Je ne le savais pas encore

mabe

JE NE LE SAVAIS PAS ENCOR

 Procrastination ! Voila un beau mot pour me déculpabiliser de mon incapacité à rédiger mon article.

Attablée devant mon ordinateur, rien. Rien la page blanche ! Rien ne se passe ! Impossible d’écrire. L’inspiration est en berne. Je n’ai rien à dire sur ce livre.

« Léa, t’oublies pas, il te reste 24 heures pour publier ta critique littéraire ?

-Je sais. ».Je sens le stress monter.

- T’as pas oublié ton interview avec Pier Paolo Garcia ? Il est à Paris en ce moment, faut pas le rater, il parait que son dernier livre fait un carton en Espagne.

- Merci mais c’est déjà calé !

- Super »

Lui, c’est Virgile, le directeur du web magazine pour lequel je travaille spécialisé dans la littérature. Toujours pressé, Virgile affectionne son magazine comme si c’était son bébé, il est tout pour lui.

Je me suis souvent demandé quelles frustrations, désillusions l’avaient amené à l’investir autant.

Discret sur sa vie privée, je ne sais pas grand-chose de lui, enfin pas plus que ce qu’il m’a dit lors de l’entretien de recrutement.

Après des études de commerce, il avait souhaité se consacrer à l’écriture. Mais devant son peu de succès auprès des éditeurs, il a décidé de créer son propre magazine web et sa web maison d’édition. Il avait su surfé sur la vague des nouvelles technologies, à défaut de talent, il avait eu le flair pour lancer de nouveaux concepts. Devant le succès de son entreprise, d’autres l’ont imité. Nous n’étions plus les seuls sur le marché, il nous fallait continuer à être les meilleurs.

C’est alors que Suzanne déboule dans mon bureau.

« T’as la trame de ta critique ? Tu parles de quel écrivain et tu penses la rendre dans combien de temps ? Bon parce que tu sais qu’avec la mise en page à prévoir, t’as plus beaucoup de temps. »

Elle se dirige vers la porte, elle va partir. Je compte jusqu’à cinq, bingo ! J’ai une fois de plus gagné ! Ce n’était qu’un faux départ, elle revient.

« Au fait tu déjeunes où ? En fait penses tu déjeuner à l’extérieur ?

Inutile de répondre, elle est déjà repartie mais cette fois-ci, c’est la bonne.

Suzanne est la rédactrice en chef. C’est un petit bout de femme brune, la cinquantaine séduisante et énergique. A toute personne qu’elle croise de près ou de loin, elle diffuse son incroyable vitalité. D’après Yvon, elle est capable de remettre sur pied un troupeau de zébus. Cela l’a fait rire quand il le lui dit. En fait, elle se sent flattée.

Sa particularité est de rentrer comme une trombe dans votre bureau, de vous assaillir de mille questions à la fois dont elle n’attend aucune réponse. Après un premier départ, elle revient souvent pour rien mais cela fait parti du rite.

J’ai intégré ce webzine grâce à mon blog, j’y postais mes critiques. Virgile l’a remarqué, m’a appelé, m’a invité, m’a embauché. Il aimait ma plume, mais la trouvait parfois caustique.

« Vous ne vous rendez pas compte Léa de la difficulté d’écrire

- Alors il vaut mieux s’abstenir.

- Pas forcément, l’acte d’écrire engage ce que vous êtes et parfois les mots sont insuffisants pour exprimer ce que vous ressentez vraiment, Léa.

- Je sais la difficulté de trouver la palette des mots mais vraiment certains feraient mieux de

- A vos yeux, mais il faut aussi leur donner une chance, car au fond c’est le public qui décide »

La douceur de son regard, de son timbre de voix me touchait et je sentais que j’allais craquer. Mon cœur s’étreignait, mes yeux me piquaient, impossible d’évoquer la fumée de cigarettes, j’allais pleurer. Je réfléchissais à ce que je pourrais dire si des larmes venaient à couler, une allergie à mon khôl. Mais ce fut inutile, je fus sauvée du mensonge grâce au serveur venu nous apporter le dessert.

« J’aimerais comprendre pour quelles raisons vous souhaitiez me rencontrer si vous trouvez mes critiques de livres si sévères ? »

Il sourit et une fossette se dessina sur sa joue droite ce qui lui donnait un charme fou. Avec ses cheveux blonds bouclés et ses yeux bleus, il ressemblait à un étudiant en lettres. J’avais l’impression de retrouver les bancs de la Sorbonne et nos discussions de « lettreux » sur ce qui faisait un auteur ou pas, une œuvre littéraire ou pas.

«  En fait, j’étais curieux de savoir qui se cachait sous le nom de Miranda. Au début, je me suis dit que c’était une allusion à celle du « Diable s’habille en Prada » de Lauren Weisberger. Que comme elle, cette Miranda littéraire voulait faire la pluie et le beau temps des auteurs. Une plume acérée, parfois caustique limite méchante. Puis je me suis dit que ce devait être une femme aigrie, déçue par la vie, qui réglait ses comptes.

- Et alors ?

- Je ne sais pas encore !

- Alors ça ! Permettez moi de vous dire que c’est vache !

- Un peu comme vos critiques

- On dira 1 partout

- Je me suis rendue compte que vous aviez les mêmes avis que certains critiques confirmés. J’ai commencé à vérifier si vos propos étaient justes en lisant les livres et j’ai constaté que je partageais souvent votre avis. Et quand m’est venu l’idée de créer un webzine et une webedition j’ai pensé à vous. Je voulais savoir qui vous étiez. Mais je maintiens à dire que si votre regard est souvent juste, votre plume peut être assassine et c’est ce qui m’arrête.

- Vous hésitez à m’intégrer ?

- Oui, ce que je veux dans mon projet, c’est donner la chance à chacun. Permettre à des auteurs inconnus de se lancer, d’émerger. Je connais trop bien les maisons d’éditions qui ont pignon sur rue »

Il avait lui-même souffert de ses remarques cinglantes lorsqu’il envoyait ses manuscrits alors qu’il avait tant mis de lui-même sur ses pages blanches. Il y a des façons tellement plus douces de dire les choses. C’est ce qui lui était arrivé, et c’est ainsi qu’il avait compris que son talent était ailleurs. Qu’il pouvait mettre son amour des mots et des lettres dans des projets innovants.

Qu’avais je à lui répondre ? A part, je sais. Depuis que Gautier m’avait quittée, j’étais devenue amère en toutes choses.

« Je vous propose de faire un essai ».

J’avais accepté et j’étais restée.

Le dîner terminé, nous étions sortis de ce bistrot du quartier latin. La nuit était claire et douce parsemée d’étoiles, nous longions les quais, en silence, nous n’avions rien à nous dire. Puis arrivés à la hauteur du Pont des Arts, Virgile m’a laissée et j’ai continué jusqu’à chez moi.

En passant devant la loge de la concierge, celle-ci déboula de chez elle :

« Mademoiselle, Ah ! Je suis bien contente de vous voir. C’est que je vous ai attendue toute la journée, j’ai un colis pour vous.

- Un colis ?

- Oui, c’est un monsieur qui est venu l’apporter ce matin et qui m’a demandé de vous le remettre en mains propres 

- Ah bon ?».

- Attendez un peu que j’aille le chercher.

- Cela aurait pu attendre demain, il ne fallait pas veiller.

- Oh ! Mais pas du tout ! Je regarde toujours la télé très tard »

C’était un colis dont je reconnaissais l’écriture. Gautier s’était enfin, décidé à envoyer mes livres. Cela faisait UN AN que je les attendais, juste Un an depuis notre séparation.

Pas un mot d’excuses pour les avoir gardés si longtemps, c’est d’ailleurs ce qui me hérissait le plus chez lui, c’était cette façon de s’approprier ce qui ne lui revenait pas et de s’en saisir comme si c’était à lui. Je sentais la colère montait en moi, je revoyais tous ces moments de mauvaise foi. Il m’avait fallu du temps pour le quitter, j’avais été très éprise de lui et je pensais que cela passerait mais au fil du temps, je me rendais de plus en plus compte que nos différences loin de nous rapprocher nous séparaient.

La première fois que je l’ai vu, je fus subjuguée par sa répartie, son esprit vif, il était beau et intelligent, je l’aimais. Nous avons vite vécu ensemble, la vie avec lui était au début drôle, pleine de fantaisie, d’imprévus puis, elle a commencé à s’enliser. Nous avons essayé de rallumer la flamme et pour qu’elle ne s’éteigne pas totalement, nous avions même décidé de reprendre chacun un appartement et de se donner des rendez-vous. Mais cela n’a pas fonctionné, quelque chose sonnait faux. Gautier aimait plaire, fuyait les relations quand elles l’impliquaient trop, ne voulait pas se projeter dans l’avenir, seul le moment présent comptait. J’ai fini par m’ennuyer, à comprendre que nous n’attendions pas les mêmes choses de notre relation. Celle-ci, au fil du temps était devenue compliquée. Je me suis lassée, ni l’un ni l’autre n’était assez courageux pour mettre un terme à nos trois années passées ensemble alors j’ai pris l’initiative.

Cela faisait mal, j’ai eu mal, nous avons souffert. Nous n’avions plus vingt ans et l’insouciance des jeunes amours.

Je redevenais une Bridget Jones, cela m’angoissait, rien de plus déprimant que les soirées pizzas/DVD avec mes poissons rouges ; Et même si je n’étais pas prête à me jeter dans les bras d’un nouvel amour, je restais optimiste sur la suite de ma vie sentimentale.

            Généralement avec Suzanne, nous déjeunons sur le pouce. Mais ce jeudi midi, nous avions convenu de prendre le temps d’une vraie pause déjeuner. Suzanne est une femme bavarde, qui sait tout sur tout et dit tout sur tout. Virgile s’appuie beaucoup sur elle, pour sa confiance en la vie et surtout pour ses expériences au sein des plus grandes maisons d’édition.

A peine, installées, elle me prévient :

« Léa, Virgile va te donner un livre à lire et je pense qu’il attend de toi une critique positive.

- Ah bon pourquoi ?

- Parce qu’il a flashé sur un auteur.

- A quel niveau ?

- Plutôt littéraire.

- Ça t’énerve Léa, je sens que cela t’énerve.

- Oui et profondément ».

Oui, ce qui m’énerve, m’exaspère chez Virgile c’est cette façon d’influer sur mes critiques pour lancer ou faire valoir, un auteur dont il est tombé amoureux. Un petit coup de pouce mais peu importe le style, l’histoire.

« - De qui s’agit il ?

- Marc Davisson.

- Qui ? » Je m’étouffe

- T’as bien compris Marc Davisson.

- Mais j’en ai déjà parlé !

- Et tu n’as pas aimé, Virgile le sait aussi mais

- Il veut me convaincre.

- Exact».

Marc Davisson, celui qui voudrait que tout le monde parle de lui mais dont personne ne parle. Celui qui se prend pour un américain à Paris quand il est aussi français que moi.

« En parlant d’auteur, je viens d’en découvrir un, Antoine Dupas et les « Rizières américaines ». Une histoire d’amour sur fond de guerre d’Indochine entre un soldat américain et une indochinoise, ça fait penser à Pearl Buck version moderne. Génial, j’aimerai le proposer au comité de lecture »

Dans mon métier, ce que je préfère est la découverte d’auteurs nouveaux, trouver la pépite, celui dont on pressent qu’il a l’étoffe d’un écrivain voire d’un grand écrivain.

Quant à Marc Davisson, je ne comprenais pas l’obstination de Virgile à vouloir me convaincre de son talent. Cela me le rendait déjà antipathique alors même que je ne l’avais jamais rencontré

A notre retour, Virgile m’appela. Suzanne me fit un clin d’œil juste avant d’entrer dans son bureau.

« Léa, j’aimerai que tu ailles au salon des « Grands Voyageurs » à Saint Malo, je viens de réserver tes billets de train et une chambre. Tu pars ce week end.

- On s’ouvre à l’exotisme cette année ?

- Évitons les cloisonnements littéraires, c’est très mauvais.

- Et quelle est ma mission ?

- Repérer, chercher un nouvel auteur et voir si on peut le publier.

- Comme d’habitude en somme ?

- Comme d’habitude ! Rien de neuf en la matière.

- Je vais seule ?

- Oui, je ne t’accompagne pas.

- C’est sympa d’avoir prévu mon week-end.

- Saint Malo te fera du bien. Au fait, pour le voyage, je t’ai prévu de la lecture.

- Moi aussi,

- Qui ?

- Antoine Dupas, génial un Pearl Buck des temps modernes, je suis sure tu vas adorer. »

Et avant, qu’il ne réponde, je lui dépose sur son bureau le livre et me dépêche de tourner des talons.

A moi, donc Saint Malo, ses remparts et ses embruns, ses moules et ses grands voyageurs. Génial ! Mais seule !

Gare Montparnasse, guichet G un vendredi soir, veille d’un long week-end, le meilleur moment pour s’évader de Paris, pas trop de monde et surtout pas de queue !

Les billets de train étaient réservés mais pas parvenus au bureau, quelques minutes dans la file d’attente, rien de tel pour vanter les qualités de la Province.

Une petite fille commence à s’énerver, une maman rappelle ses enfants et là-bas, des jeunes qui essaient de gruger un tour, je les observe amusée, mine de rien, ils parviennent à se placer et ils gagnent quelques places non méritées.

Enfin, parvenue au guichet, et au moment de récupérer mes billets le guichetier me demande :

« - Vous êtes Madame Léa Desbordaux?

- Oui, pourquoi ?

- J’ai une enveloppe pour vous ?

- Une enveloppe ? Vous faîtes la Poste désormais ?

- Prochainement, nous faisons une expérimentation. » Il me tend l’enveloppe et avec un sourire qui se veut complice et un clin d’oeil,

« Il doit tenir à vous pour que vous ne l’oubliez pas ». C’est le genre de remarques que je ne supporte pas, aucune réaction de ma part, juste l’envie de lui enfoncer sa casquette sur la tête.

Installée confortablement dans mon siège, je souffle et ouvre l’enveloppe, j’en crois pas mes yeux ! Le manuscrit de Davisson et un mot de Virgile. C’est du harcèlement littéraire ! Face à une telle pression je referme l’enveloppe et ne donnera pas suite, après tout qu’il fasse lui-même l’éloge glorieuse de Davisson.

Je profite de ce voyage pour me détendre, rêvasser, laisser flotter mon regard par ci, par là, observer les gens, imaginer les histoires de leur vie, des brins de vie. Cette femme assise près de ce monsieur, est il son mari, son amant ? Ce couple face à moi, dont la femme essaie de convaincre l’époux de se reposer alors qu’il n’en éprouve pas le besoin. Il lui cédera pour préserver sa tranquillité,et fera mine de dormir. Mes yeux me piquent, Morphée passe et je m’endors.

Arrivée à Saint Malo, le cri des mouettes, les odeurs de varech, la mer ne doit pas être loin, un air de vacances.

Direction l’hôtel Mercure, vue sur la plage, le soleil ; que du bonheur !

Ma chambre est spacieuse, lumineuse, je sens que je vais pouvoir me reposer et en profiter. Profiter de ces moments de dépaysement, loin de l’agitation parisienne et contempler ce paysage. La mer couleur Émeraude ne fait pas mentir la réputation de Saint Malo.

Je chausse mes tennis et ne résiste pas à l’appel de la plage pour sentir, ressentir la liberté et me dépenser.

Je m’apprête à fermer ma chambre quand j’entends derrière moi :

« Encore vous ? »

Je me détourne, non je n’en crois pas mes yeux ! Le goujat du TGV ! Je fais celle qui ne le reconnaît pas.

Que fait il ici ? Et en plus au même étage que moi ?

Je me sens agacée et j’espère que mon jogging m’apaisera. Je ne me laisserais pas gâcher mon week-end par sa présence, d’ailleurs, je resterai zen et je le suis déjà. Cela s’appelle de l’auto persuasion. Mais après tout cela peut fonctionner.

Le goujat du TGV, je l’ai rencontré au wagon bar. Je m’apprêtais à sucrer mon thé, quand je m’entends dire :

« - C’est le genre de choses, qu’une femme devrait éviter». Je le fusille du regard.

« - Je vous ai vexé ? »

Le silence glacial et méprisant est de mise dans ces situations, je quitte le wagon. Oui, je suis vexée, horriblement vexée et même très en colère. Non pas que ma taille 38 soit remise en question mais parce que ce sont des façons de faire qui justement ne se font pas. On n’aborde pas une femme si c’est pour avoir des paroles désagréables, je rêve ! Oui, j’ai un côté vieux jeu, j’aime la galanterie. J’ai eu affaire au type même d’homme sorti tout droit du Muséum d’Histoire Naturelle, section caverne. Et je me retrouve dans le même hôtel que lui !!

Mon jogging terminé, je retourne à l’hôtel prendre une douche, me reposer avant de repérer le salon des Grands Voyageurs.

La solitude me pèse, personne auprès de qui débriefer, juste mon blog mais ce soir je trouve cela triste. Je n’ai pas envie de dîner, pas envie de me retrouver seule à ma table, et de me faire draguer.

Bridget Jones quand tu me tiens ! Je t’imite, bon pour une soirée écran plat !

Le salon des Grands Voyageurs est un événement important dans la vie littéraire car tourné vers les voyages, il accueille beaucoup d’auteurs étrangers. C’est également le moment propice pour rencontrer des maisons d’éditions, toutes celles dont on ne parle pas forcément.

Sillonner entre les allées, s’arrêter au gré des rencontres, parfois, juste l’appel d’une couverture attrayante pour engager la conversation.

Je stoppe net, je n’en crois pas mes yeux. Derrière son stand, le Goujat du TGV mais qu’est ce qu’il fait là ?

J’oblique et me trouve nez à nez avec Paolo Garcia :

«Léa, qué placer de vous encontrar[1] !

- Señor Garcia, quelle surprise !

- Si, qué sorpresa[2] ! Vous venez pour le travail ; c’est lé beau Virgile qui vous envoie, qué guapo hombre [3]!

- Vous venez comme écrivain ou spectateur ?

- Ye souis venu accompagner un amigo[4] très cher. Oui, c’est la première fois qu’il participe à un salon du livre comme auteur, alors ye viens le soutenir.

- Belle preuve d’amitié.

- Si, pace que c’est dour pou lui. Pero[5] vous, Léa que devenez vous depuis l’interview ?

- La routine, lecture, lecture et encore lecture.

- Et amor, Léa. Porqué[6] ce petit sourire Léa, c’est la vida l’amor c’est pour cela que nous écrivains, on écrit sinon cela ne sert à rien.

- Encore faut-il le vivre l’amor !

- Ye ne sais pas comment le comprendre.  Et il fronce des sourcils

- Vous êtes sola ? Alors il faut venir manger avec moi et mon amigo, de accuerdo[7] ?

- De accuerdo.

- Je vous télèfono ».

Paulo Garcia est un homme chaleureux, enthousiaste dont la présence me donne la joie, et pour ne rien gâcher, il est drôle. Généreux et altruiste, je ne suis pas étonnée qu’il soit venu encourager un de ses amis, dommage qu’il ne m’ait dit de qui il s’agissait peut être qu’à ma façon, je pourrai lui donner aussi un petit coup de pouce.

« - Décidemment, c’est le Destin qui le veut ? »

Le Goujat du TGV, au secours, je n’ai pas pu l’éviter !

« - Je ne dirai pas ça en ce qui me concerne.

- Que diriez-vous ?

- Que le sort s’acharne contre moi.

- Terrible, c’est terrible. Je me présente.

- Inutile cela ne m’intéresse pas » et je le laisse abasourdi. Il ne doit pas avoir l’habitude.

Tout au long de la journée, j’ai essayé de le fuir et de comprendre les raisons de mon malaise avec lui, à la fois, je me sentais attirée et en même temps stressée. Virginie serait là, je suis certaine qu’elle me dirait « il vient faire résonner quelque chose en toi ». C’est l’avantage, d’avoir des amies psys dans son entourage. Toujours prêts pour une explication psy, là où vous n’en voyez pas et à vous inviter à une introspection, cette fois-ci, cela n’a rien voir avec ma relation avec mon père ou avec ma mère.

« Excusez –moi de vous avoir bousculé.

- Je vous en prie.

- Je suis désolée, j’ai tâché votre chemise.

- Ce n’est rien, que du café.

- Léa Desbordaux.

- Antoine Dupas.

- Celui des « Rizières Américaines » ?

- Lui-même.

- J’ai adoré votre livre si émouvant, romantique et vrai.

- Je vous remercie, je vous invite à prendre un café ?

- Ce devrait être moi, pour me faire pardonner ma maladresse !

- Ah ! Non. Je vais vous paraître vieux jeu, mais je trouve que c’est à l’homme d’inviter une femme, surtout quand elle est jolie ! ».

Cela me changeait complètement de l’attitude de Goujat du TGV, j’avais face à moi Monsieur Raffiné tout droit sorti d’un manuel de savoir-vivre. Il était charmant et je passais à ses côtés un moment délicieux. Il était aussi délicat que son livre.

Ses manières étaient raffinées, je succombais à son charme, enfin presque, j’étais gênée par le timbre de sa voix, un peu nasillarde. Parfois, un détail suffit chez moi à stopper tout sentiment amoureux. Je peux trouver un homme, délicat, attentionné et  plein d’humour si quelque chose cloche dans son physique, toute tentative de séduction devient vaine.

Mon amie Vanessa me trouve trop exigeante, d’après elle, je cherche la perle rare.

« Léa, la vie n’est pas dans les romans que tu lis, les héros ils sont dans les bouquins pas dans la vie, le réel, celle où tu te confrontes aux autres, leur mesquinerie, petitesse mais aussi grandeur. A ce rythme là, tu vas rester vieille fille longtemps ».

Vanessa exagérait souvent, pendant longtemps, cela était faux. J’avais été en couple avec Gautier et j’avais conscience que la vie n’était pas dans les livres. Seulement dans les  livres, les défauts sont sublimés dans la réalité, il faut les supporter ! Et la différence est là.

Je n’avais recroisé de la journée, le Goujat du TGV.

            Il était 8 heures 30 quand le téléphone a sonné. Ce n’est pas humain de réveiller si tôt les gens. On devrait les verbaliser pour manque courtoisie sauf en cas d’urgence.

Pas le temps de dire allô que je reconnais la voix :

« Je parie que je te réveille ? Tu devrais être déjà debout pour profiter de la plage, au lieu de rester au lit ! T’es sortie ? C’est ça ?

- Ouais.

- Allez raconte ! T’as rencontré un beau breton entre deux crêpes et bolées de cidre ?

- Clichés ! Qu’est ce que tu veux Vanessa ?

- Que tu me racontes ton séjour à Saint-Malo, ça fait deux jours que tu n’as pas appelée, alors je m’inquiète.

- De quoi ?

- De ta vie sexuelle et affective.

- Faut pas.

- Mais si, il le faut. C’est fait pour ça les amies pour prendre soin des unes des autres. Alors ? As-tu fait La rencontre qui va bouleverser ta vie ?

- Non, t’es déçue ?

- J’ai raison de m’inquiéter.

- Où d’être curieuse ?

- Léa, on se connaît depuis le lycée, on s’est presque toujours tout dit, pourquoi voudrais tu que cela change entre nous ?

- Parce que nous ne sommes plus au lycée.

- Léa, ne dis pas ça. »

Pour satisfaire la curiosité de Vanessa et pour préserver ma tranquillité, je lui raconte l’épisode avec le Goujat du TGV et garde pour moi, l’effet qu’il me produit, elle serait capable de l’interpréter en répulsion/attraction, présage d’un grand Amour. Vanessa raccroche à peine rassurée sur l’état de ma vie amoureuse.

Encore sous le charme de la soirée d’hier soir, je suis sur mon petit nuage. Maintenant que je suis réveillée, je vais en profiter pour suivre les conseils de Vanessa, c’est ma dernière journée à Saint Malo, je vais aller me promener sur la plage.

Vivifiée, tonifiée par l’air marin, j’ai une faim de loup, un bon petit déjeuner me fera le plus grand bien et pour ne pas perdre une miette du Sillon, je vais le prendre dans la salle des petits déjeuners. A part, les quelques lève-tôt, la salle est déserte.

« Excusez-moi, de vous interrompre dans vos méditations mais j’aimerai vous parler? ». L’horreur en vision, le Goujat du TGV.

« - Que voulez vous ?

- Je vois bien que vous m’évitez » dit il en souriant.

- Mais pas du tout » réponds je en me sentant de mauvaise foi.

« - Qu’importe ! Je souhaitais m’excuser pour ma réflexion déplacée dans le train, j’étais de mauvaise humeur et c’est tombé sur vous. Désolé.

- De quelle réflexion parlez vous, je ne m’en souviens pas.

- Vraiment ?

- Vraiment.

- J’aurai juré que c’est pour cela que vous me fuyez.

- Pas du tout, je ne vous fuis pas. J’ai juste vu  à quel genre d’homme, j’avais eu affaire dans le train et cela m’a suffi.

- Rancunière ?

- Non prudente.

Dans l’embrasure de la fenêtre, je réalisais à quel point il était beau et avait un charme fou. Le style d’homme auquel je ne suis pas insensible mais dont je me méfie. Trop beau pour être vrai, sincère mieux vaut se protéger.

Oui, je pouvais craquer pour lui, l’effet répulsion/attraction de Vanessa n’était pas que dans les magazines pour filles.

Je me levai pour prendre congés :

«- J’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir, une autre fois dans un train qui sait ? Et je vous promets d’être aimable.

- Moi, je ne vous promets rien du tout. »

- J’espère alors que le Destin jouera en ma faveur.

- Moi, non.

- Vous pourriez être aussi désagréable que moi.

- Ce n’est pas ça qui doit vous déranger ».

            « Que nous ramènes tu comme nouveaux auteurs ? Quelles maisons d’éditions as-tu vues ? »

A peine rentrée, que déjà je suis bombardée de questions. On oublie les formules de convivialité, « bonjour, comment vas-tu ? As-tu passé un bon week-end ? ». Toutefois, j’ai échappé à mes impressions sur le livre de Davisson que je n’ai pas ouvert.

Petit moment de débriefing sur le salon des « Grands Voyageurs », de la nouvelle politique éditoriale de notre principal concurrent les éditions « Terre de Feux » qui souhaite s’ouvrir à la science fiction spirituelle ce qui n’est pas notre cible, en revanche, il y aurait un créneau à prendre avec la littérature indienne d’Amérique encore inconnue du grand public.

Virgile et Suzanne semblent satisfaits de ce compte-rendu et par cette nouvelle perspective éditoriale, s’ouvrir aux amérindiens pourrait être innovateur. Naturellement, je suis géniale, j’ai fait un bon travail et pour le fêter, il m’invite à dîner demain soir.

Je reste, cependant, très étonnée qu’il n’ait pas abordé le livre de Davisson, connaissant le phénomène, il y a anguille sous roche et je reste attentive.

J’ai pourtant la tête ailleurs, à Saint Malo dans la salle des petits déjeuners, je me remémore la scène avec le Goujat du TGV que je ne peux plus baptiser ainsi, depuis qu’il est venu présenter ses excuses.

Moi qui avais imaginé une éventuelle idylle avec Antoine Dupas, ce fut de courte durée. Le lendemain avant mon départ pour Paris, il me présentait Damien son ami. Je n’ai pas tout de suite compris mais à la façon dont il a pris sa main, le message était clair sans ambiguité. Sans doute avait il deviné que je fondais sous son charme.

Il ne me restait plus à ce jour, comme histoire d’amour potentielle l’Inconnu du TGV dont je ne connaissais ni le prénom ni le nom. Il devenait véritablement un inconnu dont il me fallait percer le mystère. L’ennui est que je n’avais aucun indice. J’avais effectivement passé mon temps à l’éviter, je l’avais bien vu à un stand mais je ne savais pas à quel titre, auteur, éditeur, illustrateur. Fallait il s’en remettre à son destin ?

Je décidais de plonger dans le livre de Marc Davisson maintenant que le harcèlement littéraire de Virgile avait cessé.

J’étais assez surprise par la froideur du style, une vision assez sombre de la relation humaine. Une histoire de personnes, entre des personnes qui se croisent, se décroisent et s’entrecroisent. Des bouts de relations en discontinu, sans continuité, un brin désespérant. Le titre était parlant « Les autoroutes humaines », un titre qui ne m’avait pas donné envie de le lire, je ne souhaitais pas sombrer dans la neurasthénie. Le seul intérêt que je lui trouvais, était de mettre en lumière les rencontres entre les personnes qui partagent quelques instants de notre vie et dont on ne sait pas à l’avance les conséquences sur nos trajectoires de vie. Un livre complexe qui porte à la réflexion.

Ce style d’écriture, ce phrasé, et ce thème ne m’étaient pourtant pas inconnus, il me rappelait un livre lu quelques années auparavant. Je ne me souvenais plus du nom de l’auteur, c’était trop vieux, à l’époque des chroniques littéraires de Miranda, le blog que je tenais. Depuis l’eau avait passé sous les ponts, Léa Miranda avait fini par assouplir sa plume incisive comme le lui avait suggéré Virgile.

            Virgile avait klaxonné à 21 heures précises, sous mes fenêtres. Virgile est un homme ponctuel, fiable. En montant dans sa voiture, j’ai été surprise d’y voir Suzanne, d’habitude elle se débrouille toute seule. Je l’ai été encore plus, quand je l’ai vue poser sa main sur celle de Virgile. Je n’ai rien dit, fait aucune remarque. J’ai cru avoir la berlue. Je ne l’ai pas eue longtemps, au feu rouge, ils s’échangeaient un baiser. Suzanne était donc une cougar ! Elle avait quinze de plus que lui et paraissait une gamine dans son attitude, ou une jeune amoureuse. C’est sans doute, l’un des effets magiques de l’amour que celui de rajeunir l’aimé et l’aimant. J’étais amusée par ce décalage d’âge, de personnalité. Puis Suzanne rompit le silence :

«- Tu t’en doutais ?

- De quoi ? Je fis l’innocente.

- Que nous étions ensemble.

- Non.

- Vraiment ?

- Oui.

- Tu n’as jamais rien soupçonné ?

- Non.

- Comme tu es naïve, tu es la seule à n’avoir rien vu !

- Depuis combien de temps ?

- Six mois. Léa descend de ta planète, la vie, elle est sur terre !

- Arrête ! Je croirai entendre Vanessa !

- Et bien, elle a raison. Tourne la page avec Gautier et cesse de laisser passer les occasions.

- Je n’en laisse pas passer puisque je n’en ai pas !

- Léa voici, un conseil. Conseil numéro 1 : mes poissons rouges, je les laisserai buller le soir, sans moi. Conseil numéro 2 : de moi, je prendrai soin et enfin et surtout conseil numéro 3 : les invitations de mes amis, collègues je les accepterai car l’amour avec un grand A ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval.

- Sauf, s’il le lève ! ». Nous partîmes dans un éclat de rire.

Le restaurant que nous avait réservé Virgile était un de mes préférés. La délicatesse et l’attention que Virgile portait aux autres, m’avaient souvent touchée et je passais souvent l’éponge sur le harcèlement dont il pouvait faire preuve pour obtenir ce qu’il voulait. Je m’en étais souvent plainte à Suzanne qui l’excusait, ce qui m’énervait profondément mais maintenant, j’en comprends mieux la raison.

Lorsque nous sommes parvenus dans la salle à manger, j’ai eu un choc, à la table qui nous était destinée, nous attendait l’Inconnu du TGV, l’ancien Goujat du TGV.

Mon cœur se mit à battre très fort, mes mains à devenir moites, mes joues à devenir rouges, je n’avais qu’une crainte que l’on voit mon émotion. Je me suis ressaisie du mieux que j’ai pu. Le choc fut encore plus fort quand Virgile nous a présentés. C’était donc lui, le fameux Marc Davisson, le goujat du TGV devenu l’Inconnu du TGV maintenant le Connu du TGV.

Virgile l’aurait il fait exprès ? Pour me persuader de son talent ? Et qu’avaient ils en commun ? Lui, non plus n’a pas réagi, dit que nous nous étions déjà rencontrés, finalement invoquer le Destin pour que nous nous revoyions, n’avait été qu’une technique de drague, ou mieux encore, un croisement de personnes comme dans son livre « Les autoroutes humaines ».

Je les laissais parler, les écoutais. Soudain à ma mémoire, m’est revenue un livre que j’avais fortement critiqué, c’était celui d’un jeune auteur à la plume conceptuelle et sibylline, je me souviens avoir écrit « Une histoire d’amour qui laisse le lecteur dans une vision abstraite de l’amour, et penser que l’auteur lui-même, loin de les vivre, les théorise. Dommage pour la crédibilité de l’histoire ».

Marc Davisson ne me regardait pas, m’ignorait tout comme moi, pourtant, à plusieurs reprises, nos regards se sont croisés et je perçais dans le sien autant de désir que dans le mien.

Puis vint le coup fatal. Celui où Virgile allait commencer à raconter notre collaboration, alors pour détourner la conversation, j’ai anticipé.

« - Comment vous êtes vous connus ?

- Cela vous intéresse ?

- Oui.

- Je pensais que seule votre personne vous intéressez ? » J’ai senti une gêne chez Suzanne et Virgile.

Alors Virgile pour éteindre une éventuelle explosion intervint le premier.

« - Au salon du livre de Brive la Gaillarde, l’année dernière. Marc accompagnait Paolo Garcia.

- Quant à ma petite personne, cher monsieur, loin de ne m’intéresser qu’à elle. Elle a au moins l’intérêt de s’ouvrir aux autres, ce qui à mon avis vous semble étranger.

- Marc, ton livre, nous allons le publier.

- Et prévoir un code de la route explicatif pour les lecteurs pour qu’ils comprennent la circulation de l’autoroute humaine dont vous avez perçu le sens.

- Moi aussi ajouta timidement Suzanne.

- Mademoiselle Desbordaux, vous n’êtes qu’une petite prétentieuse, qui croit tout savoir de la littérature. Vous me faîtes penser à cette pimbêche de Miranda qui tenait un blog de critiques littéraires et croyait détenir les critères de la haute littérature.

- C’est elle lâcha Virgile

- J’aurai dû m’en douter. Je me lâchai.

- Cher Monsieur l’Académicien, avant de donner une leçon, commencez par apprendre les bases de l’éducation et sans doute votre œuvre s’en trouvera t’elle améliorer. Oui, vos relations humaines sont aussi désagréables dans vos livres que celles que vous pouvez avoir avec les autres.

- Léa, calme toi s’il te plait.

- Non, je ne me calmerai pas.

- Mais qu’en savez vous chère Nadine de Rothschild ?

- Notre première rencontre dans le train m’a suffi pour savoir à quel goujat j’avais affaire »

Marc Davisson se leva, quitta la table. Virgile insista pour qu’il reste, il refusa et l’accompagna vers la sortie. Suzanne me regarda ébahie, stupéfaite, muette. Virgile éclata de colère et je me mis à pleurer.

Notre histoire partait mal. Mais le Destin s’en mêla. Quelques jours, plus tard je recevais des fleurs et un mot d’excuses. Il me proposait de nous revoir. Je n’ai rien dit à Virgile et à Suzanne.

Il m’emmena à Deauville, nous y avons passé le week-end loin du brouhaha parisien. Nous nous sommes découverts si loins et si proches à la fois. Cette répulsion que j’éprouvais à Saint Malo confirmait ce que je savais déjà, que je l’aimais. Nous nous aimions. Il aura suffi d’un sachet de sucre versé dans une cup of tea dans un wagon bar d’un TGV à destination de Saint Malo pour que l’autoroute de nos vies soit bouleversée. Parfois, l’Amour tient à peu de choses. Je ne le savais pas encore. Que celui que j’avais rencontré était L’ Homme de ma Vie, l’homme avec un GRAND H. Celui dont on rêve et que l’on attend, celui que l’on finit par rencontrer d’une façon ou d’une autre. Finalement le Destin s’était chargé de nos vies.

« Chers amis lecteurs et amies lectrices qui m’avaient accompagnée depuis le lancement de mon blog, vous aimeriez sans doute en savoir plus sur notre histoire, nous préférons la garder secret. Ne vous dévoilerons rien de notre intimité, tampis pour votre curiosité (sachez juste que notre harmonie est parfaite) Ce que nous vivons, est si précieux qu’à trop le partager, il nous échapperait. Toute histoire d’amour est pudeur, préservons la.

Je vous remercie pour ces moments passés avec vous, votre fidélité, vos commentaires, votre confiance.

Aujourd’hui, je ferme mon blog. Avant de vous quitter, permettez moi de vous donner (pour ceux que cela intéresse) quelques nouvelles de Virgile et Suzanne qui filent toujours le parfait Amour. Notre webzine et maison d’édition continuent à être bien placés et nous élargissons nos publications. Certains des auteurs que nous avons dénichés, ont été primés et récompensés. Ma plume s’est adoucie et celle de Marc simplifiée, la vente de ses livres s’en est ressentie !

Pour ceux qui désireraient me faire part de ses coups de cœurs, critiques voici mon adresse mail : leadesbordaux@orange.fr, je vous répondrai avec toujours autant de joie.

Encore merci,

Bien à vous.

Léa Desbordaux ».

[1]  Quel plaisir de vous rencontrer.

[2] Quelle surprise.

[3] Quel bel homme.

[4] Un ami.

[5] Mais.

[6] Parce que.

[7] D’accord.

Participation au concours Harlequin

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