J'en rêve encore
_wendy_
Je rêve que je me défends contre mes harceleurs. Mais dans mes songes, je les crains encore. Je crains leurs humiliations.
« Achète-toi une allure. »
« T’es une paria, une intouchable. »
« Si on me donnait le choix entre rouler une pelle à L. ou à une grosse merde, j’hésiterais pas, je choisirais la grosse merde. » (Je me suis imaginée, plus tard, les kidnapper et les menacer, leur mettre un étron devant le nez et les forcer à « l’emballer », juste pour voir leur réaction, je parie qu’ils n’en mèneraient pas large.
Ils s’étaient presque tous ligués contre moi, les mecs de ma classe. Je n’ai jamais reçu de sévices corporels, mais les insultes étaient bien assez douloureuses. Tous les jours, sans cesse, pendant quatre ans. Je ne sais pas l’effet que ça leur procurait, peut-être que ça les faisait jouir, ces porcs.
Je parie qu’ils m’ont oubliée, qu’ils ne me reconnaîtraient même pas aujourd’hui. Moi je n’ai pas oublié. J’en rêve, encore, parfois, je vais avoir trente ans et ça remonte au collège, et j’en rêve encore la nuit.
J’ai commencé à envisager le suicide à ce moment-là, sans savoir vraiment comment m’y prendre, sans être vraiment décidée. J’avais à peine douze ans.
Parfois je me dis que si je suis lesbienne – ou pense l’être – c’est parce que presque tous les mecs de ma classe se sont conduits comme des gros connards vis-à-vis de moi pendant quatre ans. Je ne suis pas non plus devenue une chienne de garde misandre, mais les mecs en général ne m’inspirent pas confiance. Je ne dis pas que les filles, à l’époque, étaient super sympa avec moi. C’étaient des pétasses bourges qui critiquaient mes fringues et m’exhortaient à rentrer dans le moule – ce que j’ai dû faire – pour me « tolérer » dans leur groupe, mais je n’ai pas subi le même degré de violence et d’humiliation de leur part. Et au bout du compte, je me suis faite de vraies amies filles qui m’acceptaient telle que j’étais et me respectaient.
Je ne les cherchais pas, ne les provoquais pas, mais eux venaient toujours vers moi pour m’ensevelir sous leurs propos immondes à mon égard. Je voulais juste qu’on me foute la paix. Je ne cherchais à plaire à personne, mais qu’au moins on me fiche la paix, putain. Mais non.
Je parie qu’ils ne pensent plus à moi, j’ignore tout de leur vie actuelle mais si j’apprenais qu’ils sont dans la merde et en bavent je n’irais certainement pas pleurer sur leur sort.
Je vais avoir trente ans, et j’en rêve encore.
C'est touchant, triste mais réaliste, triste réalité, comme toujours, c'est un sujet qui fait parler de lui en ce moment, et tu le conte magnifiquement.
· Il y a plus de 10 ans ·Aly.
Je te comprends... j'ai les mêmes sensations : si l'on ne m'avait pas tant rabaissée toute ma scolarité, je pense que je ne serais pas si apeurée par les autres. Courage, même si ce mot ne veut plus dire grand chose. Prend soin de toi, et ne change pas, jamais, lesbonnes cases ont s'en fou.
· Il y a presque 11 ans ·redstars