Je suis en moi.

Jesus Romanov

Il est encore en train de se prendre la tête en cherchant par où commencer. Ça fait presque vingt longues années que ça, a commencé, alors après tout ce temps passé à te fréquenter, grand escogriffe, ne me dis pas que tu n'es pas fichu de nous raconter qui tu es. Je ne souhaite pas te faire passer pour un sale type qui passe tout son temps a contempler sans but. Mais t'es encore en train de le faire. Tu t'abrutis devant cet écran, tu écrases ta tête devant ces lettres alors qu'on te demande juste de te la vider pour une fois. Fais un petit effort, je t'aime beaucoup tu sais. Tu arriverais à parler de toi à la première personne? Tu sais que ce que tu es en train de faire, peut au choix désigner une sacrée folie, ou un niveau de débilité tout autant difficilement envisageable.

Comme c'est au choix je préfère commencer. Je m'appelle Jessy. Un prénom de cow-boy. Ça ne te rend pas courageux pour autant et si tu t'arrêtes aussi souvent, j'aurais le temps d'écrire un roman avant que tu n'ai pu terminer un paragraphe.

Comme tu as pu le constater, je suis de ces personnes plutôt dérangées, au sein desquelles une petite voix prend un peu de place. C'est un euphémisme, je prend entièrement le dessus sur toi en ce moment même mon chou. Je te laisse la parole même si elle ne vaut plus grand-chose.

Après une courte pause salvatrice,  je vais pouvoir reprendre le court de mes pensées.

Je suis donc couvert d'un lourd manteau de paradoxes qui m'isole dans un monde de couleurs spectrales. Je me laisse souvent croquer par le monde, emporter par ce flot chaotique qu'est la vie. C'est avec un plaisir sournois que je participe à Ce grand jeu, parce qu'au fond je suis conscient de la pourriture de ce monde. Assez pour aimer prendre place, m'insinuer, comme un serpent entre vos jambes, pour remonter jusque dans votre cou, sifflant de doux mensonges, vous entrainant vers d'improbables songes auxquels même moi, je ne croirais plus. Ou si, un peu, si vous me laissez vous pénétrer.

Je crois bien qu'il divague désormais. Il ? À moins que ce ne soit que moi qui ait enfin réussi à m'affirmer en enfermant ce petit mec malmené.

Madame, Monsieur, vous êtes désormais mes invités. Pour cette nuit, ce matin, ou n'importe quand, peu m'importe. Prenez place pour ce doux voyage au sein de moi-même, dont vous ressortirez grandis je vous le garantie ! J'étais encore parti. Vous savez, à cette heure tardive il est difficile de pouvoir rester concentré. Mais je suis sur que vous comprendrez. Vous êtes obligé de comprendre, car si jamais par mégarde, à cause de votre ridicule petit esprit cupide, vous ne me comprenez pas, entendez bien, je vous mangerais.

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