Je laisse tomber

[Nero] Black Word

La dernière chose que l'on peut abandonné, c'est nous.


La déchéance d'une existence

La chute volontaire en mon âme et conscience

À coup de liquide rouillant mon système,

Je pars avec l'esprit noyé et le visage blême

En ne pleurant que les instants perdus avant l'échéance

Où je libérerais ce monde de ma présence.

 

À travers le verre en verre dont je salue la lumière

Quand j'atteins le fond de chaque liqueur que l'on me sert,

J'entrevois le chemin imaginaire qui devrait me mener loin de cet enfer

Au moment où je tomberais une dernière fois à terre

Toujours en tenant ce verre qui me laissera un dernier goût amer.

Mon départ est pour bientôt. Je m'oublie déjà, je m'évade, je me perds.

 

Mon bras passif appuyé sur le bois de chêne massif m'encourage à rester debout,

Utilisant ses forces pour ne pas me voir traîner dans la boue.

Mais je suis à bout, et je bois encore chaque goutte alors que je suis sans un sou,

Mes paupières se font si lourdes et je deviens sourd à l'intention de tout.

Il ne reste que la stabilité qui me boude, la liqueur dans mes veines et mon cerveau qui bout

Ainsi que la moiteur humide de ma main valide qui me tient debout en soutenant ma joue.

 

Vais-je mourir cette fois-si ? Vais-je tomber dans le gouffre de la vie ?

Suis-je déjà fini en me tenant ici ? Avec ce froid, cette dégradation et mon corps meurtri ?

Vais-je avoir droit au paradis ?

Je n'entends déjà plus la pluie ici bas, pas un son dans mon ouïe. Mon dos se replie, mes yeux aussi

Et mon bras commence à faiblir. Il tremble et me supplie de ne pas m'abandonner ainsi.

Dans un dernier soupir au goût de vomi, j'entame ma chute dans les méandres de l'oubli.

 

Comme si je tombais dans un lit ou dans la nuit, dans un gouffre infini,

Ma déchéance noyée par les verres que j'ai pris s'achève ici. Sans cérémonie.

Ainsi fini, tout en poésie, la déchéance d'une vie dans un gouffre consenti

Enfin je suis rentré, chérie.

 

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