je pense à toi

Marcel Jolibois

Concours Tcheky Karyo

Je pense à toi,

Octobre 2011, je t’écris du Mississippi

Ce matin sur l’étang de Woodcreek le reflet d’un vol d’oies sauvages a électrisé l’eau endormie de ce lagon des champs.

J’ai refermé le livre de Douglas Kennedy que tu m’avais prêté je n’ai pas aimé la fin, pourquoi n’épouse t-il pas la femme du médecin ?

Je me traîne de plus en plus , ma jambe me fait un mal de chien plus encore quand le vent vient de Jacksonville, il  transporte des relents de souffrance

Quel temps fait-il en France ?

Je pense à Paris la nuit, le jour sans arrêt , la Seine je la traverse à la nage.

Je coule à pic et me retrouve dans un bordel rue Notre Dame de Lorette je touche ton cul, caresse tes seins.

Je vais crier mon amour pour toi dégueuler sur scène de l’Opéra Garnier , les bouffons, les rigolettos en l’honneur de Méfisto.

J’aurais voulu t’épouser à la Madeleine, lever la tête entre les colonnes deviner l’Obélisque de la Concorde, t’aider à descendre de ton fiacre juste une pensée pour les Misérables.

 je ne suis pas un homme mais une cicatrice, mes points de sutures sont des aller/ retour, des habitudes , des Bir Hakeim / La Tour Eiffel.

Les amoureux du Pont Neuf sont séparés

elle a jeté sa bague sur la rive gauche près de la fontaine St Michel . Alex a repris ses habitudes , interpeller les passants et demander un peu d’argent pour cracher son feu .

A Paris à minuit petit Woody se balade à St Germain il a sa trompette à la main. Je pense à Scarlett , elle est belle et te ressemble , tu te rappelles de notre week-end à Barcelone ?

Je veux du Vicky du Cristina et du Barcelona

Ma lettre est un chiffon, quelques tâches de bourbon tu ne la liras jamais, près  de l’église St Sulpice le petit hôtel Raspail

il était délabré on a livré bataille, on a baisé et rigolé quand t’es partie j’ai même pleuré.

Le Mississippi est triste , qu’est-ce que je fou là, tous les mardi

je passais te chercher pour aller déjeuner au petit restaurant de Cabourg près du jardin du Luxembourg.

Je veux Paris et je te veux , tu te rappelles des Batignoles dans ton cabriolet bagnole, une petite Peugeot pied au plancher

Les Buttes Chaumont en toile de fond

Je ne veux plus y penser mais c’est plus fort que moi

Je vais aller tuer l’ennuie à Jacksonville peut-être que j’en profiterai pour m’en loger une dans la tête assis sur une chaise

Tu crois que tu pourrais te renseigner auprès du Père Lachaise ?

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