Je me fais baiser pour un rôle

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Tu l’as acheté où cette pizza ?.. Je lui demande. Attends.. Elle me fait. Il lui faut se dépêtrer avec sa bouchée avant de pouvoir me répondre. Sur son coussin et avec ses jambes en tailleur à moins d’un mètre, a-t-elle une idée de ce que signifie attendre. Avec sa jupe minuscule toute flottante et ses bas noirs, dans la lumière de l’halogène réglé en veilleuse je me régale. Elle ne porte pas de slip et elle sait que j’aime lui observer la chatte. D’ailleurs elle me l’offre généreusement à la vue.

 -          Je ne sais pas si tu connais l’Arlequin.. Elle me demande. C’est là bas que je l’ai prise. Comment tu la trouves ?..

-          Vraiment bien ;. Mais je les connais..  j’ai eu une commande de chez eux ;.

Sarah récupéra sa cigarette dans le cendrier et tira dessus.

-          Pour être honnête.. Elle reprend ;. Je ne l’ai pas payé.. Il m’en a fait cadeau le patron.. Il a pas voulu que je paie..

 J’éclate de rire.. C’est un coquin ce Malix.. Il t’a fait du grain.. Je cherche à savoir.

      - Je ne suis même pas sûre.. peut-être.. mais je ne le connais pas bien, il s’est arrêté pour discuter quelques fois quand je travaille, il me fait marrer avec sa moustache, c’est tout..

 La connaissant je ne peux m’empêcher de ressentir un pincement au cœur. Je ferais n’importe quoi pour me l’approprier, mais c’est tout simplement impossible. Trop de facteurs parfaitement terre à terre mais bien réels viennent s’en mêler. Puis je ne suis plus d’humeur à affronter la morne réalité, surtout à mon âge. Je ne suis pas amoureux fou en vérité, seulement elle me comble et je me découvre moins seul, elle rythme mon existence avec des trucs simples et naturels. M’offrant exactement ce qu’il me faut et après chacune de nos soirées intimes je me sens à bloc pour quelques jours. Je suis incapable de dire combien d’années je pourrais survivre dignement avec ce programme, mais je dois être passé maître dans l’art d’organiser ces capsules temporelles. C’est comme de respirer un ballon d’oxygène, au moins chaque fin de semaine. N’importe quoi pour reprendre des couleurs. J’accomplis simplement des petits rites, très consciemment, et je me dis que ça va aller. Je me moque ainsi du destin, je raconte à pleine voix ce que tout le monde pratique sans savoir réellement. Chez moi c’est un art  que j’ai élevé au niveau le plus épuré, une sorte de tao d’un nouveau genre, une prière mystique. Donc je  scrute entre ses cuisses pendant qu’elle grignote une part de pizza. La conversation se disjoint de nos esprits, et plus légère que nos pensées s'en va flotter dans l’air et remplace les parfums ou l’encens d’ambiance. Si j’ai laissé la musique en sourdine cela s’entend à peine.

  -tu me sers un verre s’il te plait ;. Elle me fait.

 Je lui sers le Bourgogne et m’allonge à même le sol pour lui caresser l’intérieur des cuisses. Elle se laisse faire, et termine un bout de pizza. Puis d’un trait écluse le demi-verre de vin. Je la caresse lentement et lui passe deux doigts dans le sexe sans obtenir aucune manifestation de sa part mais ça rentre dans notre petit jeu. Néanmoins elle mouille entre ses jambes au point qu’elle pourrait très bien m’avoir pissé dessus. C’est impressionnant avec elle, et cela me surprend toujours. A ce point là je n’avais jamais connu. Enfin elle se fend d’un sourire et m’attrape la main pour se la fourrer carrément. Avant de me poser la question rituelle dans la demi obscurité parce qu’elle sait que mon petit plaisir est de la faire douter

 -T’as écrit un peu ces derniers temps ?..

 Ce à quoi je ricane, un comportement qui pour elle signifie bien sûr que j’ai écrit. Mesurant même à l’aune de mes ricanements l’importance du texte que je vais lui sortir d’une minute à l’autre. Si je n’avais pas écris comme elle dit, je ne me permettrai pas de prendre le sujet à la légère, ce n’est pas sur cette base que nous nous sommes engagés. Je ne suis pas fou. Donc si je me marre ouvertement, c’est que j’ai des biscuits en réserve et la fontaine qui baigne mes doigts ne va pas s’arrêter. Ses fesses ne vont pas sécher en quelques secondes comme c’est déjà arrivé au début. Quand je m’étais imaginé que cela ne comptait pas tant que ça, pauvre innocent que j’étais alors. Je la sens fondre un peu plus, s’enfonçant mes cinq doigts. Au bout d’un moment je les retire et lui demande de patienter. Elle trouve alors à se pincer une lèvre en s’écartant à fond la chatte. Quelle exacte jouissance veut-elle exprimer ainsi ?.. je ne saurais jamais.. je peux seulement dire que l’effet est radical. La terre peut trembler et s’écrouler, cette nuit j’ai autre chose à faire. Je sors des feuillets d’un paquet informe du bureau et lui tend. Elle s’en empare sans cesser de se limer la pastille.

  -t’arrives à lire.. je lui demande. Où tu veux que je mette plus de lumière ?..

 -          Non.. c’est bon.. ouahh.. Je l’entends s’exclamer.

 Et par jeu je cherche à deviner la raison de ce cri de joie. Son cœur balance-t-il entre mon texte et des sensations lui parvenant de ses muqueuses. Un premier aperçu aurait-t-il suffi cette nuit à la mettre en transe ?.. C’est bien possible, quoiqu’avec ce que je sais de ses terminaisons nerveuses, le doute est permis. Elles sont si sensibles. Mais je ne suis pas jaloux, loin de là, c’est même tout le but du jeu. Je n’écris réellement qu’avec un seul objectif en tête,  l’efficacité. C’est mon vœux le plus cher, mon unique voie d’ascension. Sentir quelques mots toucher Une Seule Âme.. Et qu’une vraie forme d’amour me soit rendue. Considérant que chaque heure qui passe est un enfer dans le mystérieux labirynthe. Et j’y suis astreint du seul fait de porter en moi un peu du grand tout.. .

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 Donc avec Sarah je caresse la plénitude. Elle me récompense par un bonheur réel et comptant, dans un échange direct et à peu près parfait. Je n’avais pas écrit une ligne depuis dix ans. Maintenant j’écris sur commande et Je Touche Enfin des doigts.. mes droits d’auteur. Nous sommes deux intérimaires du bonheur, les inventeurs d’un nouveau commerce de la vie, des passagers clandestins qui se marrent comme des damnés à fond de cale allongés sur la paille. Des bricoleurs dans ce monde superficiel.

 -          Ecoutes Laurenn.. tu es en train de faire toute une histoire pour rien.. que ce soit  ce film ou le prochain ;. Qu’est-ce que ça peut faire..

-           -          Un silence s’ensuit et la caméra se déplace vers l’extérieur ;. Suivant d’abord la route et la falaise avant de plonger vers la mer

-           

-          Arrêtes toi s’il te plait Bratt.. je me sens pas bien.. je t’en prie arrête toi ;. Ça fait une heure que tu me traînes dans ces virages.. j’en ai marre… -

-           

-          Le visage de Bratt demeure imperturbable ;. Le plan fixe dure quelques secondes et doit rendre la violence intérieure du personnage

 Il vient de stopper la Mercedes sur une plate-forme surplombant l’océan. Laurenn sort et remonte le col de son imper.. se dirige vers un belvédère et contemple l’océan

 Au bout d’un certain temps Bratt ouvre la vitre droite et se penchant l’interpelle. Laurenn détourne à peine la tête et relève son col qu’elle maintient d’une main.

 Allez.. fais pas l’enfant.. il est temps de rentrer.. j’ai un rendez vous qui m’attend..

 Laurenn revient vers la voiture à pas lents.. les lèvres soudées.. on devine qu’elle va parler durement.

 Je ne repartirais pas avec toi.. va-t-en..  Elle lui fait.

 Tu es folle ;. Arrêtes.. il n’y a personne qui est passé sur cette route depuis que nous sommes ici.. on est hors saison qu’est-ce que tu crois ?..(l’air agacé et quelque peu indifférent..) Tu verras pas un chat..

 Ca fait deux ans maintenant que je m’offre à toi ;. Que tu me mens.. une fois c’est le producteur qui veut pas de moi.. une autre je suis trop vieille ;. Ou trop jeune ;. N’importe quelle connerie ;. Mais tu manques jamais d’imagination ;. Salaud.. deux ans de ma vie que tu me baises ordure.. mais tu t’es vu au moins.. chauve et tout de travers.. le grand Bratt.. primé à Cannes et à trifouillis les oies.. Mais Vous Savez Madame.. zé sui oun oteur.. oun po spécial… Pôvre con..

 Elle se trémousse et enrage ;. Se baisse et ramasse une pierre au sol..

 Au moins salaud.. moi.. je ne t’ai jamais menti.. c’est clair depuis le premier jour ..c’était mon cul contre …. Une toute petite chance de rien du tout.. UNE FOIS DANS MA VIE… dans ma putain de vie..

               .. tu es chauve.. tu es laid !!!..

De mon côté en l’écoutant s’exclamer et respirer j’avais presque fini par oublier ce que je faisais..

 Ouahhh .. elle fit en se mordant à nouveau une lèvre, ce qui  chez elle est vraiment très bon signe. Puis elle se laissa franchement aller contre le canapé (nous étions sur un dais étendu au sol..) ; Je l’observais dans la clarté poudreuse de la pièce. Je sentais bien qu’elle hésitait dans ses sentiments, à la fois émerveillée et séduite, et contrariée comme ça lui arrivait souvent pour des raisons imprévisibles. Je ramassais le paquet de cigarettes (je ne fume que dans ces moments intimes ;.).. et lui en offrais une, attendant sagement sur ce qu’elle avait à me dire.

 -          En même temps je trouve ça sublime ;. Elle fit.. c’est vraiment des paroles que j’aimerais lire sur mon texte.. le jour où on trouvera quelqu’un pour ce scénario.. oui.. Mais n’empêche ça me fait drôle d'annoncer que je me fais baiser pour un rôle ; Je mérite mieux que ça quand même ..

 J’allume ma cigarette et profite de l’arôme qui m’enivre toujours à la première bouffée. Je suis déjà en train de ruminer que cette idée de voir ce texte entre les mains d’un vrai metteur en scène a quelque chose de tordu.. J’ai mes raisons d’agir de la sorte. Mais ce jeu Que J’écris Pour Nous.. est tellement bon.. pourquoi tout compliquer avec des rêves maladifs. Forcément ils ne peuvent que tourner au cauchemar ?.. Si seulement les choses pouvaient rester simples et logiques.. fussent-elles mêmes les petites pierres blanches d’une toute petite vie.. Je n’en demanderais pas plus. Qu’elles se montrent logiques et respirables. J J’aimerais voir l’avenir couler sur une pente douce.. Jusqu’à l’éternité.

  -Arrêtes un peu.. Elle me fait.. et laisse moi tirer sur ta clope..

 Je lui passe et recule. La musique devient plus présente. J’écoute Boccherini. Une belle musique luxueuse et bon marché. Elle me balance une grimace réellement obscène, j’adore quand elle devient à moitié dingue de la sorte et mélange tout. Comme elle est capable de se laisser mourir par manque de rêve et d’émotion. Sarah est seulement dingue à mi temps, et pour moi qui n’ai jamais vécu à temps complet, c’est presque une aubaine qu’elle puisse exister. J’aime après tout cette vie d’intérimaire. Elle me fixe vicieusement, assez pour me chauffer un peu plus encore.

-Mais tu m’avais pas parlé d’une surprise. Je lui demande. Me doutant que c’est à ça qu’elle voulait en arriver.

 - Regarde dans mon sac.. Elle me fait.

 Je sais que la surprise est forcément sexuelle. Ce ne sera pas la première fois qu’elle me fait le coup. Mais cette nuit elle a l’air très contente de son cadeau. J’aperçois immédiatement la boite dont il s’agit quand j’entrouvre son sac en osier. Puis je devine rien qu'au poids de quelle genre de cadeau il peut s’agir. Il faut dire qu’après plus d’un an je commence à connaître ses goûts.

Elle écarte un peu plus ses jambes encore, bien tournée vers moi, et allume un pétard sorti d’une de ses poches. Après quoi elle reprend la lecture en faisant un peu comme si j’avais disparu.

-          Laurenn lève la pierre et donne l’impression de viser Bratt au travers de la vitre.. puis à l’improviste se retourne vers le large et jette la pierre au loin. Elle s’éloigne de la voiture et marche à pas rapides sur la route. Bratt démarre la Mercedes et la suit à une dizaine de mètres. Laurenn allume une cigarette et fume nerveusement. Parfois elle semble essuyer des larmes. Au bout d’un moment elle souffle très fort et revient vers la voiture, ouvre la portière et reprend sa place sans dire un mot.

 -          Gros plan sur son visage, pour laisser deviner une colère froide et des plans secrets.. ; Regard furtif et inquiet de Bratt.

  -          Nous sommes chez Lorenn à l’intérieur de l’appartement. - Clair obscur.  - La sonnette retentit à plusieurs reprises, et se fait insistante.  – Traveling sur le couloir jusqu’à la chambre  - et Dans son lit Lorenn tente d’émerger.

 -          ça va.. ça va ;. Calmos là bas.. Mince ;. Quelle heure il peut être.. long soupir.. Beaucoup de mal à se réveiller et doit se protéger les yeux d ‘un vague rayon de soleil au travers du volet mal fermé.

 -          J’arrive.. pas le peine de s’énerver.. – nouveau et long coup de sonnette – Mais qui c’est ce con.. putain (rageur..).. – coup d’œil sur le réveil ;. – oh.. non ;. Onze heures.. elle se rallonge.. puis se décide enfin à se lever en courte robe de nuit et dans cette tenue va ouvrir la porte.

   -     Oui.. Elle fait dans l’entrebâillement de la porte.

 -          Un homme mûr tenant un papier à la main oublie de lui répondre en fixant ses seins. – elle soupire et d’une main referme sa robe de nuit.

 -          Madame Déclat ?..très bien ;.  Guillaumène ;. Huissier.. c’est pour le loyer de votre appartement  qui n’est plus payé depuis trois mois..

 -          C’est pas vrai.. mais qu’est-ce que c’est que ce délire ?..

 -          Oui madame, c’est pas du tout un délire.. voici la sommation..

 -          Mais pourquoi à moi,.. C’est pas moi qui le paye le loyer de cet appart.. renseignez-vous.. c’est monsieur Bratt Kaplan..

  - Je suis désolé madame.. la sommation de payer est à votre nom.. vous avez huit jours pour régler la dette ou nous devrons procéder à l’expulsion..

       La pauvre.. Fait Sarah mais ça n’est évidemment pas dans le texte. Considérant juste que ce qui arrive à Lorenn est triste et injuste. Nous partageons le pétard sans nous attarder davantage. Sans que ma main gauche qui s’occupe du vibro n’en perde une miette. Un modèle très spécial transparent qui se rétracte et s’allonge en plus des vibrations. Je l’ai commandé sur un site que j’ai découvert il y a quelques jours !!.. ;

   Elle me souffle.C’était déjà le troisième ou quatrième qu’elle me ramenait. Pour Pimenter un peu Nos Petites Soirées.. Comme elle m’avait dit la première fois. Mais je dois reconnaître que cette fameuse première fois j’avais bien préparé le terrain avec une chouette discussion portant sur les joies de l’équipement en matière érotique.. C’est l’Epoque qui Veut Ca.. Avais-je réussi à caser dans sa jolie petite tête.

Avant de vérifier qu'elle était drôlement portée sur la question.

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 Je me branle des heures entières quand je sais plus trop quoi faire de ma vie.. Elle m’avait avoué. C’est peut-être encore ce qu’il y a de mieux comme contrepoison avec ces maudits destins qu’on s’est fait refiler..

 Tel fut mon avis. Bref. Sarah est une belle gonzesse qui adore se branler et je suis sacrément verni.. Je me suis dit. ..

                  http://www.youtube.com/watch?v=xtmVTfGJUzA 

                    http://www.youtube.com/watch?v=I4U1B0c6l_w&feature=related

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