JOURNALISME ET DÉCADENCE

Robert Drabowicz

Le temps qui passe est un phénomène naturel qui conduit inévitablement de la vie à la mort. Rien de nouveau, dira-t-on… En attendant ce grand moment, une vie est rythmée par des faits de vie qui concernent d’abord celles et ceux qui en sont les principaux acteurs. Ensuite, l’évènement, sous réserve qu’il soit digne d’intérêt, fera l’objet d’une information plus ou moins importante dans divers supports. Le premier degré en est le cancan et les derniers degrés en sont la presse, la radio, la télévision.

À ce niveau-là, le public a affaire au journalisme dit « professionnel »

Né en 1948, j’ai connu le journalisme à une époque ou il était pur, simple, pragmatique, innovant, original, démarqué, indépendant, intéressant… et… et… mon Dieu, tant d’autres choses encore ! Aujourd’hui, le journalisme n’apprend plus rien au quidam, du moins plus rien de nouveau : cette essence même de l’intérêt journalistique. À la décharge du journalisme d’aujourd’hui, il faut concéder que les vrais grands patrons de presse ont peu à peu disparu. Ils ont été remplacés par des financiers. Ainsi, cette qualité essentielle, qui faisait du patron un entrepreneur avant toute chose, était condamnée à mourir aussi. L’information pertinente, dans le plus grand sens du terme, a sombré peu à peu, victime des contraintes financières générées par les statistiques. Évidemment, il n’en fallait pas plus à ces financiers de tout poil parachutés dans la presse pour s’en gaver et, s’en référant uniquement aux indices, infléchir le cours logique, normal, de l’information pour la mettre sous tutelle économique exclusive.

Le déclin du vrai journalisme est donc en cours : « on coule… normalement ! »

 Qui oserait prétendre aujourd’hui, qu’après avoir ouvert un tant soit peu son poste de radio dans la journée pour écouter les news de France info, apprendre quelque chose de vraiment nouveau en ouvrant sa télé le soir pour écouter le  J.T de 20 heures ? Assurément personne !

Oui, nous sommes bien dans « un relais d’information » ! Plus grave encore est l’insipidité croissante de celle-ci car les bonnes questions, celles qui intéressent vraiment, ne sont même pas posées, laissant le « désinformé » ainsi bête qu’avant et… sur sa faim !
Oui, l’heure est au journalisme de mode : cet évènementiel croustillant du moment, mis et remis au gout du jour grâce à l’imagination des uns et des autres (journalistes ou petits scribouillards en mal de sensation et de reconnaissance ?) et ressassé chaque jour avec un « Encore… » en ouverture. Puis il finira, lamentablement… comme la vie finit un jour : victime du temps, victime de la mort…
Oui, souvenons-nous de ces tristes moments pour nous, de ces grands moments pour eux : cette triste presse. La pédophilie des prêtres, les suicides chez France Télécom, les actes de violence commis sur le personnel enseignant, la violence devant les lycées, les accidents de la S.N.C.F, les traders malveillants… et tant d’autres choses parfois futile comme le dernier discours de Rama Yade sur le luxe entourant l’équipe de France de football et dont personne n’en a rien à foutre. Il aura duré, malgré tout, quelques jours.
Oui, la presse exploite ce type d’information outrageusement et nous le sert jusqu’à en vomir. 
Souvenons-nous : il n’y avait plus que des prêtres pédophiles en France. Souvenons-nous des suicides de France Télécom : quand il n’y en a plus eu, « ils » ont été jusqu’à rechercher « ceux » qui ont failli le faire, qui y pensent, qui y ont pensé, qui y avaient pensé. Tous les jours : un train déraillait ou avait failli dérailler ; un enfant était victime d’un pédophile ; la sortie d’un lycée était le théâtre de violences ; un prof se prenait une baffe… Puis tout disparaît comme par magie. Nada, macache, oualou : plus de pédés en France, les prêtres sont tous en rédemption, les trains roulent normalement, on est en joie chez France Télécom, les profs sont heureux, les traders sont honnêtes et l’équipe de France va gagner le mondial, ce qui justifie qu’on les dorlote un peu.

Ouais… de quoi savoir à l’avance ce que « Lolo Ferrari » va nous servir le soir avec son sourire béat d'oie contente.

Lamentable… la presse et sa « Ferme célébrité » nous prennent pour des veaux : merci « mon général ». Pendant ce temps-là, les vrais problèmes sont ignorés, occultés, passés à la trappe. Alors, je pose une question : la presse ; c’est qui c’est quoi ? ça sert (encore) à quoi ?

Bienvenue au XXIème siècle !


 

  • La presse sert à presser ... nous entrons dans l'air du tertiaire, la société de serre-vis. :-) Merci pour le rappel à l'ordre, restons vigilants, pour autant que nous soyons assez nombreux à l'être.

    · Il y a plus de 14 ans ·
    Mcs btndown orig

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