J.O et chaos

Kanon Gemini

Comment la fête va tourner au désastre.

     Salut les p'tits loups. Aujourd'hui, actualité oblige, on va parler de cette grande fête sportive internationale que Paris, la ville lumière, la capitale de ce phare de l'humanité, va accueillir : Les Jeux Olympiques de 2024. Et oui, ça approche. A l'euphorie de l'âne de Paris, toute guillerette de voir sa ville témoin devenir le centre du monde pendant 15 jours, s'oppose l'inquiétude grandissante et de la population, devant la facture qui va lui être présentée, et du gouvernement devant la mobilisation de moyens humains pour en assurer la bonne tenue.


     Eh oui, le parisien a beau avoir le fondement très élastique, il ne peut que constater qu'une organisation d'un tel évènement a un prix. Et systématiquement, les promesses des élus sur la brochure remise au C.I.O (Comité International Olympique) d'un budget raisonnable explosent devant les délais à tenir pour les infrastructures à bâtir, les exigences plus ou moins fantaisistes des organisateurs et tous les petits imprévus. Alors évidemment, notre Don Quichotte du quinoa et des toits végétalisés y oppose les retombées forcément exceptionnelles, le peuple se roulant dans le miel et l'or. Mais l'historique des villes ayant organisé les J.O lui donne tort. Aucune ville d'un pays développé n'a tiré de bénéfices d'une telle organisation et ce pour de nombreuses raisons. A part des villes qui avaient besoin d'un sérieux lifting, les nouvelles infrastructures construites l'ont été pour les jeux et sont souvent inutiles par la suite, laissant le seul coût de l'entretien aux municipalités sans avoir pour autant de rentrées d'argent en parallèle. De la même manière, les villes maximisent des retombées économiques qui n'ont pas lieu. Déjà, vis à vis des habitants du cru, les pouvoirs municipaux anticipent des dépenses des ménages parisiens dans cet évènement mais sans tenir compte qu'ils ne dépenseront pas cet argent dans un autre item du bassin. Le salaire étant une somme d'argent fixe, le ménage ne dépensera pas plus pour les J.O. Ensuite, pour les touristes, oui, il y aura ceux qui se déplaceront uniquement pour cet évènement. Mais en parallèle, les touristes réguliers auront tendance à fuir la capitale pour éviter la gêne occasionnée, le meilleur exemple étant les J.O de 2012 à Londres où la perfide Albion avait eu moins de touristes que les années habituelles. Enfin, les lois économiques étant immuables, il faut aussi tenir compte de l'explosion des prix de service (hôtel, location de voiture, etc.), alourdissant la facture des habitants. Évidemment, aucune étude indépendante ne corrobore cette méchante impression que ça va piquer, mais du côté du factuel, on repensera, la larme à l'œil, aux J.O d'Athènes, qui ont précipité le pays à sa ruine.


     De leur côté, les pouvoirs publics sont inquiets, notamment notre Gégé national. Le Coterep de l'intérieur voit le travail titanesque qui l'attend et qu'au moindre accroc, ça pourrait lui péter à la gueule. Soit il met le paquet à Paris, et le reste de la France est dépouillé de protection en plein Vigipirate Rouge violet, soit il garde une répartition équitable sur le territoire, afin de pouvoir continuer à pruner du père de famille qui roule à 35 KM/H en agglomération. Quant à la sécurité, ne nous leurrons pas, ça promet d'être épique. En effet, la dernière tenue d'évènements sportifs en France n'incite pas l'optimisme. Outre le Rugby, discipline non présente aux J.O, qui nous aura réservé quelques sifflets, le reste a montré à la face du monde ce qu'était réellement notre pays : un coupe gorge dont la sécurité des personnes ou des biens n'est absolument pas assurée. On peut se remémorer la finale de la Champion's League où les bandes avaient dépouillé les visiteurs alors que régnait un désordre sans nom, la billetterie automatique étant… en panne. Dernièrement, on peut penser à ce O.M/ O.L où les bus des lyonnais ont été attaqués. Encore une fois, les témoignages font froid dans le dos, avec un entraîneur qui a frôlé de perdre un œil, des spectateurs et joueurs traumatisés. Le tout sur un trajet connu et sécurisé. Notre cuistre de l'intérieur, dans les deux cas, se défausse évidemment de tout manquement, accusant les anglais pour le premier, avec une histoire de faux billets qui a largement été controversé depuis, et accusant les clubs dans le second, les rendant responsables de leurs supporters… sur la voie publique. La dérive suivante sera de trouver un lien footballistique pour expliquer n'importe quel méfait pour rendre les clubs responsables. On notera de la même manière que suite aux attentats, le Coterep avait immédiatement accusé Benzema, gratuitement, sans aucune preuve, lui imposant la communication qu'il devait tenir, lui supprimant de fait sa liberté de pensée, sa liberté de parole et son droit à un procès équitable.


Mais, le Gouvernement, ne ratant jamais une bonne occasion d'emmerder les français, ne va pas passer à côté d'une si belle occasion d'utiliser la peur pour leur ponctionner encore un peu de libertés. Ainsi, à cette occasion, va être utilisé la surveillance automatisée, autrement dit des caméras un peu partout, gérées par un algorithme. Évidemment, tout cela sera sévèrement encadré par la Loi. Ah, la quadrature du net, association luttant pour les libertés civiles, émet de sérieux doutes. Déjà, rien ne garantit que ces caméras disparaîtront après les J.O, rien ne nous dit de ce que l'on apprendra à cet algorithme quant à ce qu'il doit rechercher et le spectre d'une surveillance de masse flotte. On peut imaginer sans peine un destin à la « Person of interest » pour l'avenir, entre les données collectées via stop COVID, les nouvelles cartes d'identité avec empreinte digitale ainsi que tous les autres bidules gouvernementaux. Avec tout ce que notre pays compte de margoulins prêts à succomber au chant des sirènes, on voit d'ici le bon gros capitalisme de connivence se mettre en place : lobbying intensif, projet de Loi finement ciselé pour favoriser les copains, effet de langage bien anxiogène et suffisamment vagues.


Capitalisme de connivence que l'on retrouvera pour les constructions qui seront attribuées aux habituelles entreprises. Et sur ce point, malgré les nombreux reportages sur le sujet, personne ne s'émeut du sort des sans papiers qui travaillent dans des conditions inhumaines. Plus facile de critiquer le Qatar sur la construction de ces stades que de faire un véritable état des lieux chez soi, où les mêmes méthodes sont appliquées. Il faut dire que l'âne de Paris a tellement bien vendu ses J.O, les plus écolos, les plus inclusifs que basta les sans papiers. Ils font partie de la poussière qu'elle va mettre sous le tapis, tout comme les étudiants devant laisser leur chambre, tout comme les SDF chargés de disparaître rapidement en province, tout comme les espaces végétaux rasés pour bâtir de l'éphémère. Car oui, encore une fois, entre ce qu'elle nous vend et la réalité, on peut constater ses talents de gymnaste de la pensée. D'un côté, il faut de l'écolo et de l'inclusif, de l'autre, il faut remplacer les jardins d'Aubervilliers, jardins centenaires et ouvriers, par une piscine olympique et dégager les SDF en province, véritable nettoyage social. Mais visiblement, le parisien, écolo de salon, bobo caricatural à l'extrême, a l'offuscation variable. Prêt à faire des manifestations éco conscientes pour ce qui se passe à l'étranger, mais aveugle quand c'est sous ses fenêtres. Ou plutôt cynique du moment qu'il fait partie du projet de la psychopathe municipale.


Pas de doute, la fête va tourner au Project X national et vu le peu de colonne vertébrale dont dispose Gégé, on peut parier sur des relations internationales qui vont se tendre. On peut compter aussi sur Hidalgo et ses lubies de bobo écolo pour une bonne grosse foirade en règle. On va assister à un beau jeu de patate chaude quand quelqu'un devra assumer la responsabilité du fiasco. Mais rassurez vous, rien ne changera, sauf le quotidien des français qui promet d'être très pénible pendant cette quinzaine.

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