Journal aléatoire d'un alcoolique en sevrage

lafaille

Jour n°20

Fout-Le-Camp a ronflé toute la nuit, ce sacré chien vieillit, pas fermé l'œil de la nuit, Suzanne me revenait en plein cœur, premier flirt, premier amour, premier verre. Début d'un long processus vers la dépendance. Le désir et la douleur ne font qu'un, résonance des possibles dans le pire. Je vomis toute la nuit. L'amour, ça me fait gerber. Étouffement dans les souvenirs, écho des sentiments dans la nuit abandonnée, désir de foutre le camp, de ne plus penser, de s'arracher du monde, sans état d'âme, fuir et mentir chaque seconde, évitement du miroir, ne pas se regarder en face, jamais, de peur de briser la glace, d'accomplir le meilleur de vous. Soleil des jours perdus, incroyable nécessité de retrouver cette enfance volée. Je vomis encore, bientôt midi, et rien ne peut me stopper dans ce vide intercostal, un trou dans ma mémoire, un trou dans l'estomac, un trou dans le trou, origine du monde, le vide, l'absence de la mère.

Viens Fout-Le-Camp, on s'arrache, prendre l'air, sauter dans le premier bus, traverser la ville, et dévaler la pente, je ne peux plus le faire, en sevrage rien n'est possible, tout ce que vous faisiez ivre, vous ne pouvez le faire sobre, le manque prend trop de place. Il est partout.

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