Journal aléatoire d'un alcoolique en sevrage

lafaille

Jour n°14

Je ne suis pas tombé dans le panneau, j'ai résisté à cette tentation vitale de l'appel du premier verre. J'ai eu chaud. Le sevrage, évidemment il y a le manque physique, mais ce n'est pas le plus douloureux. En revanche, la lucidité que vous aviez perdu en vous anesthésiant vous revient en pleine face, et plus vous comptez les jours d'abstinence, ceux qui vous séparent du dernier verre jusqu'à maintenant, plus cette lucidité vous arrache de votre torpeur nauséabonde de celui qui ne se lave pas.

Et là vous vous regardez dans le miroir, vous ne supportez plus votre gueule de con et prenant à bras le corps le chemin de la dignité, vous décidez de plonger votre corps dans un bain chaud. Miracle. L'eau vous ouvre à nouveau l'appétit.

Le retour à la lucidité souligne alors le pourquoi du pourquoi du comment. Elle vous revient, et vous comprenez alors que c'est justement à cause d'elle que vous aviez commencé votre parcours d'alcoolique. Car oui l'alcool exige rigueur, c'est un véritable parcours du combattant.

Viens Fout-Le-Camp, pour fêter mon retour à la réalité, difficile mais nécessaire, on va se taper un bon steak en tête-à-tête, des amoureux heureux de partager notre goût pour la viande fraîche. Fout-Le-Camp me regarde interloqué, il me scrute des pieds à la tête, vient me renifler, il est con ce chien il ne reconnaît même pas son maître. J'ouvre la porte d'entrée, rafales de vent, je reviens sur mes pas, décidé à prendre l'air pour de bon, poumons à bloc bien ouverts, j'attrape gants et bonnet, je claque la porte et cours vers Fout-Le-Camp qui me voyant courir se tape un sprint. C'est le tout début de la guérison. Une longue période suivra, faite de doute et de douleur. Santé !

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