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Journal d’un dégonflé, tome 2 : Rodrick fait sa loi, Jeff Kinney, éditions du Seuil Jeunesse
La Bibli De Momiji
Greg est un jeune ado qui a la vie dure. Heureusement, il a son carnet de bord à qui il peut tout confier. Et il se trouve qu’il a passé un été horrible.
Greg est un jeune ado qui a la vie dure : il doit non seulement supporter un grand frère heavy metalleur, Rodrick, mais aussi un minus qui ne lui lâche pas les baskets et casse ses jouets. Ses amis ne sont pas les stars dont il rêve et ses parents sont à côté de la plaque. Heureusement, il a son carnet de bord à qui il peut tout confier. Et il se trouve qu'il a passé un été horrible. Rodrick est au courant d'un événement embarrassant qui a eu lieu pendant les vacances et il espère bien le faire chanter. Dire que leur mère veut tout faire pour les rapprocher…Greg a bien du souci à se faire !
J'ai trouvé ce livre sur l'étagère de la chambre de mon amoureux chez ses parents (oui, même quand on va seulement rendre visite à nos familles, je trouve le moyen de ramener à chaque fois des livres chez nous, pour venir les ajouter à nos bibliothèques, jouant à Tétris pour tout stocker). J'avais déjà entendu beaucoup de bien de la série Journal d'un dégonfléet du coup, tant pis, j'ai commencé directement par le tome 2. Et j'ai passé un excellent moment !
Si vous ne connaissez pas, foncez ! C'est un livre jeunesse, abordable dès l'âge de 8-9 ans je pense, mais qui fait rire les adultes aussi. Fille comme garçon, nous avons tous connu les troubles de l'adolescence, vécu des injustices de nos parents, de nos frères et sœurs (ou avons eu le sentiment que c'était le cas), et c'est avec beaucoup de tendresse que je l'ai parcouru.
Déjà pour la forme, ce roman graphique est construit avec les codes du journal intime (format, lignes, typographie reproduisant l'écriture d'un enfant, mais propre et lisible, je vous rassure) et l'accompagne d'illustrations qui viennent enrichir ou compléter le texte. Simple et épuré, il nous permet de nous immerger dans le cheminement de Greg et nous donne l'impression de tenir le stylo en même temps que lui. Cet aspect ludique séduit immédiatement de par son originalité et la proximité qu'il établit avec le lecteur. On a envie de le prendre en main et la fabrication soignée de l'ouvrage y participe : la couverture donne bien l'illusion d'un journal accessoirisé par son propriétaire (effet scotch reproduit par le vernis sélectif…) et les pages intérieures reproduisent bien le toucher de mes carnets d'enfance !
Pour le fond, Greg m'a fait rire car il est loin d'être un enfant parfait : pas très bon élève, tricheur par moments, égoïste et jaloux à d'autres, surtout envers ses amis, il s'épanche très facilement sur les malheurs de sa vie. Mais c'est ça qui le rend si réaliste ! On a tous connu un Greg, et à bien des égards, nous l'avons tous un peu été. A côté de ça, notre ado a des qualités, sinon on aurait vite envie de refermer le bouquin et de ne plus penser à ce morveux. Il sait reconnaître ses erreurs, nous touche à plusieurs moments et puis, il nous fait rire. On pardonne aux gens qui savent faire rire plus facilement leurs défauts.
Ce qui fait aussi la richesse et la dynamique de ce récit discipliné (Greg écrit avec une grande régularité je dois le souligner ! ), c'est qu'il n'est pas autocentré. Greg parle de son quotidien, de ses ennuis, doutes, frustrations, mais aussi de ceux qui l'entourent. On apprend à découvrir sa personnalité autant que celle de ses proches. La mère notamment m'a fait penser à Françoise Dolto, très axée sur l'écoute, l'épanouissement de l'enfant, soutenant son fils aîné même quand il répète tout le samedi après-midi dans le sous-sol avec son groupe, faisant écouter de la musique aux voisins, que ça leur plaise ou non. Rodrick, il nous rappelle à tous les groupes du lycée, qui espéraient un jour percer en jouant devant 30 potes. Le personnage le plus effacé – dans ce tome du moins – est le père, mais en même temps, on comprend que c'est un personnage discret, facilement irrité par les adolescents, par le manque de travail de son aîné et par la passion de Greg pour les jeux vidéo, alors qu'il préférerait le voir faire du sport !
Journal d'un dégonflé se lit en même pas une heure et je le recommande pour toutes les générations. Qui sait, il pourrait même encourager les vocations d'autobiographe ! De mon côté, j'ai hâte de parcourir les prochains.
Et pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus, le succès de la série est tel qu'un site web lui est dédié