John Cale ; ou comment je manque le concert et finis par payer une visite de courtoisie au Centre Pompidou
Clément Thiery
Ce soir-là, le centre Pompidou accueillait John Cale en ses murs. John Cale, le bassiste du Velvet Underground, le flingueur d’alto de ‘Venus In Furs’ ; un survivant de la Factory et du New York underground. C’était la première fois que j’entrais dans le bâtiment, dans le Centre Pompidou, m’étant contenté jusqu’alors d’analyser d’un œil circonspect et respectueux la façade de verre et d’acier, les tubes arc-en-ciel, l’escalator à degrés. Ce soir, j’avais abordé l’édifice par le côté, les yeux baissés sur les pavés inégaux depuis la bouche de métro. Je m’étais interdit le plaisir de me laisser couler le long de l’esplanade, de traverser sur la pointe des pieds l’antichambre pavée. Pour éviter l’emprise de la construction sans doute, échapper à l’intimidation des milles ampoules, me soustraire à la fascination du verre sur la ville. Ce soir-là, j’étais allé jusqu’au bout, les yeux vers le bas, le pas nerveux. Ce soir-là, j’avais franchi la porte.
Sol cimenté, brut. Néons fluo, multicolores. Tuyaux bleus et poutres d’acier, apparentes bien sûr. Je devais retrouver un ami canadien dans la file d’attente, il avait déjà son billet. Les néons flashy guidèrent mes pas vers l’escalier de béton qui menait au sous-sol. Un foule bobo et/ou grisonnante prenait déjà son mal en patience devant les portes de l’auditorium. Je m’approchais d’une jolie rousse sise sous un ‘Billetterie Spectacle’ rouge et éblouissant. « Mmmh… vous pouvez toujours vous inscrire sur la liste d’attente… Peu de chances que ça marche, mais ça ne vous coûte rien ! ». Merde. Plus de places. Sold out. Un SMS à mon collègue canadien, un tour sur moi-même - pour m’imprégner une dernière fois de ce sous-sol fluo-branché - et tournais les talons, savourant la bruyante étreinte de mes semelles de caoutchouc sur le ciment gris.
La porte de verre derrière moi, je traversais l’esplanade pour regagner la rue. Même dos au bâtiment et les yeux levés vers le ciel sans étoiles, l’édifice semblait encore omniprésent ; dans la masse d’acier qui pesait sur mes épaules, dans les reflets qui irisaient les lunettes des passants et jusque dans les nuages teintés d’un pâle rouge-orangé. Je risquais un furtif coup d’œil en arrière – néons, verre, escalator – et pris la fuite. Vite, l’acier brossé chaleureux et le plastique réconfortant du RER !
A l’heure où le train quitta la station en projetant une constellation d’étincelles sur le ballast, le concert devait toucher à sa fin. Dommage que les Black Sessions de Lenoir ne peuplent plus les ondes, j’aurais pu rattraper le concert…
Clément THIERY
2/11/11, au pied du Centre Pompidou, Paris
Vous aviez bel et bien raison; à l'année prochaine sur Le Mouv' pour un retour en fanfare de M. Lenoir!
· Il y a presque 13 ans ·Clément Thiery
raté, mais heureusement il nous reste le plaisir de vous lire...
· Il y a presque 13 ans ·PS: il semblerait que les black sessions vont reprendre sur France Inter
Elsa Saint Hilaire