pour autant chercher à se fuir. L'homme est un animal communiquant mais il a peur de communiquer. Car l'homme a peur de l'autre. Je est un autre. Autre est un je aussi mais l'autre n'est pas je il n'est pas moi. L'Autre ce n'est pas soi. Et pourtant je ressemble à autre. Parce que AUTRE est un JE. Et je est un autre. Deux entités distinctes mais semblables. Deux êtres que tout oppose mais que tout réunit. C'est compliqué. Mais c'est comme ça. Je est un autre mais il me ressemble mais pourquoi. L'homme est un animal communiquant et il veut communiquer car il veut connaître cet autre je qui lui ressemble, et s'il peut le connaître alors peut-être qu'il se connaîtra lui-même. Plus loin qu'un miroir. Un reflet hostile. Mais peut-être emplit de réponses.