JOURNAL DE NUIT DU QUÉBEC - 3

suemai

Sophie : des nouvelles de chez moi et mes sempiternels délires.

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MONTRÉAL-NORD - 22-11-2015
23h00/QUÉBEC – 5h00/FRANCE

Je ne sais trop pour ce soir. De retour à la maison. Une journée remplie d'émotions d'ici et d'ici. À quelque part je sens qu'on ne me déteste pas vraiment. C'est réconfortant. Je crois bien que Peter ne viendra pas ce soir :-) À mille larmes, mille océans. Comme diraient les peuples nomades d'Australie, je veux vivre le «Tjukurrpa (le temps du rêve, le Dream time)» Tant que je sais que je suis folle, je ne le suis pas...

Mon amie Monique m'a partagé une réflexion bouleversante sur cette dualité que je vis. Mais je ne suis pas unique sur terre. Place aux autres, aux indécis, aux réservés, aux timides chroniques, aux silencieux malheureux, aux solitaires, aux insulaires et à tous ceux que j'oublie.

Oui, je me bats et chaque jour. La (GAME) n'est pas facile, mais je m'accroche. La luge déboule et j'y suis assise. Raconter la saveur d'un moment en 20 lignes, et pourquoi pas. Je me raconte, je me confie, je fais confiance, j'ai tissé une relation fiable avec mes pixels d'amour. Je terminerai par cette phrase qu'on peut lire dans (Love anticorps) qui, en fait n'est pas de moi, mais du film éponyme. «On achève bien les chevaux.» J'espère sincèrement ne pas trop souffrir avant qu'on m'invite à vivre le Tjukkurpa.

+++ Sophie 

Roseau sous vent de mer

Risque ce goût amer

D'un étang solitaire

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MONTRÉAL-NORD - 20-11-2015
22h00/QUÉBEC – 4h00/FRANCE

alô Dolotarasse

oui je connais, mais je n'ai pas de scénario préétabli, j'utilise ce que je vois, ce que j'entends et surtout ce que je fabule tout comme l'histoire de Peter Pan. Oui, l'approche surréaliste, je laisse les choses se produire. Je délire et j'avoue que c'est jouissif et très auto-thérapeutique. Castratrice, femme aimante, insoumise, entêtée, affolée, idéaliste, curieuse, sensuelle, craintive. Bon ma rhétorique ne porte pas de nom.

je ne crache pas sur la structure et bien au contraire. Mais que veux-tu, je fais dans le débridé. Je m'assois et je tape. Hop, une histoire surgit. Elle prend des tangentes inattendues, je laisse aller. Mais je crois que c'est ce qui fait son charme. En me relisant, je constate que ma personnalité s'organise autour de points de repère. Je suis une fille sans limites, (avec humour ici.) Je ne m'autocensure pas. Bien, on aime ou on n'aime pas. Mais j'apprécie beaucoup Almodovar, tout comme toi Dolotarasse. Alors, nécessairement, tu retrouves dans ma (qualificatif au choix) quelque chose où tu te reconnais. Volver demeure une grande réussite. D'influence Polanskienne dans (faire tout avec peu) le locataire etc. J'adore ce film dans ces jeux avec la réalité. Le jeu de Pénéloppe y fait pour beaucoup. J'aime quelques films de Felllini dont Amarcord (le plus accessible.) Ce que ce scénario est totalement fou, mais c'est ce qui fait sa force. J'ai compris dernièrement que Fellini, entre-autres, désirait déstabiliser et impliquer le spectateur, normalement paresseux et nourrit à la cuillère de BB. Ce n'est pas Spartacus ou Blanche neige. Le symbolisme à se creuser la tête, à éveiller la curiosité et le (grand) questionnement.

bon je m'étends. Je ressemble à une jouvencelle qui tente de justifier son expression. Mais rassure-toi, on me casse difficilement (ce n'est pas dit méchamment, juste une capacité à ajuster le tire), alors tu peux te permettre :---))) c'est plutôt gentil toute cette conversation. Ça me permet de réfléchir, ce qui n'est un mal en soi, tenant compte de ma personnalité un peu, beaucoup, excentrique. Tu aimes la description de l'automne. Pourtant, je le sens comme un délire. Donc question : où débute et se termine (le délire) ? Autre question : qu'est ce que (le délire) ? Est-ce que le délire se définit nécessaire en utilisant un comparatif antithétique. Charlot délirait. Et au final, pourquoi ce journal existe-t-il, en admettant que ce ne soit pas pour drainer des gens sur ma page.

parallèlement, j'aime aussi les COM-ROM et les trucs à l'eau de rose. Ça me fait pleurer et rire à la fois. Je n'ai guère eu le temps de jouer à Barbie dans ma jeunesse. Mon discours de ce soir démontre bien que, pour une fille de 26 ans, je semble en avoir 10 fois plus. Peut-être me laisse-t-on vivre ma folie, un peu celle qu'on m'a dérobée. Ma santé mentale n'aide pas trop du même coup. Ça y est me voilà à jouer la carte de ah mon dieu! (non pas dieu, n'importe qui d'autres.) Je ne sais plus trop où j'existe, entre deux notes, deux mots, deux répliques ou mes échanges avec d'autres. Je crois aussi que : D'amour et d'acier se résume à tout ceci ; Laisser sortir un grand quelque chose...

ça me donne l'impression que ce sera ma page de journal pour ce soir. Voilà très exactement là où André se culpabilise, et où j'essaie de contrer tout ça. Mon père et mes amis ne désiraient pas que je devienne une espèce de bête de cirque. Mais, je crois que je m'en tire assez bien tout de même. Je rigole, c'est au moins ça de pris. J'aurai toujours une vie débridée comme celle-ci, c'est ma tasse de thé. Par contre, j'essaie de m'amuser, de profiter de mes solitudes et de faire des gaffes^^

alors conclusion, y'en a pas. Peut-être une demande spéciale : Lisez les Bounty hunter! J'ai tant de plaisir à les écrire, tout comme ce journal. Non, non, ce n'est pas une obligation et je n'en mourrai pas. Par contre, ces textes contiennent quelque chose d'autre que de l'action pure et dure. Il plane de l'amour au travers de tous ces bruits de moteur.

Alors Dolotarasse, c'est un plaisir. J'aime bien qu'on me confronte et tu les fais avec beaucoup de respect et de (???) J'apprécie vraiment. Un gros bisou à toi.

Donc, Sophie de retour au grenier avec un Flox ronfleur, on se parle possible demain +++ Bises So

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MONTRÉAL-NORD - 19-11-2015
21h35/QUÉBEC – 2h35/FRANCE

Il approche les 0 degré. Le lac se cambre de plus en plus. Des odeurs de morts m'entourent et j'en suis vraiment retournée. J'ai reçu une enveloppe (message) aujourd'hui me disant qu'il fallait regarder du coté de ces pays où il meurt une personne aux 10 minutes. Pays sous-développés, ce qui, implicitement, signifie que nous faisons toute une boulette concernant ces derniers attentats.

Bien entendu, les gens conscientisés, donnent et militent pour ces disparités sociales, mais ma réplique devient cinglante à ce moment. Ma riposte fut tout de même correcte. On s'occupe de son enfant avant celui de notre voisine et c'est normal. Alors je m'en gave de ces échappatoires où on nous dit : Non, mais regarde ce qui se passe ailleurs, ici, c'est de la (gnognote.)

Alors, tout naturellement, dès le lendemain, je me rends militer pour la faim dans le monde et me rallier à OXFAM, le temps que ma famille participe à l'exhumation du corps d'un bambin du quartier de 7 ans. Alors là, il faut m'expliquer, parce que ça devient confus. Ce n'est pas le miens, rien à cirer de tout ça. Ma solidarité ne s'exprime que pour les grandes causes mondiales, (Vian chantait Je suis snob...). Un petit mort ici et là, de temps à autre, dans ma ville, c'est acceptable, surtout que mon gouvernement s'est joint à une dénonciation du terrorisme dans le monde, Oh la bourde.

Un bonhomme que je n'aime pas a dit un jour : Rendez à Dieu ce qui revient à Dieu et à César... Donc, attendons une prise d'otage du tout Paris et là, possiblement, que le problème méritera un certain intérêt. Non mais, lorsque je pense à nos alliés francophones, trop occupés à participer à ces rencontres huppés pour les (GRANDES) causes humanitaires, j'ai la trouille comme à la belle époque de Montcalm. Oui, je garde mon calme.

Heureusement, il s'agit d'une petite fraction snobinarde de la France, son Ku Klux Clan abominé. Je crois sincèrement que l'individu demeure au sein de ce mélimélo. Offrons-leur donc les moyens de «donner», éventuellement et avec confiance à OXFAM.

En attendant cet imminent génocide, je vous invite à écrire. Un texte nous présentant ce 13 novembre, tel que vous l'avez vécu et à notre manière. Une journée «des souvenirs.»

Bise d'un Québec triste xxx +++ Sophie de Lîle

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MONTRÉAL-NORD - 18-11-2015
0h05/QUÉBEC – 6h05/FRANCE

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On peut m'expliquer ce qui se passe présentement. L'humain assassine l'humain et pour des raisons qui demeurent, constamment, obscures. De toute manière, il n'y a pas d'excuses.

Je vais, tenter, de couper court à mes sempiternelles pirouettes et réfléchir, aussi triste qu'une pierre ayant vécu des millénaires, à cette tragédie. Des morts, des blessés, des gens sous le choc, une nation confuse et une peur latente qui se palpe. Je ressens de la colère, beaucoup de colère. Sur mon île, je viens en aide à de petits animaux, au moment même où des familles parisiennes vivent la terreur. Aujourd'hui, demain et pour des années, les familles vivront l'absence. L'absence d'une mère, d'un père, d'un enfant et tant. Je «NOUS» offre des condoléances, vain mot, je préfèrerais un Uzi et des cibles à abattre. Ma colère s'additionne à mes autres colères. C'est épouvantable il n'y a pas d'autres mots. De plus, nous endurons ce sentiment d'impuissance qui nous ravage tous.

Pleurer ne répare rien et ne ressuscite personne. Oui abattre. Mais alors nous perpétuons le cycle. Nous ne sommes pas des terroristes dans l'âme et le cœur. Seulement, qu'est-ce qu'on fait, individuellement ? Comment vivre notre colère, parce qu'elle ne peut qu'exister. Oui, la crainte nous rend vulnérable et farouche. Nous sommes un pays en paix. Nous avons déjà payé le gros prix. Les anciens le savent, mais ne peuvent plus en témoigner. 

Maintenant «jesuisfrançaise», je me réclame de ce droit. Vous mes amies et amis que je côtoie depuis plusieurs mois, chaque jour, vous m'êtes chers et précieux. Oui de mon île (Cerise) il y a un téléviseur ici, et tant Évelyne que moi demeurons d'une très grande tristesse devant cet intolérable et cet impitoyable. Quoi faire maintenant. Je parle de nous individuellement. Le terrain appartient aux militaires, mais nous demeurons les principaux concernés, les acteurs silencieux.

Il me vient cette idée, nos mots, ceux utilisés chaque jour, ont un rôle à jouer, ici. Alors, je nous mobilise pour ce jour demeure graver dans des centaines de textes. Je vais écrire pour qu'on se souvienne et longtemps.

Écrivons pour nous et les autres. Un pouvoir qu'on nous a donné, qu'on nous a confié et qui doit, justement, se mobiliser et exprimer pour tous nos misères et nos chagrins. Pour les quelques personnes qui lisent ce journal! Mobilisez vos amis, vos contacts, tous, et écrivons ce jour. Écrivons pour tous. Nous y voilà. C'est le moment...

Je décrète une mobilisation générale et un investissement de nous tous. Je désire que mes pays se souviennent de tout, et pour toujours.

Évelyne et moi, improviserons une musique. Nous jouerons tant que nos doigts nous le permettrons. Vive la France et le Québec libres et en paix, ainsi que les peuples de la terre. Pensons à demain, à nos enfants, à leur survie et surtout, à une vie heureuse...

«Jesuis-là-et-française» Posons ce geste, POSONS-LE.

Sophie, d'une grande tristesse, en rage, mais toujours avec vous. Si bonne journée est possible, alors je vous la souhaite. 60 millions de bises +++++++++++++++

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MONTRÉAL-NORD 20-11-2015

12h00/QUÉBEC – 6h00/ FRANCE (Quel joli prénom :-)

Voilà quelques jours que la température se maintient sous la barre du 0 degré Celsius. Après insistance, Flox me suit. Une journée venteuse et, lentement, l'automne disparait sans me dire où il va. Ça m'attriste de les voir mourir ces gentilles saisons et, de plus, de ne pas assister aux funérailles.

Swager, cet éternel chevalier à la table, pardon... tête dure comme un chêne en rut, s'est proposé pour me ramener à la maison, ordres d'André m'a-t-il affirmé. J'ai une envie folle de l'égorger, mais, nous savons tous, que c'est parce que je l'aime... comme un frère et... je vous pris. Comme je ne perds jamais les pédales sauf une cinquantaine de fois par an. Je négocie. Sa dernière nuit sur l'île, mais... à une condition, S...... et C...... il accepte, le pauvre. De plus, je deal une romantique : « The proposal » drôle à souhait et mettant en vedette, Sandra Bullock et ce très cher Hugh Grant. J'attends quelques cinq minutes et il accepte. Ce que personne ne sait, c'est que Swager adore les COM-ROM, mais il pleure à tous coups. Alors ça donne un curieux mélange, la ricaneuse et le pleureur. Si je tente de le consoler, il pleure davantage. Alors je laisse J'ajoute toujours un peu de S...... dans son choco. Ça le détend. Malgré que Julie lui manque et qu'elle se veut une parfaite confidente pour lui, c'est avec moi qu'il jette son dévolu... enfin pour le cinoche... Zut alors.

Jamais je ne vous ai parlé de Swager, ni de personne vraiment. Bien, je dirai ce pourquoi Swager pourrait m'étrangler. Mon demi-frère n'est autre qu'un hacker. Mais attention un blanc et ça fait toute la différence. Mais, comme dans toute bonne histoire, Swager a dû débuter. Il va vers ses 28 ans. Donc, il s'agit d'une confidence et je vous prends au mot, mon frangin... non ça ne va pas, mon grand frère, comme, comme, comme... oui vous l'aurez deviné... Du noir au blanc, tout d'un coup. Un exploit. Aujourd'hui, il fait partie des white hackers. Avec son groupe, on l'engage pour dénicher des brèches dans les systèmes de sécurité de compagnies financières, banque et autres. Sa petite entreprise se compose déjà de 11 employés, l'incluant.

Un jour il m'a fait une démonstration et je l'ai même aidé, semble-t-il. Nous arnaquions une banque de renom, je ne peux que taire la source. Génial le truc. Un peu comme Tomb Raider. Nous nous promenions dans des tunnels informatiques, bourrés de petites bibittes horribles. Droite, gauche, droite et droite de nouveau, vous comprenez le principe. Objectif : «transférer plus de 800 000 euros dans un compte privé d'Haïti... tiens je n'y suis jamais allée. Mais il faut montrer ses nichons et ça me gêne, j'oublie le truc. Swager est en difficulté et je dois le sortir du pétrin. Il me transmet le liquide sous pression le « Crivion » de son cru et me voilà à bombarder ces immondes créatures. Swager, enfin le Swager informatique s'écrase, je suis seule format informatique aussi. Alors deux missions à accomplir : Sauver mon frère et transférer le fric. Débute le périple. J'ai un plan d'intégrer au cerveau. Ils sont trop nombres, les Fryios. Je me terre dans entre l'angle des deux murs. Swager à mes pieds, bon sang ce qu'il est lourd. Je m'empare de ses munitions et j'arrose il en tombe des milliers, mais il en réapparait autant. Je suis débordée. Tout à coup, tout juste avant de me faire dévorer par ces bibittes immondes, j'entends : ennemi repéré et maitrisé et sans arrêt. Swager se relève et nous rend notre forme humaine ou quelque chose comme ça. Je lui annonce que nous avons perdu et il se cambre de rires. Je le gifle et il se défonce. Tiens faudra que je révise ma technique.

— Mais non, me confit-il, j'ai développé les Fryios comme agents pouvant gérer tous les attentats. Voilà, mission accomplie.

— Et les 800 000 euros pour Haïti, Swager ?

— Bien, nous venons de sauver la situation

— Tu veux dire que je me suis pratiquement fait tuer pour perdre ?

— Oui c'est un peu ça, Sophie.

— Merde, tu aurais pu m'le dire, J'ai dû me défendre, seule, contre toute cette invasion et puis nos vacances, les billets devaient être transférables... je sais pas, l'île Martin, New York, j'ai toujours rêvé y mettre les pieds. Et, Disneyland, tu as songé à Disneyland, mais c'est incroyable tout ce que je rate. Allez, Swager, on s'offre une autre partie!

— Le voilà à rigoler comme un malade... oui un malade. Il me ramène sur terre assez rapidement. Je réalise ma bévue et j'en rougis. Je lui tombe dans les bras en pleurant, et pour vrai, je vous dirai... toujours prévenant, il m'offre une glace à la pistache, ce que je suis heureuse. Nous sortons, il fait un terrible soleil chaud-chaud.

Bien ce fut une première expérience de hackeuse. Le voilà qui arrive. Je l'accueille tout sourire. Il me remet la marchandise de contrebande et des chips en surplus. Il a un creux, je lui sers le risotto de Cindy, un véritable velouté. Je lui offre un scotch et il refuse. Je lui prépare un choco et du coin de l'œil, il me voit bien ajouter la dose de S...... il ne bronche pas. Il cache quelque chose et ça m'intrigue. Je réussis à voir qu'il s'agit de larmes artificielles. Ce que je me marre intérieurement. Risotto à la main et moi portant la contrebande, je nous jette quelques coussins au sol, j'ajoute une buche et je copie le film sur la USB. J'ouvre le poste. J'insère la clé et le film démarre. Je regarde Swager, heureux comme un petit poulain, galopant pour la première fois. Je pose la boîte de tissus mouchoir entre nous deux. Je me sers un verre, je m'allume un Davidoff et je prépare les chips. Swager, pratiquement insulté, me demande de respecter le silence. Alors là, c'est la meilleur.

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