Je suis

lullaby

Texte que j'ai retrouvé dans mes dossiers et qui est daté du 23/02/12


Il faut que je me remette à écrire. Il faut. Ce n'est pas l'envie qui me manque, mais j'ai juste perdu la motivation, l'imagination et la magie de la chose. Je n'arrive même plus à tenir mon stylo plus d'une page sans avoir mal aux doigts. Foutu vingt-et-unième siècle.

Devant l'ordinateur ce n'est pas la même chose, on ne ressent pas les mêmes sensations, l'esprit se fatigue plus vite et taper sur les touches devient un automatisme abrutissant et assourdissant.

J'en ai pourtant des sentiments enfouis, des émotions, des blessures et des joies intenses qui ne demandent qu'à s'exprimer. Mais tout est si compliqué, si embrouillé que je n'arrive pas à tout démêler, même en l'imprimant sur le papier.

Je me voyais poète, romancière, journaliste. Je ne serai rien de tout cela, je me demande de plus en plus si je serai à même de réaliser ne serait-ce qu'un seul de mes rêves d'adolescente.

Je m'égare partout, tout le temps. Je me dis froide mais c'est le contraire à l'intérieur, et ça, personne ne le sait.

Je suis tellement de filles différentes. Je suis celle que l'on a envie de protéger, celle sur laquelle on s'appuie dans les moments les plus durs. Je suis la fille drôle qui a toujours le sourire. Je suis la fille au caractère difficile qui n'est jamais satisfaite. Je suis ouverte, sociable et compréhensive. Je suis renfermée, casanière et intolérante. Je mens comme je respire mais je suis la personne la plus sincère et la plus honnête que vous rencontrerez dans votre vie.

Je n'ai besoin que d'un livre pour ne plus toucher terre. Parfois j'envie ces personnes qui ne ressentent rien tant que leur adrénaline n'a pas atteint son pic maximum. C'est peut-être bête mais j'ai toujours l'impression que ces gens là vivent leur vie plus intensément que moi, alors que rien n'est plus intense que le fer rouge de mes pensées.

Je déteste ce flot ininterrompu de contradictions qui se déverse en moi à chaque seconde, comme un torrent qu'aucun barrage ne saurait ralentir. Je déteste cette sensation de malaise qui m'assaillit chaque fois que j'essaye de m'exprimer correctement. Joie, tristesse ou colère, tout devient démesuré dès qu'il s'agit de partager mes sentiments. Comme si je n'étais pas capable de faire les choses normalement, comme si la joie ne pouvait s'illustrer autrement qu'en énergie incontrôlable, et la tristesse en larmes abondantes qu'on ne peut sécher et la colère en de violentes crises irrationnelles et excessives.

C'est ça. Je suis l'excès dans toute sa splendeur. Je ne connais pas d'état neutre, de décisions prise calmement et rationnellement.

Je suis le temps qui courre trop vite, je suis les erreurs de jeunesse. Je suis les regrets, mais je suis aussi la fierté, l'intuition qui fait mouche et les opportunités que l'on saisit. Je suis les espoirs déçus, la mélancolie et l'enfance qui s'échappe. Je suis l'amitié, la fidélité, le rire et les souvenirs de vacances. Je suis les larmes, l'irréparable, le deuil et l'hypocrisie.

Je suis les espérances qui ne meurent jamais. Je suis la page qui se tourne.


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