JESSICA (L'AdK) - Partie 2

yahn

Extrait de "L'apocalypse de Kate"...



En plus du Munch, il possédait un autoportrait signé du photographe Robert Mapplethorpe, sa photo la plus connue, avec le pommeau de la canne en tête de mort et son visage en arrière-plan. Tous ses sujets de prédilection, auteurs et artistes dont il collectionnait les oeuvres ou mentionnaient le nom tournaient autour du pessimisme pour Schopenhauer, du suicide pour Cioran, du sexe et de l'omniprésence de la mort dans la dernière période de Mapplethorpe. Il cherchait le côté noir des choses, que ce soit dans l’art ou dans sa personnalité et il avait bien raison car c’était la seule chose qui l’intéressait elle aussi. Pour ce qui était des sculptures et des bibelots, elle s’y connaissait moins, mais fit quand même des tentatives histoire de marquer encore quelques points dans leur « blind-test » improvisé. Ils étaient tellement en symbiose qu’elle se lâchait, disait tout ce qu’elle avait sur le coeur et venait de raconter sa vie en quelques minutes. Elle parlait trop et il allait finir par se rendre compte qu’elle n’était qu’une coquille vide. Elle décida de ne plus ouvrir la bouche, écouter pour changer. Il apporta les verres sur la table basse, s’installa, et elle prit place à côté de lui. Pour Erwan, un Irish coffee, elle un « cocktail maison », et Nicolaï, lui, s’était servi un verre de lait, une boisson très saine à ses dire. Elle s’attendait à ce que son silence laisse un vide, mais rien du tout. Ils avaient plein de choses à se dire au contraire.

Nicolaï avait chargé Erwan de trouver « un lieu à Lyon » comme il disait, et Erwan venait rendre compte de ses avancées. Elle se sentait encore plus ridicule d’avoir pu se croire le centre du monde. Au bout d’une minute ou deux, Nicolaï s’apercevant qu’elle avait décroché, lui expliqua le fin mot de l’histoire. Il allait ouvrir trois boites de nuit simultanément, une à Pékin, la deuxième à Sydney, et la troisième en France, à Lyon. Ces lieux allaient devenir « The place to be » dans le monde de la nuit. Il ne pouvait pas trop lui donner de détails pour des raisons de copyright, tout ceci était encore top secret, mais il s’apprêtait à bouleverser tous les codes, changer le sens même du mot : fête. Il était fascinant, tellement qu’elle aurait pu l’écouter jusqu’à la fin des temps. Plein d’une telle arrogance face à la vie qu’il ne semblait pas être sujet, mais maître de son destin. Résolu à façonner son univers, le marquer de son empreinte. Il tenait son verre de lait de la main gauche, le bras appuyé contre l’accoudoir du canapé, les jambes croisées et Jessica entrevoyait un peu l’intérieur de sa cuisse par le pan ouvert de son peignoir. Mais ce qui le rendait encore plus incroyablement sexy, c’était le petit trait de lait déposé au-dessus de sa lèvre supérieure. Il était si craquant qu’elle avait envie de lui sauter dessus, de l’embrasser comme une sauvage et prendre cette liqueur à la source de ses belles lèvres ourlées. Il s’essuya avec sa serviette et ils reprirent la lecture de leurs documents juridiques. Erwan lui faisait viser des contrats dans un parafeur quand Nicolaï se tourna vers elle pour lui proposer de but en blanc de partir pour Lyon avec eux. Il avait d’autres actes à signer sur place pour lesquels il ne pouvait donner de pouvoir. En partant dans l’heure l’excursion était tout à fait envisageable. Ils prendraient son jet privé, dîneraient et dormiraient pendant le voyage. Il ne lui laissait pas le choix, lui en profiterait pour revoir les lieux et elle pour découvrir la ville de Lyon. Ils rentreraient dimanche soir et personne n’apprendrait jamais rien de leur petite escapade, à moins qu’elle n’en parle bien sûr. Elle opposa tout ce qu’elle put : elle n’avait pas son passeport, pas de vêtements de rechange, mais Nicolaï avait réponse à tout. Pour les papiers aucun problème, il avait un sauf-conduit lui permettant de passer les douanes à l’aéroport J.F.K. et Saint-Exupéry. Pour le reste, elle n’avait aucun souci à se faire il pourvoirait à tous ses besoins. Elle accepta.
C’était la première fois que Jess prenait un jet privé. Le luxe, le cuir et le faste du repas était bluffant. Nicolaï passa une bonne partie du voyage au téléphone ou en visioconférences, parlant à ses interlocuteurs tantôt en russe, en français en anglais ou des langues qu’elle ne reconnaissait pas. Elle était fascinée, sous le charme, mais n’importe quelle jeune femme de 23 ans l’aurait été pour moins. Elle feignait de s’intéresser aux conversations d’Erwan, riant à ses pointes d'humour même quand il n’était pas drôle ou qu’elle décrochait pour écouter Nicolaï quand il s’exprimait en anglais ou en espagnol, les seules langues qu’elle comprenait. Depuis le départ, il n’avait pas eu un regard pour elle et ça la mettait en rogne. Elle cherchait désespérément à se donner un air détaché, mais ses pensées tournaient toutes autour de lui et de la meilleure attitude à trouver pour lui arracher un regard. Recherche inutile car Nicolaï finit par poser son oreillette et s'asseoir près d’eux. Il prit une coupe de champagne et passa le reste de la « soirée » – en se basant sur le fuseau horaire de New-York – à leurs côtés. Erwan parti se coucher, eux n’avaient pas sommeil, se reposeraient à Lyon. Ils parlèrent de tout, de voyages, d’art encore, mais aussi de religion. Nicolaï avait une conception très personnelle du culte. Selon lui, Lucifer était à l’origine de tout. Bien sûr il y avait un Dieu, mais il avait créé un monde figé, une humanité sans libre arbitre, et c’est au malin que l’Homme devait sa liberté. Voyant qu’elle ne comprenait pas, il lui fit un petit cours de théologie. Dans l’Islam par exemple, Satan se nommait Azazel, il était un djinn – un esprit – vivant au milieu des anges, le plus beau et le plus intelligent d’entre tous. Puis Dieu créa Adam et Eve à partir d’argile – quand eux étaient faits de lumière – et leur demanda de se prosterner devant ce qu’il considérait comme la perfection de sa création. Tous obéirent, sauf lui et Dieu le banni du royaume des cieux. Alors Azazel proposa un pacte à son seigneur : qu’il lui donne le pouvoir d’influencer en mal la descendance d’Adam et Eve, qu’il leur donne un ange gardien si besoin pour les protéger, et le jour de la fin des temps, celui que choisirait Dieu pour le jugement dernier, si le décompte des âmes restées proches de leur créateur dépassait celui venu près de lui, le Diable, alors il se prosternerait devant l’Homme. Dieu accepta, et c’est ainsi que l’humanité gagna son libre arbitre et le droit de vivre pleinement. Décidément Nicolaï ne ressemblait à personne. Elle tournait et retournait le problème dans tous les sens, mais il avait raison : tout dans la vie, que ce soit les arts, la philosophie ou même l’amour, tout cela on le devait à la possibilité de faire des choix et donc au malin. Ses arguments étaient percutants et son raisonnement imparable. Il était juste incroyable, lumineux.
Ils se posèrent à 14h00, heure de Paris, deux heures du matin à New-York. A l’aéroport une voiture les attendait. Effectivement, ils n’eurent à passer aucun contrôle des douanes. Erwan avait réservé trois chambres à l'hôtel de « La cour des loges » dans le quartier du vieux Lyon, près de la gare Saint-Paul. Ils prirent l’autoroute. Il faisait beau et chaud. Jessica essayait de s’imprégner des paysages qu’elle découvrait. Elle pensait à sa soeur qui vivait à quelques centaines de kilomètres d’ici et à ce qu’elle penserait en la voyant dans cette magnifique limousine. Arrivés en ville ils sortirent de l’autoroute pour prendre les berges de Saône à la confluence entre Rhône et Saône et remontèrent les quais, passèrent devant le quartier Saint-Georges, puis Saint-Jean. Elle avait l’impression de remonter dans le temps, se retrouver dans un moyen-âge sauvegardé. Ces quais étaient tout simplement magiques. Sur la gauche de vieilles demeures de la renaissance aux façades pastelles, jaunes, roses, ocres, aux milieu la Saône avec ses ponts suspendus pour piétons ou voitures et de l’autre côté la presqu’ile. Arrivée à hauteur du quartier Saint-Jean, la voiture ralentit et elle put admirer la majestueuse cathédrale de Fourvière dominant la ville du haut de sa colline et le dos de la cathédrale Saint-Jean en contrebas. Nicolaï jouait les « guide touristique » pendant le trajet et il était plutôt doué dans ce rôle, comme dans tous les autres d’ailleurs. Ils tournèrent pour la place Saint-Paul, là son chauffeur fit une pause à sa demande devant l’ancienne gare tombée en désuétude que photographiaient des touristes. C’était le lieu pour lequel ils avaient fait le voyage, là qu’il implanterait son quartier général. Il lui confessa que le Vieux Lyon était truffé de souterrains, un peu comme les catacombes parisiennes, dans lesquels se dérouleraient entre autre des messes noires. Certaines des galeries étaient indiquées sur les plans du cadastre, mais ses ouvriers avaient découverts sous la gare une immense salle répertoriée nulle part. Ici se réunirait « Le cercle des nicolaïtes ». Elle ne comprenait pas vraiment de quoi il voulait parler mais qu’importe. Cette fois elle entrait de plein pied dans le monde dont elle avait toujours rêvé, elle était Alice au pays des merveilles, lui le lapin blanc et elle allait se réveiller.

Mais le chauffeur, bien réel, repartit, prit une étroite rue pavée un peu plus loin entre les terrasses de « bouchons lyonnais », puis une autre plus serrée encore avant de les déposer devant la porte de l’hôtel de la Cour des Loges. Le lieu était splendide. Il s'agissait d'une vieille et immense demeure en pierres à la façade parfaitement entretenue. L'entrée donnait sur une cour intérieure servant de salle de restaurant. Les pass de leurs chambres en mains ils empruntèrent les escaliers pour visiter un peu cette architecture unique digne d'un film de cape et d'épées. Que cette ville était belle ! Que ce quartier était incroyable et fascinant ! Elle en tomba littéralement amoureuse, comme s’il avait toujours fait partie d'elle et ne la quitterait jamais plus. Sa chambre était immense, dans les tons rouges acajou et des rideaux partout. Le lit à baldaquin donnait à l’ensemble un cachet des plus romantique. Ils s’étaient donné rendez-vous à 19h00 au bar de l’hôtel. Il lui restait trois heures à dormir. Elle prit une douche rapide et se coucha. A 18h00, quand le réveil sonna, cette « petite-nuit longue-sieste » l’avait requinquée. Elle se sentait en pleine forme, prête à briller de mille feux. A côté, sur l’oreiller, une petite enveloppe posée. Quelqu’un était entré dans la chambre pendant son sommeil. Elle l’ouvrit. A l’intérieur une carte manuscrite : « Regardez dans le dressing. Nicolaï. ». Elle chercha autour, deux portes miroirs près de la salle de bain attirèrent son attention. Elle se leva, les ouvrit. A l’intérieur, des jupes, des jeans, des T-shirts, des robes et des chaussures. Tout à sa taille. Une autre carte était glissée entre les vêtements : « Quel que soit votre choix parmi ce petit florilège, j'ai hâte de vous retrouver pour un petit repas en tête à tête. Je porterai un smoking et vous attendrai dans la cour. A moins que vous ne préfériez l'aspect fendu d'un peignoir de bain ? ! ». Il avait donc remarqué ses petits coups d'oeil à l'endroit de son entre jambe. Tant pis !
A 19H00, Jessica fit son apparition dans la cour de l'hôtel. Des couples buvaient l'apéritif, bien habillés, bien coiffés, prêts à faire de leur mieux pour se trouver le centre du monde. Mais de quel monde ? Simplement du leur sans doute. Nicolaï, smoking noir, était au bar, ses longs cheveux négligemment ligaturés par un anneau d'argent finement ciselé brillant entre ses omoplates. Elle traversa la cour en sa direction attirant tous les regards. Elle portait une jupe de tulle froissé rose pâle, des mi-bas blancs et des mocassins verts assortis, un corset lui cintrait la taille et terminait sous sa poitrine bordés de dentelle blanche. Entre les seins, un petit noeud papillon vert d’eau. Sur les épaules, un veston de tulle translucide brodé laissait transparaitre sa poitrine ferme et blanche. Elle semblait tout droit sortie d'un 17ème siècle improbable. Elle savait qu’elle en jetait, qu’elle avait la classe, une fois « dressé » de vêtements de marques, le « grand haricot » pouvait se changer en lianes dans cette jungle. Des tables alentours remontaient quelques remarques à sa vue, et surtout, nombre d’entre eux avait dû reconnaitre Nicolaï. Ni l'un ni l'autre n'y prêtèrent attention. De toute manière, les commentaires étaient plutôt flatteurs. Son chauffeur les conduisit sur l’île Barbe au nord de Lyon. Là encore, le décor était majestueux. L’île était une pure merveille, petit bout de terre planté au beau milieu de la Saône avec ses maisons centenaires. Passé le pont suspendu, ils traversèrent un parc avant de descendre au plus près de « l’Auberge de l’île », un restaurant gastronomique. Des tables basses entourées de canapés aux coussins blancs écrus étaient dressées dans une petite cour, les murs extérieurs recouverts de lierres et de glycines aux grappes de fleurs mauves et blanches. Le dîner quant à lui était un enchantement. Jamais elle n’avait passé une soirée aussi magique, aussi parfaite. Elle l’interrogeait sur son passé, sa vie, lui répondait histoire de Lyon. Il lui demandait le pourquoi de son prénom et avait droit à toute sa généalogie. Elle s’en foutait de se livrer ainsi, elle n’avait plus honte, de toute façon elle était à lui. Après le repas, Nicolaï tint à lui présenter sa demi-soeur : Jézabel Rinalski, comtesse hongroise et propriétaire de ce qui semblait être le château de l’île. Elle ne savait pas qu’il avait une soeur.
En se dirigeant vers sa demeure, il lui expliqua qu’elle avait racheté cette propriété car pour elle, la ville de Lyon était un carrefour tellurique, un lieu où se croisaient toutes les ondes nécessaires à son travail. Elle était astrologue, spécialiste des tarots, pratiquait aussi le vaudou, le spiritisme et les magies blanche et noire. Très connue dans le milieu des cartomanciens, elle comptait parmi sa clientèle un grand nombre d’artistes et de politiciens de renom. Jess n’avait jamais entendu parler de cette Comtesse Jézabel Rinalski, un nom pareil ne s’oubliait pas, mais le portrait qu'il en faisait la captivait. Plus ils avançaient dans l’île, moins les maisons étaient éclairées et plus les ombres se faisaient présentes, oppressantes. Il sonna à l’interphone. Une minute plus tard le portail électrique s’ouvrait sur un jardin sombre. Jézabel les attendait sur le perron de la porte. Jessica resta figée sur place, envahie par une sensation étrange. La femme devant eux portait une longue robe de soirée blanche rehaussée d’une capuche masquant partiellement son visage. Nicolaï partit la rejoindre et Jess lui emboita le pas. En approchant elle vit que Jézabel avait des cicatrices sur la joue et le front, telles des empreintes qu'aurait pu laisser le coup de patte d’un lion ou d’un tigre. Un visage pas vilain, sinon. Ce ne sont pas ses marques qui la troublèrent sur le coup, mais quelque chose d’étrange se dégageant d’elle et de cette maison, quelque chose de puissant. Une impression. Elle avait toujours cherché le gothique, cette fois elle était en plein dedans.
Jézabel sourit tendrement à Nicolaï, sans un mot, et déposa un baiser sur la main qu’il lui tendit. Ce baiser la surprit, mais le décalage horaire, le vin du repas, les décors somptueux, l’improbable et l’irréel de ce voyage la maintenaient dans un état d’ivresse permanent. Elle classa ce geste parmi toutes les choses atypiques sur lesquelles elle se pencherait plus tard. Jézabel les conduisit au salon tout en vantant la beauté de Jessica et regrettant la rareté des visites de Nicolaï. Elle avait une voix chaude, douce et imposante à la fois, un léger accent slave et quelque chose d’animal ne la laissant pas insensible. Jess admirait les formes de la belle Jézabel, parce que, si sa capuche masquait partiellement les marques de son visage, sa robe elle ne cachait rien de la beauté de son corps. Cette fille avait des courbes parfaites, des proportions idéales, et ses cicatrices rien d’un repoussoir pour un homme, ni même pour une femme d’ailleurs. La maison était immense. Ils traversèrent un long couloir orné de grands et vieux tableaux avant de pénétrer dans une immense salle à manger. Dans le coin salon, près de la cheminée, deux fillettes jouaient à la poupée sur un canapé en cuir. A côté, deux hommes en costumes cravates étaient installés dans des fauteuils autour d’une petite table en acajou, accaparés par quelques cartes retournées d’un vieux jeu de tarot usé. Nicolaï traversa la pièce pour leur faire l’accolade suivit de Jézabel. Jessica resta un peu en retrait. Apparemment il s’agissait de hauts fonctionnaires car Nicolaï les taquina à propos de leur présence chez une voyante. Selon lui cela en disait long sur le désarroi ou l’incompétence des politiques. Ces hommes avaient l’air de gens importants, et pourtant il agissait avec eux comme il l’aurait fait avec Erwan, et eux ne semblaient pas trouver ça déplacé. A l’évidence ils étaient ses subordonnés dans une hiérarchie secrète. Ce n’était pas son imagination qui lui jouait des tours, leur soumission était évidente. Nicolaï était beaucoup plus complexe, énigmatique et puissant qu’il ne donnait à voir, et ce pouvoir la fascinait.
Il lui demanda d’approcher pour faire les présentations. Le gros chauve s’appelait Stéphane Karl, était ni plus ni moins que directeur de cabinet du ministre de l’intérieur français. L’autre, avec ses petites lunettes, l’air pincé, inspecteur au ministère des finances. Elle ne s’était pas trompée sur leur compte, ils étaient vraiment importants. Quand Nicolaï prononça son nom « Jessica Willmore », le gros eut un mouvement de recul, bredouilla « Willmore, comme… », mais Nicolaï lui coupa la parole.
- Willmore, comme… j’adore !
Ensuite il se plaint de l’accueil, la Comtesse les laissant mourir de soif, il se demandait s’il était vraiment le bienvenu. Mais mourir de soif ou d’autre chose Jess s’en foutait. Deux mots résonnaient dans sa tête : « Willmore, j’adore ». Elle était folle de lui, de son monde, de sa vie.
Allongée sur son lit, elle ralluma son portable, toujours aucun Email de Kate. Cette fois elle ne pouvait plus garder ça pour elle, elle devait lui raconter les jours qui avaient suivi. Elle repensa à son vieux journal, elle allait tout mettre par écrit, lui scannerait et lui ferait lire quand Kate se déciderait à donner de ses nouvelles. Ça faisait des années qu’elle n’avait pas tenu un stylo. Le journal était rangé à sa place, dans le dernier tiroir de la commode. Elle se leva pour le chercher quand son père ouvrit la porte de sa chambre sans frapper. L’ambassade des Etats-Unis à Alger venait de l’appeler et il devait lui parler. Les papiers de sa soeur venaient d’être retrouvés dans les décombres d’un hôtel suite à un attentat à Alger. Le journal resta dans la commode.
Quelques jours plus tard la nouvelle était confirmée par les tests ADN. Après l’enquête, on renvoya les restes de la jeune femme aux Etats Unis afin que ses parents lui donnent une sépulture décente.
Jessica ne se remit jamais vraiment de la mort de sa soeur et le peu de réconfort qu’elle trouva ce fut auprès de Nicolaï. Quant à ses parents, tout à leur douleur ils ne virent pas à quel point Jessica avait changé depuis son voyage à Paris, et à quel point elle se trouvait en danger.



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