Jolie rose.

Lamoureux Jade

Etrangeté amère qu'est cet ensemble d'événements inexplicables qu'alimentent indéniablement mes nuits. Mes nuits, perdue, entre le rire et le déséquilibre. Je ne sais comment résister, à cet appel à la démence, cet appel à la folie, qui chante les louanges de soirées où rien n'a d'importance, ou le réel s'évapore sous l'effet de toutes ces liqueurs, de toutes ces douceurs grisâtres qui emplissent nos poumons jusqu'au dernier souffle, jusqu'au dernier geste, jusqu'à tomber. Je ne voulais pas de ça, vite prise au piège, prisonnière de cette bulle confinée où peu sont invités. Cela devient vite trop exigü, on en veut plus, on crie pour en demander encore, encore plus dur, encore plus tard, mourir plus, ne plus vivre. Se détruire, en ayant l'illusion de se construire. Finir à terre, finir dans un lit, finir sous la pluie. La nuit nous devenons des pigeons. Des piafs pour toutes ces familles qui sortent des restaurants : nous sommes sous leurs regards, sans nous en rendre compte, la jeunesse dégénérée qui perd pied. On aime ça. On rejette tout. Et pour cause, ce que l'on voit la nuit est si joli. Tous nos amis. La fête devient un génocyde. Une addiction. Qui tue.  Alors que je meurs, je m'attache, à toi. Oiseau splendide aux ailes dorées qui vole dans le ciel, juste au-dessus de moi. Qui crie, qui rit, qui vit. Je te veux là. M'enfouir entre tes bras, entre tes jambes, sans parvenir à y croire, il se pourrait bien que je tremble. Sous tes regards. Emmène-moi sous tes draps. Laisse-moi me découvrir de mes peines, et de mes haines. Revêt-moi de ce qu'il y a de mieux en toi. Pour qu'une fois à tes côtés nous puissions faire de l'ombre au soleil. Eclipse. Eclipse-moi, au-delà des toits, au-delà des lois... Plus je te désire et plus tu te retires. Laisse-moi t'approcher, laisse-moi t'attraper. J'implose, ma jolie rose.
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