Journal de la dépression - 19 Juillet 2022.
Love Lace
19 Juillet 2022.
Voilà, aujourd'hui c'est peut-être le début de l'acceptation de la maladie, le fait que celle-ci est plus forte que moi et que durant notre combat, à la fin, on retiendra soit que je me suis battue, soit que j'ai capitulé et que j'aurais préféré en finir pour tout arrêter, ce n'est pas mon objectif, je souhaite avancer, la combattre, pour que cette sournoise ombre n'apparaisse plus sur le coin des photos. Je ne suis pas de celles qui s'autodiagnostiquent une maladie via les réseaux, j'ai été diagnostiqué il y a quelques années (2014 ? 2015 ?), j'ai suivi un léger traitement et j'allais mieux mais pour ceux et celles qui ne le savent pas encore, je l'ai découvert à mes dépends, on ne guéri pas vraiment de la dépression, elle est là, en sommeil, prête à revenir, à sauter sur l'occasion d'une mauvaise période pour reprendre le dessus. Le combat est quotidien. Comment je suis tombée dedans ? Je ne sais pas. Je me demande si ce n'est pas héréditaire parfois, j'ai vu ma mère sombrer et nous emmener avec elle, mes soeurs et moi. J'ose esperer que pour mes soeurs le chemin a été plus facile, elles n'avaient pas la pression du père pour gérer ça, qui insistait pour que je fasse quelque chose. Père parti bien sur, me laissant le fardeau. Une fois que ma mère eu remonté la pente je dois avouer que j'allais un peu mieux, une charge en moins à gérer, elle se gérait seule maintenant. Puis la vie fait qu'après 11 ans de relation plus ou moins agréable je quitte le navire, le laissant partir sur un chemin et moi sur un autre, et avec moi mon enfant. Je dois dire que c'est elle qui me tient debout les jours où je ne pense pas y arriver, elle est le rayon de soleil quand l'ombre me dévore mais malgré tout, elle mérite mieux qu'une mère malade et triste. Je me bas pour elle au même titre que ma mère aurait du se battre pour nous, elle n'aurait pas du sombrer mais l'être humain à ses failles et je peux lui pardonner.
Aujourd'hui le père de mon enfant a refait sa vie et j'en suis très heureuse, moi j'ai entrepris une relation qui ne me rend pas heureuse, je préfère être seule, la solitude est pour moi un cadeau, et vous savez pourquoi ? Parce que je ne dois pas faire semblant avec moi même, je ne dois pas faire de concessions avec moi même. Je ne suis pas heureuse mais j'ai tellement appris à ne pas faire de vagues, ne pas faire de peine, que je n'arrive pas à partir, je n'arrive pas à lui dire qu'entre lui et moi finalement, si on ne se voile pas la face, il n'y a aucun avenir. Faire de la peine me détruit, j'ai vu le désespoir dans les yeux de mon ex conjoint quand je l'ai quitté. Je l'ai quitté pour un autre, la personne avec qui je suis toujours en relation aujourd'hui, il ne me regardait plus et l'autre me mettait sur un pied d'estale, nous n'étions que des colocataires là où il avait été mon pilier de vie, c'est encore aujourd'hui une personne importante dans ma vie même si la communication est rompue, même si de son coté il a retrouvé le bonheur et une relation saine, il est le père de mon enfant et il restera toujours dans mon coeur. Je pense être toxique pour n'importe quel homme qui me rencontrera. Je l'ai compris et j'ai fais le deuil de ça, je ne suis pas faite pour une relation de couple. Je les empoisonne avec mon spleen, personne ne mérite ça.
Vous savez ce qui me rendrait vivante à l'instant présent ?
Partir seule avec mon sac à dos à l'autre bout du monde. Malheureusement j'ai un enfant, un travail, et de la culpabilité.
Aujourd'hui est un jour sans, demain peut être aussi, un jour à la fois, un jour encore où je n'ai pas décidé de me donner la mort et ça c'est une victoire.
Bonjour. Chaque journée est un combat contre cette maladie sournoise qu'est la dépression. Certains jours semblent faciles, d'autres nettement plus compliqués. Mais déjà mettre des mots sur ses maux requiert un certain courage, vous l'avez eu et vous l'aurez encore. Je ne peux que vous encourager dans cette voie, elle est vallonnée et certaines pentes sont difficiles mais "mettre ses tripes sur la table" comme l'exprimait Louis-Ferdinand Céline à propos de l'écriture est un exercice qui se rapproche parfois de la salvation.
· Il y a plus de 2 ans ·Paul Robert De La Fauvellerie
Je vous remercie beaucoup de votre message.
· Il y a plus de 2 ans ·En effet, je suis de nature pudique, je souffre en silence pour ne faire de mal à aucun de mes proches, ne pas les inquiéter. Ca me soulage un peu d'écrire.
Merci pour vos mots, ils sont précieux.
Love Lace
J'imagine bien que vous gardez beaucoup de choses en vous, et ça se comprend (peur de déranger ou de faire souffrir, peur de l'incompréhension de l'entourage, et probablement d'autres craintes). L'écriture permet de temps en temps de se libérer de ces carcans. Je vous y encourage car cet exercice m'a également aidé.
· Il y a plus de 2 ans ·Paul Robert De La Fauvellerie
Et par delà la capacité à sortir le poids qui pèse sur nous, cela permet aussi à d'autres de comprendre (ou d'essayer) ce qu'est réellement la dépression...
· Il y a plus de 2 ans ·Caïn Bates
En effet, il est plus facile de dire aux gens "bouge toi ça va passer" que d'essayer de comprendre que ça va au dela de ça.
· Il y a plus de 2 ans ·Merci pour vos mots.
Love Lace