Je suis en enfer...

Caïn Bates

         Il n'y a pas d'autres mots pour décrire ce que je vis: je suis bel et bien en Enfer.

        Je ne sais pas vraiment pourquoi... Enfin,  je ne vois aucune raison qui expliquerait ma présence ici, mais bon. Je ne connais aucun endroit sur la planète qui ressemble à celui-ci. L'enfer, ou du moins la partie de l'Enfer où je me trouve, ne ressemble pas vraiment à ce que vous pourriez imaginer. Ce n'est pas une caverne remplie de feu et de flammes, et de démons rouges qui me tourmentent. Au lieu de ça, il y a juste un grand désert, vide. Il n'y a personne ici, à part moi. Maintenant, vous devez penser que ce n'est pas si mal, finalement. Ça pourrait être pire. 
      Même si je suis en Enfer, j'ai toujours faim. Cela doit être ma punition. Je suis perpétuellement affamé. Et il n'y a rien à manger dans ce désert. Rien, excepté cet animal. Et il me nargue, comme s'il savait pour ma faim insatiable. Evidemment, j'essaie de l'attraper pour me nourrir. Et c'est là que ça devient mauvais. Vu que c'est l'Enfer, cet animal ne peut pas être attrapé. Chaque fois que j'essaie, à chaque fois que je suis sur le point de l'attraper ou de le tuer, il parvient miraculeusement à s'échapper. Donc, ceci est mon destin. Une faim éternelle, et de la nourriture à portée de main, mais inaccessible.
       Parfois, je me prends à être inventif, à tester de nouvelles idées pour attraper ma proie, espérant que cette fois sera la bonne. Il y a une sorte de présence invisible ici qui me donne de nouveaux outils pour m'aider, mais ce n'est pas par bonté ou compassion, juste pour le plaisir de me voir échouer une nouvelle fois. Pour maintenir en moi une lueur d'espoir. Après tout, si j'étais sûr de ne jamais pouvoir attraper ce foutu animal, je ne souffrirais pas autant, n'est-ce pas?!
      D'autres fois, je décide de ne pas jouer le jeu de mes tourmenteurs. Je refuse cette chasse inutile, et j'essaie de trouver une autre façon de passer le temps. Mais la faim ne cesse jamais, et ce n'est qu'une question de temps avant que je ne reparte à la chasse. Et, si la faim ne m'y oblige pas, l'ennui le fait. C'est là toute la beauté de l'Enfer, je peux cesser cette torture quand je le souhaite, mais quand je le fais, il n'y a littéralement rien d'autre à faire. L'ennui ou un acte futile perpétuel, l'Enfer.

         Je peux juste espérer que quand je l'atrapperai enfin, le goût du BIP BIP en vaudra la chandelle. 

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