Je vote et je vous emmerde

jean-fabien75

Un 1er avril un peu déprimant tout de même...

J'ai tellement pas envie de parler politique que je sens que je vais m'en faire des maux de texte. Des choses pas belles qui dégoulinent en tâche d'encre, du genre de celles où l'on peut voir soit des papillons un peu abîmés soit des champignons nucléaires, suivant qu'on est schizo ou parano.

C'est assez tentant pourtant de commenter cet autisme absurde de notre classe politique, cet acharnement à se faire mal. On pourrait se demander ce que l'on a fait pour mériter tout ça, à part que l'on sait quelque part au fond de nous que ces pantins ne s'adressent pas vraiment à nous. Pourquoi se fatiguer à essayer d'élever un pourcentage infime de la population quand il est si simple d'abrutir la plus grande masse ? Non pas que je me classe dans une catégorie du vulgum pecus qui ne serait pas sensible à un petit peu de populisme, mais force est de constater que lorsque les bouches de nos dirigeants s'ouvrent, j'entends les mots, mais pas le modèle de société que l'on me vend derrière. Que cela soit la gauche ou la droite (y compris dans sa frange « dite » extrême, qui n'est en fait qu'une copie un peu moins classe, un peu moins balai dans le cul, mais tellement plus nauséabonde), je ne vois que des nantis qui ont tout à perdre à ce que les choses changent. La seule raison pour laquelle ils ne s'écharpent qu'à mots feutrés sous les projecteurs du 20h de TF1 ou de France2, c'est qu'ils sont d'accord sur l'essentiel, et c'est bien là qu'est le malaise : ils veulent juste voir le système continuer à se reproduire car ils pensent (ou peut-être pense-t-on pour eux) que notre salut passe par l'accumulation de richesse, par le libre échange (le libre échange de quoi d'ailleurs ? des inégalités ?) et par la disparition des frontières (en tout cas pour les biens, parce que pour les hommes, si chacun pouvait rester chez soi, ce serait quand même plus sympa j'imagine).
En parlant de frontière, je trouve qu'elle s'effrite de plus en plus entre la gauche classique et la droite – cette frontière qui était déjà bien poreuse. Finalement, à part essayer de se faire réélire (quitte à dire tout et n'importe quoi et faire l'inverse une fois élu (suivez mon regard)), que font-ils ces pantins sinistres ?

Bon évidemment, hier soir, c'était un peu le coup de grâce. J'ai failli prendre un arbre en lisant ce petit SMS qui annonçait la nomination de Manuel (Intellectuel était pris ?). Et pourtant, je le sais qu'il faut pas manipuler son portable en conduisant.

J'avoue que ça m'a un peu achevé. Tout est devenu si prévisible. Si absurdement lisse.

Alors à quoi nous raccrocher ? A l'actualité qui devient, elle aussi, absurde (en tout cas celle qu'on nous sert) ? On y apprend, en vrac, que le 25 mars était la journée de la procrastination (le plus dur dans cette journée, c'est quand même le lendemain), ce qui n'a pas empêché le volMH370 de redécoller après s'être abîmé en mer, non sans s'être débarrassé au passage des différents terroristes musulmans à bord et du pilote suicidaire. On y découvre aussi qu'une coupe de cheveux réglementaire va être imposée à tous les Nord Coréens (aux dernières nouvelles, les chauves fuieraient le pays), que c'est le 3ème anniversaire de la guerre civile en Syrie (franchement, les gens deviennent fou. Je comprends pas comment on peut se battre pour un vulgaire iphone). On découvre qu'on ne retiendra que le menu de la visite d'état du dirigeant chinois, que les femmes s'intéressent plus au divorce de David Beckham qu'à la politique (mon Dieu, comme on les comprend), que François Hollande a annoncé la nomination de Manuel Valls un jour trop tôt, mais… non arrête, t'as dit que t'en parlais plus (et il faut tenir ses promesses).

Bon allez, last but not least, après nous avoir bien cassé les couilles, Candy crush entre en bourse.

Voilà, je crois qu'on a fait le tour.

Eh ben avec tout ça, je sais pas pour vous, mais je crois que je vais aller faire un tour.

Prendre l'air, marcher. Rien foutre. Glander la truffe au vent et le regard perdu au loin.

Puis d'abord, je vous emmerde. J'ai le droit de voter, j'ai le droit de pas être content de ce qu'on fait de mon vote. J'ai le droit de me perdre. De me retrouver parfois à l'angle d'un réverbère.  J'ai même le droit de croire qu'un réverbère a un angle, c'est dire.

Que celui qui ne s'est jamais perdu sur le chemin de la vie me jette la 1ère carte Michelin à la gueule.

Et joyeux 1er avril.

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