Jeune retraité si désolé, trop isolé
Jean Claude Blanc
Jeune retraité si désolé trop isolé
Ce que m'alarme un mien copain
Même en retraite trop solidaire
Accoutumé servir les siens
Espèce d'AS missionnaire
Si attaché à son turbin
Détèle pas, mais le paie cher
Plus qu'à cultiver son jardin
Redevenu simple citoyen
Ses saintes journées, de vraies galères
Depuis des mois cloitré chez lui
Tournant en rond, à perdre l'esprit
Son épouse encore au boulot
Ses 3 gamins, loin du pays
Seul à moisir, en a plein le dos
Au diable ces sales commentaires
Offerts gratos sur un plateau
« Tu me diras pas, ex fonctionnaire
Pourquoi t'en plaindre, t'en as du pot !»
Lui si blagueur d'ordinaire
Avec ses potes joyeux lurons
Lentement, sûrement se ronge les nerfs
Se croit dépassé, plus dans le ton
Désormais coupeur de citrons
Touché par ce mal qui le détruit
A ces angoisses qui l'étreignent
Que l'on dénomme « mélancolie »
Regrets, souvenirs, putains de teignes
Qui le persécutent sans répit
Même à en perdre l'appétit
A consulté l'homme de l'art
Qui l'a couché sur son divan
Pour le confesser de ses histoires
(Carte vitale obligatoire
Qu'il lui réclame sans retard)
Savant rimant avec argent…
Du coup plus le goût lui en conter
Bourré de remèdes, qui font rêver
A roupiller plupart du temps
(Effets pervers de médicaments)
Selon le psy, qui se les roule
En tant que professeur maboule
Plus de courage, se le reproche
En est conscient, emmerde ses proches
Fuit ses voisins, rien à leur dire
Plus de mémoire pour réfléchir
Même ses intimes, tentent le faire rire
Hélas une autre paire de manche
Car en retour râles et soupirs
N'est pas question qu'il s'épanche
Peuvent pas comprendre son délire
Se pensant seul à le subir
Déjà survivre en martyr
Plus qu'un exploit, souhaite en finir
Lisant la honte sur son visage
D'être jugé comme fou à lier
Si orgueilleux cache sa rage
Mais en secret, ne cesse de ruminer
Pas tombé de la dernière pluie
De se morfondre ça lui coûte
Nage dans ses nippes, amaigri
S'aperçoit bien qu'on le chouchoute
Même un peu trop, a tout compris
Pure charité, y'a pas de doute
Pourtant que juste reconnaissance
Pour sa part de job, accomplie
En sa famille mettant l'ambiance
La rassurant, papa gentil
Plein de tendresse pour ses petits
Et corvéable à merci
Qu'il ne peut plus leur avouer
Tant d'états d'âme, préoccupé
Et c'est pourquoi se considère
Bouche inutile sur cette Terre
Cependant rude caractère
Tente passer outre ses misères
Voir ses rictus, sombres amers
Compagnon d'armes depuis 40 ans
On se connait entre compères
Son teint blafard peu reluisant
Ce qu'il m'inquiète, toujours se taire
Pas dans son genre, gueule d'enterrement
A l'intérieur vit un enfer
Pour pénétrer en sa carcasse
Franchement ardu, car ça l'agace
Naturellement qu'en apparence
Car il sait faire la différence
Entre sentiments et fausses grimaces
Sûr qu'en lui-même, mesure sa chance
D'être entouré par ceux de sa classe
De régiments, de son enfance
Ne s'agit pas l'entourlouper
Rusé renard du métier
Poste d'honorable directeur
D'associations de potes du cœur
Son existence consacrée
A soutenir ces affamés
Ces migrateurs oiseaux de malheur
D'où ses remords à demeurer
En sa baraque les bras croisés
Manque pas de fric comme pensionné
Pas à la pelle, mais bien assez
Pour se payer chaque semaine
Ce palmé canard qui se déchaine
Pour le libérer de ses problèmes
Certains le raillent, les plus jaloux
(Que des corbeaux, traitres cancaniers)
Qu'ont pas atteint notoriété
Lâches, le traitent de mots doux…
« Bien fait pour lui, faire le cacou
Représente plus que vieux grigous »
De ces racontars en a soupé
Pas un surhomme après tout !
Mais l'entend pas de cette oreille
Sotte société, moche et cruelle
Quand l'un des nôtres fait plus merveille
Les cuistres profitent faire du zèle
Piquant sa place et son oseille
Même sa peau à la poubelle
Peut-être suis-je trop tourmenté
En la matière, renseigné
Perdu mon frère, aussi stressé
Rien vu venir, peur qu'il se jette
J'en fais des tonnes pour l'égayer
Supporte plus cette phrase abjecte
« Un beau matin, s'est suicidé
On aurait dû….mieux l'épauler »
Que du baratin d'apitoyé
Qui s'en bat l'œil en vérité
Cher anonyme, ne cède pas
Même si pour l'heure, t'as guère le choix
C'est qu'une épreuve de plus pour toi
Qui te fera grandir, plus de tracas
A condition…bordel soigne toi !
Tout en sachant que tu t'y emplois
Car des fidèles, t'en as des tas
Moi-même j'en chie…dans le caca
Ensemble allons au bar tabac
Remplir nos verres de picrate
Te biles pas, y'a des nanas
Balance cachetons et autres extras
Y'a rien de meilleur pour la rate
Qui par le gros rouge se dilate
Je t'y convie et je prends date
Pour oublier ce cafard qui te mate
Car psychopathe et névropathe
Pas ton parti comme la Droite
Alors de force faut que tu m'épates
Marche fièrement sur tes 2 pattes
Pas comme Macron, cet automate
Malade mental pour sa chatte
A enfermer ce ploutocrate
Pour ton plaisir, j'ouvre ma boite
En attendant que je le constate
Que tu ne sois plus sur voix étroite…
Que de nouveau d'humour éclate
A tout jamais en cataractes
Que ce verset ce soir te flatte
Drogue pour dormir avec hâte
Pour séparer ceux qui se battent
De ces beaux draps, douceur d'ouate
Entente mutuelle, logique te gâte… JC Blanc avril 2018 (pour toi l'Ami)