JE SUIS L'ERREUR

milenagorski

[Une de mes contributions au Bordel Poétique] Quand on rationalise l'incompréhensible, on s'identifie forcément à une altérité compensatoire.


Il a fait une erreur.

Ce n'aurait pas dû arriver.

Je n'étais pas la bonne personne.


Pourtant, nous étions au bon endroit au bon moment. Ca paraissait ainsi en ce temps, du moins. J'aurais très pu ne pas sortir ce soir-là. Toi non plus, apparemment. Pourquoi la suite qu'on connaît au lendemain d'un refus, celui du premier baiser ?


C'est lui qui a commis l'erreur. Sortons faire une marche sur la plage, il fait bon à soir. Nous avons pris cette marche. Nous avons pris ensemble une poignée d'été en passions alcoolisées, interdits et cette délicieuse insouciance, fille de putain, reine de la relation. Il aurait peut-être dû randonner seul ou en emmener une autre avec lui.


Pourtant, j'ai ouvert mes yeux hibou grand d'amour pour la première fois, pour ce mammifère poilu. Je lui ai dit « je t'aime » avec un cœur sincère et apeuré. Je lui ai pris la main des matinées difficiles. Sans encore savoir que j'étais pour me perdre dans une vaine espérance, le regard aveugle, je restais en contact avec le corps que je perdais, qui s'éloignait, qui entrait brutalement dans une toute autre réalité. J'en ai arraché comme une folle, ai perdu mon temps dans un espace qui n'était pas le mien, il n'y avait pas un compromis que je n'étais pas prête à faire pour toi.


Puis, tu as compris. Tu as fui le compromis.

Vers ta seule promise qui est la liberté.


Derrière ton insouciance de jeune loup, tu laisses l'espoir.

Je suis l'erreur qu'il a commise.

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