Je refuse le trône

Ferdinand Legendre

Je refuse le trône


Vous me connaissez,


J'ai versé de l'alcool dans un verre d'eau, balayé les écarts entre nos destins, dansé devant le miroir, sursauté devant la vitre sans tain,

j'ai fait de ces montagnes de peurs un véritable festin, je me suis souvenu de chaque mur,

Mais j'ai oublié le reste, renfilé ma veste, sous les réverbères,

à la lueur d'un manuel de survie en vers rédigé à l'instinct.


J'ai mordu, griffé, attaché des corps à la demande

Sur le ponton de bois fendu, je me suis tu,

Flashé, dans la chute, j'ai bouffé une amende,

Je suis crevé, ça m'arrange que tu sois au-dessus.


Vous me connaissez,


J'entre dans la salle un grec à la main,

Paradant, affichant mes échecs, niché sous des yeux secs,

Il n'y a rien de plus chiant qu'un faux bandit, qu'un fake Aladin.

Alors je braque la prose, à grand renfort de galipettes,

De péchés, les sept, de crochets dans l'tarin.

Pas d'pause, je n'envisage ma vie qu'aromatisée, pompette,

Et que les trompettes résonnent chaque matin.


Vous me connaissez,


La salle marmonne, en sale matrone qui dicte les conduites,

Mais pas d'lézards et si j'agis plus vite à chaque cuite,

C'est que Je n'connais que les hormones, La vindicte et la fuite


Je paye ma tournée, lève mon verre à la fête,

Sur la tête, ma coiffe orange et noire, agrémentée de clochettes,

Je m'ébroue, postillonne vers la foule en ballet, en éclats synchrones,


Et je refuse le trône.

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