Je la regarde.

mamselle-bulle

Je la regarde discrètement, du coin de l'oeil. Celle qui continue de faire battre mon coeur malgré tout.

Je la regarde se faire belle, pour une autre, une autre que moi. Et puis, discrètement j'essuie mes larmes du revers de la main.

Je l'entends rire au téléphone en parlant de cette autre que moi. Et je contiens pour son bonheur. Et je contiens.

Trou béant dans ma poitrine. Rage des pieds jusqu'à la gorge. Et si j'ai le malheur d'ouvrir la bouche. Les mots violents sortent de la sienne.

Elle va loin, loin pour me faire mal. Elle sait taper précisément là où ça fait mal.

Alors je décide de referme ma bouche. Alors je décide que plus aucun son ne va en sortir.

Et quand les larmes me montent aux yeux, je les laisse couler en cachette.

Je n'ai plus le droit d'être, plus le droit de pleurer, plus le droit de parler, je dérange, je dégoûte, je ne suis plus rien.

Je n'ai plus d'identité. Comme ça, en un claquement de doigts. Mon seul droit est celui de souffrir en silence avant qu' elle parte vraiment.

Dans les bras d'une autre. Dans les bras d'une conne. Certainement plus belle que moi. Dans les bras d'une conne que je ne connais pas mais que l'on trouve toujours conne dans ces moments là.

J'assiste impuissante au désastre. Souvenirs de mots d'amour sur l'oreiller. Souvenirs de promesses d'avenir dans le coeur.

Et tandis qu' elle se prépare, mon coeur explose doucement. Spectatrice, je suis spectatrice de ma propre souffrance et je ne peux rien faire.

À force de me faire taire et de te moquer de mes larmes tu m'as tout simplement figée.

Je ne peux plus bouger, chaque mouvement est douloureux, chaque bouffée d'air me brûle les poumons.

Me voici là, coquille vide, objet et non plus femme.

Si je n'ai rien le droit de dire, si je n'ai plus le droit de pleurer, alors, alors mon amour, je t'en prie tues moi.

Mon amour, pitié, si tu as encore quelques pulsations de côté pour ce qu' il reste de nous, alors, alors, achève moi.

Avec tout mon amour et tout mon désespoir. L'ancienne femme de ta vie.

Vas rejoindre ta conne qui l'est certainement autant que moi. Soyez heureuse pendant que je crève de douleur.

Trou béant dans la poitrine. Par pitié mon Amour, achève moi.

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