Je suis un connard...

mysteriousme

oui, un connard, un fils de pute, une ordure... Et j'assume. Mal, mais j'assume. (Inspiré de faits réels. Romancés pour l'occasion).

En plus de mal faire mon métier, on m'impute souvent une forme de lâcheté.

C'est mon tempérament. Je ne peux pas lutter. Je n'y peux rien. Je suis un gentil roublard.

Et mon pote Axel ne m'aide pas à m'améliorer.

Ce con-là est rentier.

Sympa comme job !

Moi je me crève le cul sur des chantiers depuis 35 ans. Maintenant j'ai un double cancer. Et l'autre fait le tour du monde en me filant ses chantiers à faire, et ceux de ses clients !

Ah ! Ses clients ! Je n'en suis pas à mon coup d'essai pour les niquer ! Et en grand !

En ce moment, ceux que j'adore, c'est une famille. Les parents achètent pour leur fille. La petite chérie sera en loc'.

Et qui se régale ? C'est Bibi !

On me prend pour un poussin quand j'arrive. Empathique et sympathique de prime abord, ils me font confiance. Je leur sers un discours rassurant, je leur dis comment ça se passe sur mes chantiers, qu'ils peuvent visiter des trucs que j'ai déjà faits pour se faire une idée. Personne ne visite jamais, les gens n'ont pas de temps à perdre. Et tant mieux pour ma pomme, va !

Ils n'ont trouvé personne d'autre. En tout cas, personne d'autre à ce prix-là ! Dans le bâtiment, tout le monde est pris, et merci encore monsieur, vous êtes notre sauveur.

Et quand j'interviens, là, là, ils chialent.

Mes équipes ne font strictement que de la merde. Elevées au bon grain du "je m'en foutisme", elles marchent dans mes pas du pro de l'arnaque !

N'empêche que depuis 35 ans, ma boîte tient toujours. Bon avec 2 ou 3 procès aux miches. Mais quand même ! C'est pas de l'exploit, ça ?

Alors je donne une date bidon que je ne tiendrai jamais à cette gentille famille très normale. Le papa, qui ne veut pas se faire entuber, me donne 1 mois de rab pour faire le travail. Je dis ok. On marche dans la combine.

Ca le fait. Deux semaines où mes équipes viennent, les gars bossent, bossent et bossent.

Puis un jour férié. Puis les grandes vacances. Et pendant 3 semaines, plus personne sur le chantier.

La gentille famille si naïve comment à s'énerver, comme un lion en cage. Non mais vous parliez de début septembre pour finir le gros oeuvre. Tout est entamé, rien n'est (correctement) fini ! Vous exagérez monsieur !

Oh oui, servez-moi encore ces insultes ! Faites claquer les fouets ! Je ne vous ai pas dit ? Je suis sado-maso ! J'adore quand on m'engueule, qu'on me tape sur les fesses alors que je suis menotté et encagoulé.

Donc la gentille famille s'énerve, s'excite. Et rompt le contrat. Coup classique. En attendant, Axel a touché ses 10 points, et moi j'ai encaissé les chèques de Papa Ours.

Forcément, il y a des prestations qui ne seront pas réalisées, et donc je m'assois dessus. Mais pas grave ! J'ai tout saboté ! Quel kif intersidéral !

Un poteau qui tient pas debout, un sol pas droit, un plancher pas droit, et un autre maçon qui doit rattraper ma merde ! Ahahah ! Je me marre !

Et encore, ils n'ont pas vu la VRD ! J'ai tout salopé. Oh oui, tapez-moi sur les doigts ! Je m'en fous.

Et Papa Ours devient hargneux, il revient toujours sur les conneries de mes équipes, et comme quoi personne n'est qualifié chez moi, etc... Hé ho ! Je te dis que tu m'emmerdes avec tes remarques ?

J'ai jamais fait de karaté mais quand ça tourne vinaigre, j'ai plus envie de lui foutre mon point sur la tronche qu'autre chose.

La gentille famille en a marre de moi, elle en a assez.

Elle me menace de me mettre un procès au cul si je ne refais pas toute la voirie. Mais bien sûr ! Maman j'ai peur !

Bref, je suis un gros connard. J'assume mal, mais j'assume quand même en ne faisant pas ce qui m'est demandé.

Et qu'ils aillent bien se faire foutre, parce que je n'ai déjà pas de respect pour moi, alors comment pourrais-je en avoir une once pour la gentille famille ?




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