Je veux.

Christophe Hulé

Je veux que tous ces êtres privés d'oxygène respirent à plein poumons.

J'attends que « misère » et « souffrance » ou équivalents ne fassent plus partie du vocabulaire.

J'exige que les masses dites laborieuses, et à bon droit, fassent remonter les doléances.

Je promets ici de ne pas en faire rien.

Oui Messieurs, vos regards trahissent vos pensées, et je ne suis en rien étonné, mon père est mort, paix à son âme, mais n'attendez pas de moi que je suive à la lettre son exemple.

Ma fille souhaite épouser un roturier, en qui je donnerais plus de confiance qu'à aucun d'entre vous.

Eh oui Messieurs, les temps changent, je ne crains ni le poison, ni la dague, ni le serpent, car les soldats me suivent.

Vous pouvez à loisir retourner dans vos domaines, je n'irai pas vous y chercher car vous êtes respectables, j'ai trop aimé mon père, quoi que vous en pensiez.

Vous pouvez aussi rester céans, avec tous les privilèges qui vous reviennent de droit.

Messieurs, croyez-moi, c'est la paix que je propose.

Nous ne pourrons pas éloigner l'ennemi extérieur, mais enfin pour un instant seulement.

Je propose, sans modestie, d'en finir avec tout cela, et je gage que nos ennemis finiront par comprendre, même si sur ce point hélas je ne suis pas maître du calendrier.

Souhaitez-vous combattre à jamais pour un peuple malheureux et exsangue, ou aider nos paysans en ces temps de récoltes et de fêtes ?

Chevaliers, je vous en conjure, soyez dignes de vos premiers serments, que votre épée ne soit qu'un signe de pouvoir, que votre armure rassure tous ces pauvres gens, que votre bravoure ne soit pas incitation à la violence pour nos jeunes.

Messires, je me prosterne devant vous, tout Roi que je suis.

J'ai décidé d'en finir avec tous ces bains de sang car je ne hais point.

Signaler ce texte