JOURNAL D'UN SURVIVANT (5)
Victor Khagan
JOURNAL D’UN SURVIVANT (5)
NOTES SUR « L’ACTION » POUR UNE ÂME EN CULPABILISATION
Une première chose à voir est que nous n'avons absolument pas besoin de justifier en tout ce que nous faisons ou pas devant « tout le monde et notre père» ainsi que le disait justement Jean de la Fontaine. Cela semble essentiel de s'en convaincre.
Cessons donc de courir aussi pour aider les gens de notre entourage avant de penser à notre famille à qui nous nous devons. Tout cela correspond très probablement à une culpabilité que « des adultes » nous auront mise dans le crâne tout jeunes en guise d’éducation. Parlons plutôt d’élever nos enfants, de les aimer et de parler avec eux de tout lorsqu'ils en manifestent le besoin, sans négliger les instructions nécessaires à petites doses. Demandons-nous si nous ne recherchons pas « désespérément » l'amour de l’entourage (comme c'est fréquent et naturel mais nous ne devons pas être obligé-e/s de "payer" pour ça).
Notre vie ne doit donc pas "nécessairement" se résumer à donner des coups de main à gauche et à droite : beaucoup de gens ne demandent qu'à se décharger de leurs problèmes en les racontant, sans aller beaucoup plus loin (homéostasie).
Manifester de l'amour se fait dans les petites choses du quotidien, un sourire pour tout le monde, une simple question parfois et cela peut transformer le monde si tout le monde le fait. Tous les gens ne DOIVENT PAS devenir des Mère Teresa et tous les gens n'en ont probablement pas le temps.
Concernant notre cause, je tente de faire comprendre à quelques personnes, avec tact et précaution, que la pédocriminalité n'est pas une affaire de ce siècle ou du précédent : elle est ainsi depuis le début de "l'Humanité" très certainement. Il y a des millions de millions de victimes, tout autour de nous. Il faut, même si c'est dur, assumer ce fait car il fait partie de notre monde, comme beaucoup d'autres horreurs. Accepter la réalité n'est pas se résigner ni laisser tomber les bras ni regarder ailleurs sans rien dire.
Je pense d’ailleurs que les personnes qui s'énervent parce que nous en parlons, sont précisément des gens qui refusent la réalité et, en se fâchant, imaginent qu'elles vont sauver le monde. La remarque que je fais concernant la résignation prend sa place ici car, parallèlement à ce que je dis concernant la réalité, j'estime qu'il faut toujours rester positifs et combatifs comme état d'esprit. Parler n'est pas inutile : pourquoi le critiquer ? C'est en parlant et en écrivant que l'on obtient que les lois changent, c'est en parlant que l'on obtient l'attention des médias ou des politiciens ou des voisins qui acceptent la complicité du tabou, c'est en parlant que l'on amène des gens à comprendre où sont les limites à respecter qu'il s'agisse de sexe ou qu'il s'agisse de violence (ou les deux). C'est bon que nous parlions entre nous et tout le monde n'a pas le temps pour aider une, deux ou cinq personnes dans sa vie quotidienne.
Il est important que, en en parlant, nous puissions faire tomber les tabous et que les enfants puissent s'exprimer davantage sans crainte. Nous ne pouvons avoir l'orgueil de dire "je changerai le monde, Moi !" : nous le changerons entre toutes et tous, en parlant et en s'écoutant d'abord. Il est important de créer un courant, un flux qui portent nos paroles et nos actions vers des rivières et des fleuves de petites actions collectives puis, espérons-le toujours avec force mentale et une foi infinie, vers des mers et des océans de réformes et d'éducation.
Créer ces courants et ces océans s'est OSER PARLER. Il faut d'abord en être bien convaincu, lire, apprendre, écouter. Parler ou écrire n'est pas facile et n'est pas nécessairement un don mais un apprentissage qu'il faut VOULOIR.
Comment réussir une action sans savoir d'abord PARLER et dire correctement ce que d'autres devront écouter et entendre ? Aucune action ne s'organise correctement sans un discours adapté.
Ensuite, il faut cibler les actions en connaissance de cause et pour cela PARLER ENSEMBLE, dire et écouter. Les enfants, inéluctablement et petit à petit, vont en bénéficier : nous créons d'abord un climat, nous descendons dans la rue aussi pour le créer, nous nous affichons progressivement, avec chaque fois une plus grande assurance, c'est stratégiquement vital !! Nous le faisons en nous parlant entre nous, nous qui émergeons de notre vécu (c'est la parole qui nous aide à en sortir : celle des autres et la nôtre).
Attention aussi à ne pas mépriser ou prendre pour quantité négligeable les millions de personnes qui, effectivement, dans tous les pays du monde, tous les jours et dès potron minet, agissent auprès des enfants, les aident dans leurs handicaps cérébraux ou moteurs, les éduquent réellement, leur font faire du sport, les aident à sortir d’eux-mêmes, à s’exprimer physiquement ou verbalement et qui savent, l’air de rien lorsqu’il le faut, tendre une oreille « charitable » ou accorder un clin d’œil encourageant, et qui aussi, patiemment, d’une année à l’autre, avertis des problèmes de maltraitance, ont un sourire à offrir ou une main tendue en silence en attendant la nécessaire opportunité pour leur permettre un bond en avant ou une libération effective de toute dictature subie, par exemple, dans leur vie familiale…
L'Humanité a longtemps fait n'importe quoi en matière d'éducation et seuls quelques rares "philosophes" ont tenté de faire naître des réformes la concernant, tandis que de nombreux écrivains dénonçaient timidement certains cas de figure.
Notre siècle étudie enfin profondément la psychologie du développement. Nous nous scandalisons ENFIN de traitements qui ont été "habituels" sous tous les régimes. Il y a trop de souffrance et d'injustices mais une juste espérance d'avenir, concernant le respect dû à l'Enfance, pointe réellement le bout de son nez : parlons-en, poussons-la aux premières lignes de la Pensée Humaine, apprenons ENSEMBLE en la découvrant et en la faisant découvrir à d'autres, à tous, afin que ce respect continue à s'imposer chez nous et dans le monde entier.
Victor KHAGAN 2012