Jeux interdits

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Deux enfants enlacés sur une balançoire

S’aiment et se subliment dans l’herbe qui les digère,

Le cœur pétri de sève, sang végétal sans gloire

D’une ombre drapée d’écorce et de prières.

Elle ne regarde pas. La princesse est couchée,

Infiniment rêveuse, extrêmement malade,

Seule au premier étage dans sa couche salée,

Avec ses papillons, ses fleurs et sa ballade.

Par le plafond ruisselle une pluie en clé de sol,

Le souffle du pianiste, artiste sans boussole

Qui joue pour son ami, un peintre sans jardin

Qui tisse dans des flaques les reflets du matin.

L’aïeule du troisième a égaré sa montre,

Elle ferme ses rideaux quand le soleil se montre,

Gardant serrée contre elle l’image de son amant,

Un architecte fou brisé par l’océan.

Au navire éventré, à ses ailes muettes

Cajolées par l’écume et le rire des mouettes,

L’étudiant du grenier ne peut pas y penser…

Ses songes sont des locomotives dopées,

Il ouvre sa fenêtre et se met à chanter.

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