Je suis dans les bras de démons
Ferdinand Legendre
Je suis dans les bras de démons,
Qui,
sans écailles,
Depuis le bord du gouffre, se raillent,
Et de ces corps font des jouets de plomb,
Tu sais que me tiraillent, ces notions délétères,
Qu'ils ont droit de rocher,
Qu'ils ont foulé mes terres,
Ni le vin, ni le souffre ne semblent de repères,
Il me vient aujourd'hui tant d'échecs et mes pairs subissent,
Tantôt mes vains abysses,
Ce dans quoi je me perds,
Et tout ce que je fuis,
Je partage mes nuits,
Mais les yeux jamais secs,
Contre vous je me serre,
Confiance porcelaine,
J'ai les débris d'hier,
Vos peaux d'écorces gênent,
Elles ont le goût de bière,
Alors faites-moi danser,
Empêche-moi de penser,
J'enfonce la frontière,
Et mes doigts gouttes à gouttes,
Auraient l'odeur du fer
L'impact condensé des coups sous les paupières,
Les joues rougis de doutes,
Ta colonne est la route,
Vers tes braies délacées,
Entretiens sous les toits, balises et brasiers,
Guideraient toutes nos sœurs, feraient pleurer nos frères,
Et dans l'essaim le cercle bourdonne , vient razzier,
Les pièces de vos cœurs abritant mes chimères.
Voilà le chant des signes,
Ceux qui ne trompent guère,
Ils portent comme insigne,
Tout de noir couvert,
Mes silences et mes plaintes,
Ils sont l'infinie peine, Ils sont la solitude,
Quand les mots coulent, traînent,
Quand les propos sont rudes,
Quand tu refuses l'étreinte,
Je suis dans les bras de démons,
Qui,
Face à face avec l'écho,
S'effacent mais laissent encore,
La scène, les miens comme décors,
Il n'y aura d'issues car j'ai bien trop déçu,
Je suis à moitié nu, tu as peu de tissu,
Et j'accepte tes sorts,
Je suis dans les bras de démons,
Qui rient toujours plus fort,
Dessinent sur ma peau,
A l'encre tous mes torts,
Mes vices en transparence.
Et dans la salle entière la fumée se répand,
Noire, lourde, elles coule à mes dépends,
Envahis mes propos,
Les drapent de distance.